Oui, je sais. Trop d'informations. Des zizis mutants, des statues aux petits kikis et des grosses bagnoles compensatoires dans la même phrase, ça fait beaucoup à encaisser. Laissez-moi vous déballer tout ça.
Nous disions donc, en trente ans, les pénis ont pris trois centimètres, et normalement, après avoir lu les résultats de cette méta-analyse, les détenteurs d'un pénis particulièrement long risquent de moins se vanter dans les discussions de vestiaires.
Une nouvelle étude comparative publiée dans la revue The World Journal of Men's Health démontre que la longueur moyenne du pénis en érection a grandement augmenté au cours des trente dernières années: +24%, toutes tranches d'âge confondues. Ce sont 75 études, réalisées entre 1942 et 2021 sur 55 000 hommes à travers le monde, qui ont été compilées. Les pénis, qui mesuraient en moyenne 12,3 centimètres en 1990, atteignaient en 2020 environ 15,2 centimètres. Et c'est une nouvelle plutôt alarmante d'un point de vue sanitaire.
Selon les scientifiques, plusieurs raisons peuvent expliquer cette explosion phallique, notamment l'arrivée de plus en plus précoce de la puberté chez les garçons. La sédentarité, l'obésité, la pollution, la malbouffe et diverses substances (allant des pesticides aux produits d'hygiène) qui perturbent les hormones peuvent aussi justifier cette taille moyenne de pénis accrue. En revanche, la circonférence ou la longueur au repos restent inchangées.
Doit-on se méfier des phallus qui rivalisent avec les colonnes du Parthénon, signe d'un pénis nourri au fast-food et arrosé au glyphosate? Faut-il mieux célébrer (ou en tout cas, mieux déstigmatiser), comme dans la Grèce antique, les petits zizis?
Feu jadis, le corps était déjà célébré, mais différemment par rapport à notre curieuse époque. Les Grecs faisaient du sport dans le plus simple appareil et de nombreuses statues rendent hommage à ces athlètes nudistes. Certains de leurs traits physiques étaient d'ailleurs exacerbés... ou rétrécis.
Ainsi, les statues comptent souvent plus d'abdominaux que n'en possède le corps humain, mais moins de côtes. Idem pour les pénis, représentés au repos et plus petits que dans la réalité, car chez ces anciens Grecs, la virilité d'un homme se mesurait à sa capacité à se contenir, à dépasser sa bestialité.
Les gros pénis ou les pénis en érection représentaient les monstres, les barbares, les esclaves. Une vision du monde qui a perduré à l'époque de la Rome antique, et même jusqu'à la Renaissance, avec notamment le célèbre David de Michel-Ange, lui aussi doté d'un tout petit oiseau.
Sauf qu'avant d'en arriver à valoriser, comme les Grecs, les «petits oiseaux», il y a encore de la route. Selon une étude réalisée à l'University college London, il y a bel et bien un lien entre la taille d'une voiture et celle du pénis de son propriétaire.
C'est sans doute à cause de cette surreprésentation de la virilité phallique dans nos sociétés «modernes» que ces messieurs font un fromage de leur saucisse, qu'on parle encore de «concours de bites» lorsqu'un combat de coqs s'engage, ou qu'on continue de croire qu'une pompe à pénis à cent balles ou des petites pilules magiques peuvent augmenter la taille de Popol.
De toute façon, pour rencontrer de grands pénis, ça n'est pas sous nos latitudes (à quelques exceptions individuelles près) qu'il faut chercher. Direction l'Equateur pour les phallus les plus pharaoniques: 17,6 centimètres en moyenne.
En revanche, les hommes n'y mesurent «que» 167 centimètres. Les hommes les plus grands du monde (au moins 180 centimètres) sont tous en Europe, mais avec des sexes plus petits. On ne peut pas tout avoir.
Sur une note un peu chauvine, on peut aussi considérer, au vu des résultats alarmants de l'étude, que ce n'est peut-être pas grave de ne pas caracoler en tête du classement.
Les zizis made in Switzerland, par exemple, ne mesurent en moyenne «que» 14,3 centimètres. Ont-ils été correctement nourris, épargnés par la malbouffe et les pesticides ces trente dernières années? Vivement la prochaine étude phallique pour le savoir.