En 2018, les Etats-Unis ont lancé la tendance: les calories sont inscrites sur les menus des restaurants. Ces chiffres peuvent parfois donner le tournis, dans un pays qui compte plus d'un tiers de ses habitants en situation d'obésité. Une étude de 2021 avait divulgué des chiffres alarmants: dans 16 États américains, au moins 35% des habitants sont obèses.
Barack Obama avait empoigné la problématique, en 2010, avec une loi adoptée sous le dispositif législatif intitulé «Obamacare». Devançant l'ancien président, en mars 2008, New York était devenue la ville pionnière des Etats-Unis.
Une manière de contrer l'évolution des cas d'obésité? Une chose est sûre: sur place, la vision de ces calories vous freine dans vos choix.
De passage à New York, l'auteur de ces lignes a d'ailleurs modifié son menu à la hâte chez Shake Shack, établissement de restauration rapide, et s'est ensuite largement dépensé (en appuyant tel un forcené sur les pédales de son vélo d'intérieur) pour transpirer les 440 calories de son «single Cheeseburger», le tout agrémenté d'un petit supplément bacon (70 calories).
Pourquoi changer? Une peur coupable s'empare de vous, la peur de stocker cet excédent d'énergie et par conséquent de graisse vous traverse. Vous baissez donc les yeux et optez pour un choix plus sain.
Partout, à côté de chaque plat, vous avez ces calories inscrites et vous redoutez l'intraitable épreuve de la balance en rentrant à la maison.
Surtout, c'est une manière de rappeler qu'avec un seul burger, vous vous amputez d'une bonne partie des calories dont vous avez droit en une journée. En cas d'activité modérée, le nombre est compris entre 2200 à 2500 calories pour les femmes. Concernant les hommes, 2600 à 2800 calories sont nécessaires.
«Derrière les aliments, il n'y a pas que des calories. Il y a aussi des nutriments: protéines, glucides, lipides, vitamines, minéraux, antioxydants, fibres, que l’on retrouve dans une alimentation équilibrée et variée», tempère Muriel Lafaille Paclet, diététicienne en cheffe au CHUV. Et d'enchaîner:
Une fausse bonne idée de se baser uniquement sur les calories? Cela peut être trompeur, selon les cerveaux de l'alimentation:
A travers cette idée de rendre les chiffres visibles au royaume du hamburger ou de la malbouffe, c'est selon, le processus participe à un changement d'éducation. «Il y a eu de réels changements de mode de vie, alimentation et activité physique aux Etats-Unis… mais des progrès restent encore à faire», rappelle Muriel Lafaille Paclet. A ses yeux, la clé se trouve dans le bonheur de se restaurer, sans se jeter sur n'importe quel aliment présent sur la table.
Résultat ou non de l'affichage des calories, les étasuniens tendent «à montrer désormais un peu plus d’intérêt pour se nourrir de façon équilibrée, en développant le côté plaisir du repas et la curiosité du palais; ces éléments permettent de changer son alimentation de façon plaisante», confirme la spécialiste en diététique du CHUV.
Or, il y a un cercle vicieux qui peut s'instaurer: à force d'avoir les yeux rivés sur les calories, l'idée de se priver peut vous traverser l'esprit, nourrissant la crainte de troubles alimentaires.
En Suisse, en 30 ans, la proportion des personnes obèses a doublé, passant de 6% à 13% chez les hommes et de 5% à 11% chez les femmes.
Face à cette hausse, afficher les valeurs caloriques fonctionnerait-il comme une tendance pédagogique pour éduquer le consommateur?
Comme le rappelle la spécialiste, pour tendre vers une alimentation saine sans se prendre la tête, «prenez des aliments bruts et cuisinez»!