Vous aimez la mode? Vous possédez des chaussures merveilleuses, mais qui ne vont avec rien? Vous possédez une tenue merveilleuse, mais qui ne va avec rien? Fantastique! Cette théorie est pour vous. Si elle peut sembler un peu pétée au premier abord, elle fonctionne (presque) toujours. Laissez-moi planter le décor.
En bon petit être fashionable, quand vous sortez de chez vous, vous aimez marquer le coup. Devant votre miroir en pied, vous associez des pièces tendance, vintage et basiques. Et comme vous êtes quelqu'un de merveilleusement créatif, doté d'un sens du style aiguisé et d'une audace mode à toute épreuve, vous êtes souvent assez satisfait du résultat. Bravo à vous!
Mais il y a souvent un «mais». Incarné par vos pieds. Comment habiller ces deux machins qui ressemblent, d'une personne à l'autre, à des râteaux qui ramassent les feuilles mortes, à des moignons avec cinq petites excroissances chacun, ou, comme le dit si gentiment mon frère au sujet des miens, à «des vieux durums»?
Plutôt que de vous casser la tête et de nous casser les pieds avec vos problèmes de «j'ai pas de godasses pour aller avec ce look», laissez-vous tenter par la «wrong shoe theory». En quoi ça consiste? À enfiler LA paire qui va à contre-courant de votre tenue. C'est à une styliste et auteure mode basée à New York, une certaine Allison Bornstein, qu'on doit cette théorie pas si fumeuse.
@allisonbornstein6 #wrongshoetheory expanded! here are a few other ways to create contrast! i am sure a lot of you already do this without realizing it! #wrongshoe #wrongshoes #styletips #stylist #style ♬ original sound - Allison Bornstein
Pour la fashionista, qui dispense ses conseils mode via son site, sur les réseaux sociaux et prochainement dans le livre Wear It Well, on peut même carrément partir d'une paire de sneakers et construire le reste du look dans un deuxième temps, avec une robe par exemple. Un seul mot d'ordre, il faut oser (même si ça a l'air moche).
Un exemple? Associer des tongs avec un pantalon de tailleur. «Les tongs ajoutent un élément plus décontracté et balnéaire, tandis que le pantalon de tailleur réhausse les tongs.» Une façon d'aborder la mode déjà adoptée par certaines stars.
Parfois, ces tentatives finissent même dans les pages mode des magazines. La preuve avec Emrata et ses bottes santiags associées à une minijupe et un haut échancré sur un post Instagram datant de l'été 2022, une tendance qu'on a vue partout l'automne dernier et cette année encore comme le relatait Vogue.
Ce qui semble parfois être un vilain fashion faux pas de la part des people est en fait souvent une démonstration d'audace (même si, on est d'accord, des fois, c'est juste moche).
Sans vous en rendre compte, vous avez sans doute déjà opté pour la «wrong shoe theory». Par exemple, quand vous chaussez vos Dr. Martens et que votre grand-maman se lance dans un monologue façon «c'est quoi ces grosses bottes ma chérie, tu serais tellement plus mignonne avec des sandales quand tu portes cette petite robe à fleurs, ça t'allongerait, là, ça te tasse, c'est vilain...».
Car même si l'emploi de cette fameuse botte avec une tenue «florale et légère» s'est démocratisé, ça n'est, à priori, pas la chaussure sur laquelle votre mamie mise. Et c'est un premier pas dans la «wrong shoe theory», que d'autres ont fait pour vous.
Un autre exemple? Les sneakers. Dans les années 1970, cette chaussure à la semelle en caoutchouc était portée plutôt dans le monde du hip-hop. Puis, elle s'est démocratisée. Associée à un look sport et urbain, elle s'incruste désormais dans tous les looks: pour casser un pantalon chic, pour donner du style à une robe basique, pour habiller le combo jeans+blazer.
De nos jours, les mariées portent aussi volontiers des Converse plutôt que des escarpins qu'elles vont regretter avant même d'avoir dit «oui». Et, à l'inverse de l'escarpin dont on ne voit que la pointe dépasser sous la robe, la Converse, elle, se montre. S'exhibe. Se revendique sous les couches de tulle, de satin et de dentelle.
Outre le fait d'ajouter de la personnalité à une tenue et de vous pousser à porter votre fameuse paire de chaussures qui ne va avec rien (ou vos dix paires de chaussures qui ne vont avec rien, je ne juge pas), la «wrong show theory» a un côté responsable.
Cette astuce permet aussi d'apporter une touche d'élégance à une tenue trop sportive grâce à une bottine, de donner un second souffle à un ensemble un peu vieillot grâce à une sneaker ou encore d'équilibrer un look trop sage avec une chaussure plus folle.
Bonus: cette théorie peut également vous faire gagner du temps si vous êtes à la bourre de temps en temps (ou chaque matin, je ne juge pas). Il vous suffit d'opter pour les premiers souliers qui vous tombent sous la main, en plaidant la fashion prise de risque. Après, personne ne vous oblige à aller jusqu'aux ballerines cloutées, on peut commencer par le tailleur et les tongs et monter graduellement dans l'audace.
Bref, la «wrong show theory» permet à chacun de se réinventer, et ce, sans avoir à dépenser le PIB de la Grèce. Un peu de créativité, un soupçon d'audace, et hop, ça part conquérir le monde en tailleur et santiag. The sky is the limit, baby!