On savait que le diable se cache dans les détails. On sait désormais qu'il se dissimule également dans la pornographie. C'est ce qu'a affirmé, mercredi, le pape devant un groupe de jeunes séminaristes. Pour les mettre en garde face à la «pornographie numérique», le Saint-Père n'a pas hésité à lâcher une petite phrase à effet, immédiatement reprise par tous les médias:
C'est pourquoi il faut être vigilant, a continué le souverain pontife, car «le diable entre par là». Sans exception:
«La pornographie affaiblit l'âme», a encore martelé le pape: «Le cœur pur, celui qui reçoit Jésus chaque jour, ne peut pas recevoir ces informations pornographiques.»
On devine la bonne foi qui anime le pape. Et on connaît trop bien les dérives inhumaines de l'industrie du porno. N'empêche: un coup d'œil rapide aux statistiques sur la consommation de pornographie autour du globe dévoile une autre réalité:
Dans le meilleur des cas, les déclarations du Saint-Père trahissent une vision tragiquement déconnectée de la réalité: une très large partie de la population est visiblement bien contente d'accueillir Satan dans son cœur et lui laisse la porte grande ouverte.
Dans le pire des cas, le pape condamne une bonne moitié de la population (occidentale) aux flammes de l'enfer. Rappelons au passage qu'en 2021, le Vatican affirmait que l'homosexualité était toujours un péché, «que Dieu ne bénit pas et ne peut pas bénir».
On peut donc se demander si le Saint-Siège ne ferait mieux de chercher le diable ailleurs, avant de s'en prendre à la «pornographie numérique un peu normale». Si un consommateur lambda de films X fait entrer Satan, on n'ose même pas imaginer ce que pourrait advenir des tortionnaires, des criminels de guerre et des puissants qui envoient des milliers des jeunes à l'abattoir. Sans parler des abus commis (et souvent couverts) au sein même de l'Eglise catholique.
La liste des vrais problèmes est en somme bien longue.