Oh wow, la violence. Apparemment, pour la génération Alpha, soit les gosses de 14 ans et moins, le trait d'eyeliner est devenu obsolète. Ringard. Dépassé. Voire «cringe», même si utiliser le mot cringe est devenu cringe en soi. Ou, pour reprendre les termes de ces jeunes personnes, ce make-up est «gênant» (ça aussi, on y reviendra prochainement).
C'est le média français Konbini qui balance, l'eyeliner est victime de bashing par la Gen Alpha. Rappelons-le, cette génération est née entre le début des années 2010 et aujourd'hui. Ce qui signifie que les plus âgés d'entre eux ont maximum 14 ans. Pardon, 14 ans et demi.
Alors certes, selon le dicton, «la vérité sort de la bouche des enfants», mais en matière d'eyeliner, peut-on réellement faire confiance à des personnes qui n'ont pas encore eu le temps de se détruire les paupières et la santé mentale devant un miroir à recommencer pour la quatorzième fois une virgule d'eyeliner?
Cet indémodable trait existe depuis de longues années. Depuis l'Egypte antique, même. Jadis, on s'appliquait autour des yeux une pâte à base de sulfure de plomb, censée intensifier le regard tout en protégeant de certaines maladies. Aujourd'hui, cette composition a un peu du plomb dans l'aile (lol); la recette a changé, mais l'eyeliner est toujours un basique, un incontournable pour se faire les plus beaux yeux de biche.
Il s'agit même de la signature de nombreuses icônes. De Cléopâtre à Ariana Grande, en passant par Brigitte Bardot et Amy Winehouse... Qu'il soit léger ou qu'il semble avoir été dessiné dans une salle de bain mal éclairée, ce trait est un must.
Glamour, élégant, rock, l'eyeliner a aussi su évoluer au fil du temps: plus besoin de se satisfaire uniquement d'une dramatique virgule noire, aujourd'hui, on peut aussi le choisir dans des couleurs très flashy.
Mais alors, pourquoi tant de haine?
Ce rejet de l'eyeliner par les mômes du centre aéré a largement défrayé la chronique. Au cours des dernières semaines, de nombreux médias se sont emparés de la question, et même jusqu'à Vogue, qui semble avoir pris personnellement cette attaque des Alphas et qui a riposté contre cet affront.
Plusieurs théories peuvent expliquer cette persécution de l'eyeliner par ces jeunes porteurs d'appareils dentaires. D'abord, le coup de main: combien de fois avons-nous tenté de nous faire une petite virgule noire, élégante et dramatique, pour finir avec des yeux de panda? Rejeter totalement l'eyeliner pour en fait rejeter la difficulté à l'appliquer, les Alphas ne seraient pas les premiers à miser sur cette vile stratégie.
On peut citer aussi les tendances make-up plébiscitées par cette génération: la clean girl, par exemple. Une routine skincare élaborée, pour ensuite miser sur un maquillage minimaliste.
Rappelons également que ces gens ont été largement enfermés durant le Covid à un âge où, normalement, on est fourrés chez les uns et les autres, à se faire des masques pour le visage, des French manucures approximatives et à se maquiller parmi (si vous avez la trentaine et que vous n'êtes jamais rentré chez vous avec un vernis criard aux ongles et un make-up façon voiture volée, vous avez grandi dans une grotte, déso).
Autre hypothèse: les Alphas, par pur esprit de contradiction, rejettent simplement quelque chose qui comptent beaucoup pour les générations précédentes. Les Gen Z et leurs histoires de chaussettes auront du mal à prétendre n'avoir jamais fait pareil contre les Millennials et leurs ankle socks.
Après, de là à s'en prendre à un maquillage aussi iconique depuis Cléopâtre, il fallait oser. Bon, au moins, cette histoire d'eyeliner aura permis aux générations précédentes de s'unir (et à moi de devenir enfin votre vieille tante réac préférée, woohoo!). Les Alphas, on vous attend au tournant. En attendant, on va continuer de «slay» notre dramatique virgule sur la paupière.