Ce lundi 27 janvier s'ouvre la Fashion Week Haute Couture à Paris. Elle se terminera le jeudi 30 janvier. Depuis toujours, la Ville Lumière est la seule à pouvoir accueillir ces défilés de prestige. Dior, Chanel, Jean-Paul Gaultier ou Valentino font partie de la poignée de maisons qui ont ce label apposé sur leurs créations.
Et il y a une bonne raison à cela.
Nous sommes dans les années 1800. Charles Frederick Worth, couturier, quitte son Angleterre natale et pose ses valises dans la capitale française, connue pour être l'épicentre de la mode. Il commence par travailler chez un vendeur de tissu, avant de convaincre son patron d'ouvrir un atelier dont il sera le couturier principal. Ses tenues sont superbes et il décide, pour faire leur renommée, d'opter pour la méthode du «cheval de Troie», c'est-à-dire de les faire porter par une femme connue à Paris afin de s'assurer un bon coup de publicité.
La cliente en question? L'épouse de l'ambassadeur d'Autriche. Bingo: les créations de Charles Frederick Worth vont taper dans l'œil de l’impératrice Eugénie, la femme de Napoléon III, qui l'engage comme couturier personnel. La machine est lancée. Celui que le Tout-Paris surnommait la fée chiffon séduit désormais les plus fortunées, jusqu'à habiller Sissy l'impératrice.
Considéré comme le père fondateur de la Haute Couture et le premier grand couturier, Worth ne va pas s'arrêter en si bon chemin. Il va continuer à proposer des innovations qui poseront les jalons de la mode telle qu'on la connaît aujourd'hui: apposer son logo sur ses pièces, par exemple, ou créer des collections selon les saisons (printemps/été et automne/hiver).
Il pense également que les vêtements seront mieux vendus si les clientes les voient en mouvement. La fée chiffon décide donc d'engager de belles femmes, surnommées «les sosies», qui présenteront les créations aux futures clientes. Et d'inventer ainsi les mannequins et les défilés.
Si le succès de Charles Frederick Worth est au rendez-vous, les prix de ses modèles uniques ne permettent qu'à une certaine frange de la société de se les offrir. Des dupes font alors leur apparition sur le marché, raison pour laquelle le couturier créé en 1868 la Chambre syndicale de la Couture, des Confectionneurs et des Tailleurs pour Dame afin d'éviter les contrefaçons. Elle deviendra la Fédération de la Haute Couture que nous connaissons aujourd'hui, institution réglementée par le gouvernement français qui attribue depuis 1945 le prestigieux label «Haute Couture». Et les critères pour l'obtenir sont stricts:
Des critères qui se sont renforcés après la Seconde Guerre mondiale pour protéger les maisons de couture qui ont survécu:
Certaines maisons ont la possibilité d'obtenir le statut de «membre invité», un terme inventé dans les années 80 pour permettre l'émergence de nouvelles marques de luxe. Les créateurs présentent leur collection durant la Fashion Week Haute Couture. S'ils défilent pendant 4 ans d'affilée, ils peuvent demander à être membres officiels.
Valentino, Fendi ou Elie Saab, en revanche, sont des «membres correspondants». Leur travail remplit les mêmes exigences que Chanel, par exemple. Mais leurs ateliers ne sont pas à Paris (ils sont respectivement à Rome, Milan et Beyrouth). Ces maisons ne peuvent, dès lors, qu'utiliser le terme «Couture».
Aujourd'hui, la Haute Couture, devenue un véritable symbole français, compte près de 4000 clientes dans le monde, estime Vogue, dont la reine Rania de Jordanie. Les prix d'une robe peuvent varier entre 900 000 et un million d'euros, selon les heures de travail et les matériaux utilisés.