Marc et Nadé Blata sont mariés, exilés, exposés, adulés, blindés et... désormais embourbés dans des ennuis judiciaires.
Une plainte collective, qui vient de débouler comme un gros nuage dans leur joli ciel Swarovski, pourrait flanquer un sacré coup de mou aux micmacs financiers de ceux qu'on surnomme les «Balkany de Dubaï» (en mieux gaulés).
L'anticyclone judiciaire a soufflé très fort le 21 janvier dernier. Et la tempête AVI, pour «Aide aux Victimes des Influenceurs», compte bien tout emporter sur son passage. En accusant le couple d'escroquerie en bande organisée, ce collectif a de quoi reléguer tout un microcosme de pourvoyeurs de pognon facile sous les décombres du monde désormais chahuté de l'influence.
On parle quand même de plusieurs millions d'euros et de plus de quatre-vingts victimes du «Blata Gang». Du quoi? Une sorte de chausse-pied pour boursicoteurs en Air Max, qui grouille sur Telegram mais se pomponne sur Instagram. Un biz aujourd'hui suspecté de n'être qu'une arnaque bancaire déguisée en coaching bancal. Les plaignants? Des gamins un peu naïfs (pour la plupart) qui rêvent de quitter le bitume hanté par Pôle Emploi, pour rejoindre l'insouciance moderne en deux clics.
Comment passe-t-on du «Blata Gang» à la «Blatarnaque»?
Tout tient à un fil et les deux amoureux l'ont toujours su. Faire miroiter quelques biffetons sans avoir à quitter son iPhone, c'est séduisant, mais moins dangereux depuis Dubaï. «Les cryptomonnaies, les NFT et le copy-trading ne sont pas des escroqueries. Ce sont des investissements plus ou moins risqués», juraient-ils sur leur portefeuille, en 2021.
Les emmerdes ne datent pas d'hier.
Booba, en guerre bruyante contre ce qu'il nomme les «influvoleurs», ne lâche pas Marc Blata d'une transaction depuis plusieurs mois. Quelques plaintes isolées s'étaient aussi frayé un timide chemin entre les buildings vitrés de Dubaï. Mais jamais de quoi faire bégayer le gourou baraqué et son baratin de clip de rap.
Car l'empire Blata est bien réel. Le couple aux sept millions d'apôtres sur Instagram insuffle depuis 2018 un développement personnel dans l'air du temps: pensé out of the box, taillé sur la réussite éblouissante, moulé en banlieue et dédié aux «frérots», à «la mif». Du flan, mais qui se mange sans faim.
Quand Marc promet l'opulence express, accoudé sur une énième bagnole de sport, c'est une revanche sur la vie qu'il refourgue. Quand sa Nadé tape la pose en naïade du succès, c'est pour montrer le chemin. A celles, nombreuses (c'est pratique) qui ont l'intime conviction d'être confinées dans le restoroute crasseux de l'existence. Des valeurs non seulement sûres, mais diablement rentables.
Dubaï est une terre promise, mais parfois un peu à l'étroit, entre eldorado économique et désillusion identitaire. La Française, qui a grandi «remplie d'amour» à deux ailes d'avions de Roissy, en est certaine:
Pour les Blata, qui flirtent aujourd'hui avec la quarantaine (dans tous les sens du terme), les prétextes sont décidément infinis pour gratter un peu d'attention et un maximum de pognon. Mais avant de draguer le follower avec le copy-trading (reproduire les positions des traders expérimentés), Marc a bien dû se faire une gueule et... un autre nom. Blata? Une «expression judéo-arabe qui signifie sans-gêne», nous apprend Le Parisien.
Il faut zapper sur W9, en 2011, pour tomber sur les premières traces de cette ambition narcissique démesurée. Encore inconnu, Marc Singainy Tevanin se remet d'une carrière musicale inexistante et survit grâce à une affaire de location de bagnoles. Il s'engage alors à séduire «la Belle et ses princes presque charmants» devant les caméras.
C'est une fois défloré par le grand public que notre homme rencontre Nadira Brik Chaouche. La tante de sa future épouse cherchait un DJ et lui du boulot. Simple, basique. Car Nadé n'est encore qu'un bookeuse de candidats de télé-réalité quand le coup de foudre les terrasse. Le mariage, lui, déploiera ses promesses deux ans plus tard. Et deux bambins suivront. 2019, fuck le Val-d'Oise et plein feu sur Dubaï, «puisqu'on est littéralement rackettés par les impôts en France».
Soudés et très amoureux, c'est depuis cette nouvelle vie de famille coquette et cossue qu'ils écriront leur propre règle du «je» et deviendront riches. De la télé-réalité, Marc gardera une passion pour ce qu'il appelle «ses croustis». Des petits potins de stars et des polémiques montées comme des jantes sur un Hummer. Tel un barde des temps modernes, il promettait notamment de «casser internet» avec des révélations sur le frère de Pogba. Récemment, il a aussi incité Booba (encore lui) à publier la sex-tape d'une Genevoise.
Aujourd'hui cernés par la réalité (comprenez: les lois françaises et deux plaintes au cul), le couple Blata tente par tous les moyens de resserrer les rangs et contenir la débâcle.
De ces récentes accusations d'escroquerie en bande organisée, Marc en fait pour l'instant un peu surprenante «fierté». Dans une story publiée également sur Instagram, l'influenceur se moque des 80 plaignants, sur plus de «19 000 personnes qui ont fait des affaires dans le Blatagang».
Les «Balkany de Dubaï», bras ouverts devant leurs millions de fidèles, sont formels: «On n'arrêtera jamais de vous faire avancer dans vos vies.» Sauf si la justice, cette enquiquineuse, en décide autrement.