L'esthétique grunge des années 1990 est de retour. Des top models ultra maigres au teint blafard, des cheveux lisses, plats, comme des queues de rats qui encadrent un visage émacié, voire creusé… Soit des critères physiques qui sont, dans l’univers de la mode, souvent associés à la drogue. Cette tendance est apparue à l'époque en réaction à l’apparence «saine» de certains mannequins comme Claudia Schiffer ou Cindy Crawford.
La mode s’est ainsi mise à valoriser des personnalités aux physiques très éloignés de ces standards, comme avec Kate Moss. La Britannique a souvent été associée aux scandales, aux excès, aux fêtes avec les stars du cinéma ou les rockstars et à la consommation de drogues.
C’est aussi le cinéma des années 1990, où la drogue n’est plus un sujet aussi tabou qu’avant, qui a aidé à propulser l’heroin chic. On peut citer notamment Pulp fiction ou Trainspotting, deux films où des personnages prennent ouvertement de la drogue.
Depuis une décennie, on prônait plutôt les formes, les courbes, les hanches, les fesses, mises en avant notamment par la famille Kardashian. Mais comme avec n'importe quelle tendance, on finit par se lasser, et on jette les corps des femmes à la poubelle en même temps que son vieux jeans dans la benne à vêtements. Retour à la minceur, voire la maigreur.
Kim Kardashian se vantait justement d’avoir perdu sept kilos en à peine trois semaines pour entrer dans la robe de Marilyn Monroe l'an dernier à l'occasion du MET gala. Normalisant au passage le fait de maltraiter son corps pour entrer dans une robe pendant dix minutes sur un tapis rouge.
Les Kardashian ont d’ailleurs toutes «fondu» depuis quelques mois. Les sœurs, qui ont toujours été soupçonnées d’avoir eu recours à la chirurgie esthétique pour faire gonfler leurs fesses, ont manifestement décidé de changer de dressing, et par la même occasion, de postérieur.
Exit donc les courbes, place à la maigreur, but make it chic, make it heroin chic! Et même si elle est décriée, cette tendance est partout sur les podiums de la Fashion Week et dans les magazines, notamment depuis que le New York post a titré le 2 novembre Bye-bye les fesses, l’heroin chic est de retour. Un article largement repris dans la presse et depuis, de nombreux professionnels de la santé et personnalités s'insurgent, rappelant que les corps ne sont PAS des tendances.
Comme le révélait Vogue, malgré des appels répétés depuis des années à se battre pour davantage d'inclusivité dans la mode, les chiffres sont édifiants: lors des dernières Fashion Weeks automne-hiver 2023-2024 à Londres, Paris, New York et Milan, sur 219 collections et 9000 tenus analysées, ce sont plus de 95% de mannequins dont la taille se situe entre un 32 et un 36 qui défilent.
Si de nombreuses maisons de luxe continuent de faire défiler des mannequins très maigres, certains réseaux sociaux tentent de faire de la prévention. Sur Instagram, par exemple, quand on cherche le hashtag #thinspo, qui veut dire «inspiration minceur» ou «maigreur», un message d'aide apparaît.
Sur TikTok aussi, un menu similaire d'aide s'affiche lorsqu'on tape «thinspo». Les termes de recherche «heroin chic» ne plaisent pas non plus à la plateforme, qui répond:
Des mises en garde qui restent toutefois légères: si TikTok veut protéger sa communauté des recherches liées à «heroin chic», pour Instagram, pas de problème. Les utilisateurs tomberont sur des posts de jeunes femmes amaigries en sous-vêtements, couchées par terre, une cigarette à la main ou prenant de la cocaïne.
Pour rappel, le réseau social est connu pour censurer le moindre téton, mais ne semble pas s'offusquer de voir une jeune femme prenant de la drogue dans une salle de bain.
L'esthétique de cette décennie ne se résume, fort heureusement, pas à la prise de drogue qui conduit à la maigreur extrême! Tout comme les années 1990 ont porté Claudia Schiffer et ses petites joues roses ou la plantureuse Cindy Crawford, cette période a aussi mis en lumière des styles qui sont revenus sur le devant de la scène.
On peut citer le velours, qu'il soit côtelé ou non, les boots, comme les Dr. Martens (qui n’ont jamais vraiment disparu), à porter aussi bien avec un jeans qu’une robe. Mais encore les colliers ras-de-cou, les petites lunettes, le mom jeans, déjà en vogue dans les années 1980, la veste en jeans oversize… Plein de tendances mode sympas, empreintes de nostalgie et qui ne nécessitent pas de maltraiter son corps pour répondre à des critères esthétiques malsains.