Picolo, l'un des jeux à boire sous format digital le plus populaire auprès des jeunes, ne serait pas aussi «fun» qu'il y parait, révèle le site de BFMTV ce jeudi.
Picolo a été créé en 2015 par deux étudiants ingénieurs. Son public cible: des ados ou jeunes adultes (il faut être âgé d'au moins 17 ans). Le principe du jeu renvoie à une version moderne de «action ou vérité»: l'on inscrit les participants, qui doivent répondre à des questions, faire des gages, ou prendre des pénalités, autrement dit, prendre des shots ou des gorgées d'alcool.
#Picolo, le jeu #Smartphone qui vous fait (beaucoup) boire http://t.co/dbjJk4kris via @JournalDuGeek pic.twitter.com/SLJb2d6DMi
— Aurélie Coudouel (@AurelieCoudouel) August 3, 2015
Alors que l'application promet des «moments mémorables et fous rires assurés», plusieurs jeunes femmes remettent en question une partie de son contenu, lequel «banaliserait le harcèlement ou les violences sexuelles». Quelques exemples:
Les incitations sont parfois ressenties comme peu ludiques, notamment pour Pauline*, qui confie à BFM avoir assisté à un jeu où «il fallait mimer une fellation devant tout le monde, passer cinq minutes avec quelqu’un dans une autre pièce», une «angoisse», pour l'étudiante.
D'autres suggestions semblent aller plus loin, en encourageant les joueurs à franchir des barrières. Le consentement, en raison de la pression du groupe ou de l'alcool, n'est pas toujours au rendez-vous, selon Léna. «Je n’ai jamais vécu d’agression sexuelle dans ces jeux mais l’ambiance s’y prête trop à mon goût», explique-t-elle à BFMTV.
Certains internautes ont également pointé du doigt des gages faisant référence aux origines ethniques: «Tom doit prendre l'accent chinois/ 'Tom doit faire les yeux bridés jusqu'à la fin de la partie»; «Imiter l'accent congolais jusqu'à nouvel ordre»...
Pour Emilie, la version «caliente» de l'application, qui semble« s'amuser des violences sexistes», lui laisse un goût amer:
Vu dans le jeu picolo ! Il est important de rt/like pour qu’ils retirent vite cette question pic.twitter.com/CNJ4XBtCZN
— Tangtang (@jules_brns) June 13, 2020
Interrogée par BFMTV, l'avocate Khadija Azougach, secrétaire générale de l'association Lawyers for Women, explique que le problème de telles incitations réside dans le fait qu'on ne donne pas explicitement le choix à l'autre.
Autre souci relevé par l'avocate, le fait qu'il est difficile de protéger les mineurs de certaines incitations.
En effet, selon les témoignages, les participants sont encouragés à boire même s'ils sont déjà déjà ivres morts, sont sommés de montrer la «personne la plus moche de la table» ou de s'acharner sur l'un des joueurs, en lui choisissant des surnoms «dégradants, voire crades» jusqu’à la fin de la partie.
Contactée, la direction de Picolo a assuré à BFMTV n'avoir «jamais été poursuivie en justice pour une quelconque affaire» et «n'avoir encouragé aucun comportement violent, raciste ou à caractère sexuel non consenti qui pourrait être répréhensible dans le cadre de la loi».
La société Marmelapp, qui a enregistré un chiffre d'affaires de plus de 14 millions d'euros en 2021, assure en outre avoir régulièrement trié le contenu «offensant ou inapproprié» au fil des ans.
La culture du chouinement, pour le moindre truc, tout le temps.
— ZakParis (@HaterzZAK) December 29, 2022
"On est choqués, le Picolo Caliente est le jeu du mal..."
Sinon y'a un truc qui est pas mal et qui s'appelle "non merci ça ira, pas envie de jouer" et qui sauve donc le temps et l'énergie d'un journaliste @BFMTV. https://t.co/047hkskzeV
*Prénoms d'emprunt
(jod)