C'est sa douce Anna qui a averti la presse biélorusse, après avoir tout fait pour réanimer son mari, dans l'un de leurs appartements, à Dubaï. En vain. Illia «Golem» Yefimchyk, 36 ans à peine, est mort deux jours plus tard à l'hôpital. Une crise cardiaque serait à l'origine de son décès, qui a été annoncé jeudi.
Illia fut ce que l'on appelle un culturiste de l'extrême. De la gonflette photogénique. Né en Biélorussie avant de déménager en Tchéquie, puis à Miami et enfin Dubaï, le «bodybuilder le plus monstrueux du monde» s'est très vite fait un nom, sur les réseaux sociaux, en déployant ses biscotos et ses grosses cylindrées devant plusieurs centaines de milliers d'abonnés.
Le tout, sans jamais n'avoir pris la peine de participer à la moindre compétition. Tout ce qu'il voulait, disait l’armoire à glace aux journalistes, c'était de pouvoir être «enfin remarqué». Le freluquet qu'il a longtemps été a «vu des films comme Terminator et Rambo» et voulait être «grand et musclé comme Arnold Schwarzenegger». Dans sa Biélorussie natale, au début des années 2000, un seul club pouvait accueillir ses ambitions.
Quelques bancs de musculation et un peu d'huile de coude lui permettront de prendre dix kilos de masse en une petite année. A l'âge de quinze ans, lit-on dans un magazine tchèque de musculation, Golem a envoyé «une lettre au père Noël pour recevoir des biceps de 45 centimètres».
Balèze, le cadeau.
Une mission plus qu'accomplie, puisque «The Mutant», comme on le surnommait tendrement, a largement dépassé ses maîtres. Allez, quelques chiffres plutôt éloquents. A la fin de sa vie, la «bête de 154 kg» arborait un tour de bras de 63,5 cm. Son torse? 154,94 cm. De quoi passer difficilement inaperçu lorsque l'on promène son chien méchant au bout d'une chaîne.
Pour nourrir toute cette fibre musculaire, «The Mutant» soulevait évidemment de la fonte. Mais c'est dans ses gamelles que le menu était encore plus impressionnant. On raconte que pour tenir ses objectifs, la bestiole avalait quotidiennement près de 16 500 calories, composées notamment de 108 sushis et de 2,5 kilos de bidoche.
Une prouesse, sachant qu'il évitait les cochonnailles des fast-foods. Du riz, du poulet en grandes quantités, pour rester en forme: «C'est facile d'obtenir toutes ces calories en mangeant du KFC ou chez McDonald's, mais ce serait très mauvais pour la santé». Même pas un petit écart, Golum? «Oui, une fois par semaine je vais dans une très bonne boulangerie ou chez Cheesecake Factory. Mais c'est tout.»
Par l'intermédiaire de son corps, Illia «Golem» Yefimchyk a surtout voulu montrer l'exemple, en s'imposant une rigueur et une discipline qu'il enseignait ensuite à ses supporters.
Avant de migrer à Dubaï à la fin de sa vie, Illia a posé ses haltères au sud de la Floride quelque temps, histoire fuir les températures aiguisées de Prague. Il a d'ailleurs toujours «détesté l'hiver», qui symbolise, selon lui, «la paresse et la maladie».
Bien sûr, les amis et la famille du «monstre» ont passé leur temps à tenter de l'empêcher d'aller trop loin. Un conseil qu'il a manifestement décidé de ne pas suivre. Avant lui, de nombreux culturistes sont décédés prématurément. Citons par exemple le Brésilien Antonion Souza, 26 ans, et le Britannique Neil Currey, 34 ans.
Pour un homme qui rêvait de montrer la voie, hélas, c'est raté.