Les rideaux sont tirés. De la musique s'échappe du haut-parleur, pas plus fort qu'un murmure. La flamme d'une bougie parfumée oscille sur la table de nuit et répand une lueur dorée. Tout est prêt pour un moment romantique à deux.
Mais tout ne se passe pas comme prévu. Il a envie. Il n'y arrive pas. L'atmosphère romantique et la nouvelle lingerie de sa partenaire n'y font rien. L'érection ne vient pas. Encore une fois.
C'est ce genre d'histoire qui revient souvent chez les patients de Nicolas Diehm. «S'il vous plaît, dites-moi que le problème n'est pas mental», demandent-ils au médecin. Et, en effet, les troubles de l'érection ont rarement une origine psychique: il ne s'agit que d'environ 10% des cas, comme l'indiquent différentes institutions médicales.
Nicolas Diehm le sait bien. En tant qu'angiologue, il s'occupe des maladies des vaisseaux, notamment de ceux du pénis. Dans son centre pour les troubles de l'érection, lui et son équipe reçoivent, chaque semaine, dix à quinze patients qui se plaignent de problèmes d'érection. Beaucoup d'entre eux ne viennent que tardivement. En cause: la honte. Un sentiment d'être «moins homme» sans érection, ou de que quelque chose ne va pas chez eux.
Et ce, bien qu'une nouvelle enquête menée par le Deutsches Ärzteblatt auprès de 1074 hommes montre que 27,5% ont des problèmes d'érection faibles, 13,9% faibles à modérés, 4,4% modérés et 6% graves. Le problème n'est donc pas si rare, mais reste pourtant un sujet tabou. «On parle facilement de l'infarctus du myocarde, mais pas des troubles de l'érection», explique Nicolas Diehm. Pourtant, c'est un sujet tout aussi important:
Il s'agit souvent d'une combinaison de différents facteurs de risque liés aux organes, comme l'hypertension, l'obésité, éventuellement le diabète ou un trouble du métabolisme des graisses. Ces causes organiques peuvent entraîner un rétrécissement des vaisseaux. Pour simplifier, c'est plus ou moins comme une conduite d'eau calcifiée. Selon Nicolas Diehm, de tels rétrécissements des vaisseaux sont responsables de près de la moitié des troubles de l'érection.
En effet, une érection se produit lorsque les artères menant au pénis ainsi que les corps caverneux du pénis se dilatent. L'afflux de sang peut ainsi être augmenté et le pénis s'étire. Toutefois, si les artères sont calcifiées, le sang ne peut plus arriver en quantité suffisante dans le pénis.
Les troubles de l'érection ne sont pas une fatalité. Il suffit parfois de changer de mode de vie, selon Nicolas Diehm. Il cite les résultats d'une étude réalisée en 2019 sur 200 hommes souffrant de dysfonction érectile. Dans 90% des cas, un problème vasculaire en était la cause. Des facteurs de risque ont en outre été retenus pour l'ensemble des participants à l'étude: 42,5% d'entre eux avaient un taux de cholestérol trop élevé.
Outre les facteurs héréditaires, cette valeur est également influencée par une mauvaise alimentation, très riche en graisses, et par le manque d'activité physique. En outre, 26% des personnes interrogées étaient des fumeurs.
Les inhibiteurs de la PDE-5, comme le Viagra, sont probablement la solution la plus connue. Ils favorisent l'érection parce qu'ils ont un effet vasodilatateur. Toutefois, cela ne fonctionne que s'il y a combinaison avec un stimulus sexuel. Depuis 2019, les médicaments contre l'impuissance comme le Viagra peuvent être achetés en pharmacie sans ordonnance, dans le dosage le plus faible et la plus petite taille d'emballage. Cependant, les coûts ne sont généralement pas pris en charge par la caisse d'assurance maladie.
Selon Nicolas Diehm, les prix élevés par rapport à l'étranger ainsi que la honte de se procurer un tel produit dans une pharmacie font que les médicaments contre l'impuissance sont généralement commandés sur Internet. Depuis des années, les stimulants de l'érection sont en tête des importations illégales de médicaments en Suisse. En 2023, ils représentaient 71% des importations saisies. On ne peut que mettre en garde contre cela:
Les inhibiteurs de la PDE-5 ne sont pas un remède miracle pour tous les hommes. «Chez environ la moitié des patients, ils n'ont aucun effet», continue Nicolas Diehm. Cette expérience peut conduire à un nouveau manque de confiance en soi et à un sentiment de honte.
Les artères peuvent être trop rétrécies ou il y a ce qu'on appelle une fuite veineuse. Dans de tels cas, le sang s'écoule trop rapidement et le membre se relâche en peu de temps. Les méthodes peu invasives permettent d'aider les jeunes patients chez qui aucune autre cause n'a été trouvée. Lors de l'intervention, les veines concernées sont fermées à l'aide de colle tissulaire.
Des interventions sont également envisageables en cas de rétrécissement grave des vaisseaux. Le traitement par stent permet de dilater les artères menant au pénis à l'aide d'un ballonnet, puis de les stabiliser à l'aide d'un support vasculaire. Pour Nicolas Diehm, il s'agit d'une intervention de routine. Il la réalise jusqu'à 20 fois par mois. Les patients ont en moyenne 59 ans. Depuis un an, les interventions mini-invasives sont prises en charge par la caisse d'assurance maladie, lorsqu'il s'agit d'un trouble érectile grave. Selon l'expérience du médecin, cela concerne environ 10% de tous les patients.
Qu'il s'agisse de Viagra ou d'une intervention, il est important que la cause soit clarifiée et traitée. Ainsi, on rétablit non seulement la vie amoureuse avec succès, mais d'éventuelles conséquences graves peuvent également être évitées. En effet, les modifications vasculaires dans le corps sont souvent perceptibles en premier lieu dans les vaisseaux du pénis. Les artères qui y conduisent sont parmi les plus fines du corps.
Si leur débit est perturbé, par exemple en raison d'un taux de cholestérol très élevé ou du tabagisme, ce n'est qu'une question de temps avant que d'autres artères soient également touchées. Selon Nicolas Diehm, «la dysfonction érectile précède l'infarctus du myocarde d'environ trois ans». Si celle-ci est constatée à temps et examinée, des vies peuvent être sauvées.
Environ la moitié des événements cardiovasculaires chez les hommes sont associés à un trouble de l'érection. Une étude publiée en janvier par le Centre des troubles de l'érection d'Aarau montre que le traitement et l'évaluation des troubles de l'érection pourraient entraîner une réduction de 21% du risque d'infarctus du myocarde et d'accident vasculaire cérébral.
Une grande partie des hommes (67%) sont conscients du problème avant même que l'événement cardiovasculaire ne survienne. Selon Nicolas Diehm, «40 000 événements cardiovasculaires tels que des infarctus ou des attaques cérébrales pourraient être évités sur une période de dix ans». Cela permettrait également d'économiser des coûts qui, d'après le médecin, pourraient couvrir une intervention de pose de stent sur deux pour rétablir l'érection.
Adapté de l'allemand par Tanja Maeder