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«The Idol»: notre critique sur la série polémique

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La nouvelle série «The Idol» est plus ratée que scandaleuse

Lily-Rose Depp a raison quand elle dit que la série «ne convient pas à tout le monde». A force de polémiques annoncées des mois avant sa sortie, le premier épisode, diffusé aujourd'hui sur RTS, est un gâchis. En vendant de la provoc' comme de la junk food, The Idol est coupable d'une paresse impardonnable.
05.06.2023, 18:5606.06.2023, 06:51
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Leila, amie et assistante personnelle beaucoup trop dévouée, patauge en expliquant à l'entourage de la chanteuse Jocelyn (Lily-Rose Depp), ce qu'est un bukkake. Alors que la photo qui s'est fait la malle sur les réseaux sociaux, cinq minutes plus tôt, n'est qu'une simple éjaculation faciale sur le visage de la pop star. La scène est joyeusement grinçante et le jeu de l'actrice, Rachel Sennott, est incroyable de justesse.

C'est elle, Rachel Sennott:

Image

The Idol, du moins son premier épisode diffusé ce lundi 5 juin sur RTS (enfin!), effleure du bout des ongles la possibilité d'une satire en or massif. L'histoire d'une jeune star de la pop qui, sortant tout juste d'une dépression nerveuse et d'une annulation de tournée, cherche à retrouver le chemin du succès. Le sujet est délicat, actuel, passionnant. On pense, notamment, à Stromae. Il ne manque pas grand-chose à cette série qui aligne les cris d'effroi depuis des mois, pour qu'elle soit une provocante réussite.

Hélas, le cinéma, c'est comme la cuisine: il ne suffit pas d'acheter du pecorino et du ganciale pour être en mesure de servir une (bonne) carbonara.

Mais revenons plutôt au bukkake. Car la scène regorge de ces petits ingrédients propres à toute série américaine de qualité. Enfin, revenons surtout au tsunami que l'événement soulève dans ce premier épisode. Nous sommes dans la propriété de Jocelyn. Ou Joss, pour les intimes (toute la planète, à vrai dire). Alors qu'elle offre lascivement son corps aux objectifs, se cambre, gémit, grimace et danse à moitié à poil, son agent se charge d'enfermer dans les toilettes le «coordinateur d'intimité», seule incarnation moderne de la décence sur les plateaux de tournage. Sur ordre de la star elle-même.

Le contrat est pourtant formel: OK pour dévoiler le contour des seins, mais exclu de laisser s'échapper ne serait-ce que l'ombre d'un téton. Joss, elle, n'y voyait aucun inconvénient. Prisonnière de cette course abrutissante à la célébrité, elle se pense prête à tout. Tout, sauf à un selfie qui dévoile son visage souillé par un coup d'un soir, coupable d'un revenge porn aux conséquences catastrophiques.

La première bande-annonce👇

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Une sorte de Fifty Shades of Grey, mais version Spotify

Aux abords de sa piscine (grande comme son compte en banque), Joss ignore que la patronne de la maison de disques, son producteur, son responsable de tournée et son attachée de presse rivalisent d'idées absurdes pour étouffer l'affaire. C'est drôle. Vraiment. Il y a dans cette scène de quelques minutes, tout le matériel nécessaire à ce qu'on se moque joyeusement de l'industrie de divertissement, en avalant des poignées de pop-corn. Or, tout autour, c'est-à-dire environ quarante-cinq minutes tout de même, c'est le malaise.

Pourquoi? Parce que la série est ratée. Voilà tout.

Lily-Rose Depp est inexistante, The Weeknd (qui est co-créateur de la série) ne sait pas jouer la comédie, la plupart des dialogues évoluent comme on assisterait à un interminable accident de voiture et les scènes osées font pouffer, tant elles sont simplement gratuites. Du Fifty Shades of Grey, mais version Spotify.

Pour être en mesure de choquer le bourgeois et d'offrir une critique redoutable des travers (d'abord masculin) de la société du spectacle, il faut la connaître. Mais aussi l'aimer, au sens propre. Puis, parvenir à s'en détacher. Et, enfin, savoir et avoir envie d'écrire. Si la culture du viol plane méchamment dans ce nouvel objet gênant de HBO, c'est sans doute moins par volonté de la prôner, que par une paresse impardonnable. Son créateur, Sam Levinson, qui a repris le projet en vol, vomit ici un long clip vulgaire pour la MTV des années 90. Persuadé qu'en affichant du sperme sur le visage de la fille de Vanessa Paradis, Hollywood allait le catapulter au panthéon des antihéros qui dérangent.

C'est vrai, nous n'en sommes qu'au premier épisode. Mais, à moins d'un zoom surprise sur le rôle joyeusement ambivalent de son assistante personnelle, bourrée de contradictions, chargée de lui faire son café, mais aussi de trier les mecs qu'elle convie dans sa chambre, la série semble promise aux limbes des navets de la télévision moderne.

On comprend mieux, une fois immergé dans le malaise, pourquoi les polémiques prennent toute la place. Au lieu de déshabiller une fille, il aurait fallu habiller le propos. Car la provocation, c'est un peu comme l'humour. On peut tout dire, pour autant que ce soit drôle.

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