Société
Cannes

Justine Triet reçoit la Palme d'or et critique le gouvernement français

epaselect epa10658789 French director Justine Triet winner of the Palme d'Or for the film 'Anatomie d'une Chute' (Anatomy of a Fall), poses during the Award Winners' photocall ...
Récompensée pour son film Anatomie d'une chute, Justine Triet est la troisième femme à recevoir la Palme d'or.Keystone

Justine Triet reçoit la Palme d'or et critique le gouvernement français

Lauréate de la Palme d'or samedi à Cannes, la cinéaste française Justine Triet a critiqué son gouvernement lors de son discours. La ministre de la Culture s'est dite «estomaquée» par les accusations.
28.05.2023, 09:0528.05.2023, 11:31
Plus de «Société»

Justine Triet a remporté samedi la Palme d'or pour Anatomie d'une chute, la troisième jamais décernée à une réalisatrice. Elle a profité de la tribune pour lancer une attaque contre la politique du gouvernement français sur la culture et les retraites.

La cinéaste de 44 ans succède à Jane Campion (La leçon de piano, 1993) et Julia Ducournau (Titane, 2021), confirmant le lent mouvement vers l'égalité dans une industrie du cinéma historiquement dominée par les hommes.

En recevant son prix des mains de Jane Fonda, Justine Triet a vivement dénoncé la manière dont le gouvernement français avait «nié de façon choquante» la protestation contre la réforme des retraites.

«Ce schéma de pouvoir dominateur, de plus en plus décomplexé, éclate dans plusieurs domaines», a-t-elle ajouté, estimant que le pouvoir cherchait aussi à «casser l'exception culturelle sans laquelle (elle) ne serai(t) pas là aujourd'hui.»

La ministre «estomaquée» par le discours

Réplique immédiate de la ministre française de la Culture, Rima Abdul Malak. Sur les réseaux sociaux, elle s'est dite «estomaquée par son discours si injuste»:

En conférence de presse, Justine Triet persiste et signe, critiquant une «tendance qui va vers la rentabilité» des aides publiques au cinéma, et pointant le danger que ces aides aillent aux «plus gros films» au détriment du cinéma de création indépendant. Elle a poursuivi:

L'exception culturelle «est née sur l'idée de non-rentabilité du cinéma. Ça nous est envié dans le monde entier et ce n'est pas pour rien»

Les films français plaisent aux jurys internationaux

Sur le plan artistique, ce nouveau couronnement d'une jeune réalisatrice française témoigne du succès des réalisations tricolores dans les festivals internationaux, avec le Lion d'or remis à Audrey Diwan en 2021 à Venise pour L'événement et l'Ours d'or en février à Nicolas Philibert pour Sur l'Adamant.

Le jury, présidé par Ruben Östlund et où siégeait également Julia Ducournau, a choisi un film (dans les salles françaises le 23 août) qui raconte le procès d'une veuve (Sandra Hüller) accusée aux assises d'avoir tué son mari. L'occasion de disséquer les dynamiques de pouvoir au sein d'un couple d'artistes aisés et d'exposer les préjugés sociaux auxquels se heurtent les femmes indépendantes.

Il a également envoyé un message contemporain sur l'effroyable banalité du mal, en donnant le Grand Prix à Jonathan Glazer pour The zone of interest, sur la vie quotidienne du commandant nazi d'Auschwitz, une œuvre radicale.

L'actrice turque Merve Dizdar a dédié son prix d'interprétation dans Les herbes sèches de Nuri Bilge Ceylan «à toutes les femmes qui mènent une lutte pour surmonter les difficultés existantes dans ce monde». Le Japonais Koji Yakusho a reçu le prix du meilleur acteur pour Perfect days de Wim Wenders.

Des stars et des polémiques

Ce palmarès met un terme à la 76e édition, présidée pour la première fois par Iris Knobloch, ancienne de Warner. Elle fut marquée par des polémiques sur le come-back de Johnny Depp, après ses procès pour diffamation autour d'accusations de violences conjugales, par une présence en force du cinéma du continent africain et des réalisatrices, au-delà de Justine Triet.

Cette édition a aussi été une nouvelle démonstration de la lune de miel entre Cannes et Hollywood: en douze jours, le tapis rouge aura accueilli Martin Scorsese, Leonardo DiCaprio et Robert De Niro (pour Killers of the flower moon) ou encore Harrison Ford, venu faire ses adieux à Indiana Jones. Quentin Tarantino et Roger Corman, 97 ans, l'un des doyens du cinéma américain, étaient également sur scène samedi soir.

Quant au long-métrage de clôture, le Festival renoue avec la tradition de programmer la dernière création des studios Pixar, rachetés par Disney: le film d'animation Elémentaire, qui sortira en juin, a été présenté en avant-première mondiale après la cérémonie. (sas/ats)

Le red carpet du festival de Cannes 2023
1 / 21
Le red carpet du festival de Cannes 2023
C'est pour un spectacle de patinage artistique?
source: ap invision / scott garfitt
partager sur Facebookpartager sur X
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Pourquoi l'IA change l'approche des auteurs de pédopornographie
L'intelligence artificielle (IA) crée de gros problèmes à la Protection de l'enfance, annonce sa directrice.

L'intelligence artificielle (IA) modifie la création de matériel de pornographie enfantine, alerte la directrice de la Protection de l'enfance.

L’article