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J.K. Rowling est devenue une militante transphobe et ne s'en cache pas

L'auteure de la saga Harry Potter partage des propos ouvertement transphobes sur Twitter.
L'auteure de la saga Harry Potter partage des propos ouvertement transphobes sur Twitter.image: watson
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J.K. Rowling nommée «écrivaine la plus méchante»? C'est mérité

Les déclarations de l'écrivaine britannique sur les personnes trans font polémique depuis plusieurs années. Loin d'exprimer une simple opinion, elle propage des propos complotistes et extrêmement blessants, ce qui est problématique quand on est suivi par 14 millions de followers.
16.01.2024, 20:5017.01.2024, 08:36
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Ce lundi, J.K. Rowling a été qualifiée de «romancière la plus méchante du Royaume-Uni» par le magazine New Statesman. L'article a provoqué les réactions outrées de ses supporteurs, relançant la polémique entourant l'autrice de la saga Harry Potter depuis quelques années déjà. Et pourtant, ce texte résume très bien ce que l'écrivaine est devenue: une «activiste politique», une «polémiste». Son sujet de prédilection? La transidentité - ou, plus spécifiquement, la remise en question des droits des personnes trans. Une militante transphobe en somme, comme elle est - à juste titre - décrite par ses adversaires. Et ça pose problème.

Commençons par le début.

Depuis 2018, J.K. Rowling prend position de plus en plus explicitement sur le sujet de la transidentité, la plupart des fois sur Twitter. Elle commence par liker un tweet comparant les femmes transgenres à «des hommes en robe», se justifiant par la suite en évoquant une maladresse. Quelques mois plus tard, l'écrivaine suit une youtubeuse très controversée, Magdalen Berns, puis affiche publiquement son soutien à une femme qui a été licenciée après avoir tenu des propos ouvertement transphobes.

J.K. Rowling franchit un nouveau cap en 2020, lorsqu'elle réagit à un article qui utilise l’expression «personnes qui ont leurs règles». «Je suis sûre qu’on avait un mot pour désigner ces personnes, avant. Fammes? Fommes? Fimmes?», ironise-t-elle. Ce tweet soulève de nombreuses réactions négatives, auxquelles elle répond avec un long texte publié sur son site internet, sorte de manifeste de sa vision des choses.

Celle-ci se résume comme suit: les femmes trans ne sont pas des femmes. De ce fait, elles doivent être exclues de la lutte féministe, car elles invisibilisent les femmes, les «vraies». Pire. Elles les mettent en danger.

«Lorsque vous ouvrez les portes des salles de bains et des vestiaires à tout homme qui croit être ou se sent femme, vous ouvrez la porte à tous les hommes qui souhaitent y entrer»

En affirmant cela, J.K. Rowling réduit la transidentité à un simple caprice («la "femme" n'est pas un costume», écrit-elle encore), et toute femme trans à un potentiel «prédateur». Elle ajoute:

«Je refuse de m'incliner devant un mouvement qui cherche à éroder la "femme" en tant que classe politique et biologique et qui offre une couverture à des prédateurs comme peu d'autres avant lui.»

La publication de ce texte ouvre la boîte de Pandore, l'écrivaine multipliant depuis les prises de position très directes sur la question. Comme cette fois, en octobre 2017, lorsqu'elle partage la photo d’une phrase disant «Répétez après nous: les femmes trans sont des femmes», en l'accompagnant d'un laconique et très brutal «Non». Ou lorsqu'elle s'en prend à un projet de loi visant à simplifier le processus de changement de genre à l’Etat civil en Ecosse, où elle habite.

Autant d'exemples qui illustrent ce qu'elle est devenue, comme l'affirmait l'article du New Statesman cité en début d'article. Une activiste. «Je me bats contre un mouvement puissant, insidieux et misogyne, qui s'est imposé dans des secteurs très influents de la société», déclarait-elle sans détour dans un podcast diffusé l'année dernière.

Cette vision des choses, ce n'est pas J.K. Rowling qui l'a inventée, mais une branche de féministes radicales se décrivant comme «critiques de la notion de genre». Leurs adversaires les appellent «Terf», acronyme anglais de «féministes radicales excluant les personnes trans». «Aucun de ses arguments n'est original, mais elle est aujourd'hui la personne la plus en vue à les formuler», résume Vanity Fair.

Complotisme et violence

On comprend qu'on est au-delà d'une situation où une personne exprime son point de vue. Lorsqu'elle affirme que le mouvement pour les droits des personnes trans est «puissant et insidieux», qu'il vise à infiltrer les milieux féminins et qu'il met physiquement en danger les femmes, J.K. Rowling frôle la théorie du complot.

Surtout, elle tient des propos d'une grande violence à l'égard des personnes trans elles-mêmes, une population qui est tout sauf privilégiée, bien au contraire. Près de 80% des jeunes transgenres et non binaires ont déclaré avoir été victimes de discrimination en raison de leur identité de genre, pour ne rester qu'au Royaume-Uni.

Le problème, c'est que ces déclarations, déjà très difficilement défendables, ne sont pas partagées par n'importe quel quidam au comptoir du bistro du coin. Elles sont formulées par l'une des écrivaines les plus célèbres et appréciées du monde. Ce qui leur donne un poids énorme. Quand vous comptez près de 14 millions d'abonnés sur X, le simple fait de liker ou de suivre des personnalités controversées leur donne une immense caisse de résonance. Pour ne pas parler des déclarations qui ont suivi.

On a régulièrement parlé des menaces de mort que J.K. Rowling affirme recevoir en masse après chacune de ses prises de position. Ce n'est évidemment pas excusable, en aucune manière. Mais cela ne diminue en rien la violence de ses propos, n'atténue pas leur portée exclusionniste, ni remet en question ce que l'écrivaine est devenue: une militante transphobe.

«À mes yeux, ça aurait été plus facile de rester dans la peau d'un homme»
Video: watson
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