Ah, garde du corps... Quel métier plus mystérieux que ces hommes et ces femmes de l'ombre, impassibles dans leur costume noir à la coupe parfaite, lunettes collées au vissage et oreillette vissée à la nuque? Probablement aucun. Heureusement, certains acceptent parfois de sortir du silence pour quelques révélations dans la presse. C'est le cas du Britannique Samuel Newton, 46 ans, désormais garde du corps à la retraite - et acteur.
C'est sur sa manière de garder la forme pendant ses années de services que ce vétéran s'est confié dans le Telegraph. Et, ce n'est pas un scoop, mais pour ceux chargés d'assurer la sécurité des riches et puissants, «les repas normaux sont rarement la priorité». No way?
Adolescent avec une tendance au surpoids, Samuel Newton explique avoir découvert la course à pied en 1998. Lui qui ne sait encore rien de la nutrition se contente alors de «deux sandwichs par jour». Il fond comme neige au soleil et, au terme d'un entraînement physique intense, à 19 ans, il réalise son rêve de rejoindre l'armée. Après avoir servi dans la guerre en Irak en 2003, il devient garde du corps pour le compte d'une société de sécurité privée basée à Londres. Un métier où les horaires n'existent pas et où la routine est synonyme, au mieux, d'instabilité constante.
Qui dit pas d'horaires, dit des journées qui peuvent s'étendre de 6 heures du matin à 21 heures.
Il s'agit alors de s'assurer de prendre un bon petit-déjeuner (dans le cas de Samuel Newton, un porridge de flocons d'avoine avec quelques cuillères de poudre de protéines et une banane), vu qu'on sait rarement où ni quand aura lieu le prochain repas.
Les journées très chargées, impossible de s'éloigner de la personne - en particulier pour aller acheter un snack au supermarché local. Vous devez pouvoir être prêt à bouger d'une minute à l'autre - ce qui implique d'attendre pendant trois heures. Impossible de le savoir à l'avance.
Règle numéro 1, quand on veille sur un client? On mange quand le client mange. Mais attention: pas avec le client. «Si nous étions dans un restaurant, je m'asseyais à quelques tables de distance», précise l'ancien garde.
Pour s'assurer d'avoir terminé avant son protégé et d'être prêt au départ quand ce dernier a achevé son repas, il incombe au garde du corps de demander aux employés de préparer son propre plat le plus rapidement possible. «Si le client décide de ne pas prendre de dessert et de partir après son plat principal, vous devez vous assurer que vous êtes prêt.» Sauf que...
Une Fashion Week de Milan très «mouvementé» qui l'a particulièrement marqué, puisqu'il n'était même pas en mesure de dormir. «Même quand on s'arrêtait à l'hôtel pendant qu'on travaillait, on n'avait pas le droit de dormir, alors on finissait par attendre des heures.»
Résultat, au terme de ces trois jours de folie? «Une descente dans les distributeurs automatiques – chips, biscuits, tout ce qui me tombait sous la main – et je me suis endormi directement pendant six heures.»
Cela dit, rassurez-vous: les gardes du corps reçoivent généralement une bouteille d'eau dans la voiture. «Bien-être» oblige. Et si, vraiment, c'est trop dur: «Je n'ai jamais fait ça, mais dans le pire des cas, vous devez simplement dire à quelqu'un comme un assistant ou un responsable que vous n'avez pas mangé et ils sont généralement très attentifs», tient encore à préciser l'ancien bodyguard. Faudrait pas se coltiner un procès, quand même.
Ah! Et oubliez aussi l'idée de suivre un régime, stipule Samuel Newton, désormais grand adepte de fitness et du fameux dinde-riz-brocoli-vapeur. Ça relèverait presque de l'impossible, entre les horaires irréguliers et les repas forcés au restaurant. Pour tirer mauvais parti d'une «mauvaise situation» (entendez: se coltiner un restau tout en travaillant pour le client), Samuel Newton avait systématiquement recours à un classique hamburger- frites.
Son astuce pour garder la ligne? Se débarrasser du pain. «Si je prenais des frites de patates douces au lieu de frites, c'était encore mieux», tient-il bon de préciser.
Bah, un petit bun entre deux jeûnes de trois jours... Ce pauvre Samuel Newton aurait bien pu se l'autoriser. Ces militaires, je vous jure. (mbr)