Déshydratation, apathie, perte d'appétit, sommeil perturbé: la chaleur a des effets sur notre santé physique, c'est une évidence. Mais elle a aussi des effets sur notre santé mentale. Et ça c'est moins connu, mais prouvé scientifiquement: lorsqu'il fait chaud, l'agressivité est exacerbée chez beaucoup. Et on est également plus susceptibles.
La revue Science a publié le travail de chercheurs des universités de Princeton et de Berkeley. Ils ont compilé 60 études autour du monde qui font état d'une hausse de la violence quand les températures augmentent.
Et l'influence de la chaleur agit aussi bien sur les violences entre individus (bagarres, violences conjugales, agressions sexuelles,...) que sur les violences intergroupes (conflits armés).
L'institut de recherche de Potsdam sur les effets du changement climatique a également déterminé que «les températures extrêmes alimentent les discours de haine en ligne». Selon cette étude publiée dans The Lancet, les températures extrêmes (très haute ou très basse) ont des conséquences majeures sur les discours haineux.
Pour arriver à cette conclusion, ils ont analysé 75 millions de tweets haineux et déterminé des niveaux de bien-être liés aux températures idéales et «normales» pour différentes parties du monde. Et l'analyse détermine qu'au-delà de 30°C le nombre de tweets agressifs et méprisants augmente de près de 22%. Lorsque les températures sont très basses (moins de -3°C), la hausse de ce type de message est de 12%.
Il y a plusieurs raisons qui expliquent cette plus grande agressivité. La première est chimique. Lors d'une vague de chaleur intense, le corps doit s'adapter et le cerveau en particulier, composé à 80% d'eau. Pour répondre à ce changement dans son environnement, il se met à produire du cortisol, l'hormone du stress.
Cette hormone nous permet de fournir une réponse rapide aux situations stressantes et nous placer dans un état d'hypervigilance ou d'anxiété. Ainsi, les personnes les plus sujettes aux sautes d'humeur ou à l'agressivité ont tendance à passer à l'action plus vite, à être moins patientes.
La seconde cause est une conséquence directe de la canicule. Lors des pics de chaleur, le sommeil est beaucoup moins bon et réparateur. Le manque de repos aura alors une incidence importante sur la façon dont l'individu répondra aux événements qui se présentent dans sa journée.
Des chercheurs de l'Iowa State University ont publié les résultats de leur travail dans la revue de l'American Psychological Association et ont prouvé qu'un manque de sommeil de seulement deux heures rend plus colérique et diminue la capacité d'adaptation aux situations stressantes: