Au début du mois de mai, la fondatrice de Theranos, une start-up qui devait révolutionner la medtech, donnait une interview au New York Times. Un entretien fleuve vertement critique par les lecteurs, le qualifiant de «tribune offerte et complaisante» à une criminelle.
Titré «Liz Holmes veut que vous oubliez Elizabeth», l'article mettait en avant cette nouvelle image que l'ancienne étoile de la Silicon Valley s'évertuait à véhiculer dans la presse: mère de deux enfants, mariée à un certain Billy Evans, un Californien de San Diego issu d'une famille ayant bâti un groupe hôtelier (Evans Hotel Group). Elle roule en Tesla, fait du bénévolat pour une ligne d'assistance téléphonique en cas de viol, et souhaite être présente pour ses rejetons.
Mais on échappe pas à la justice comme ça. Holmes a tenté à maintes reprises de faire appel à sa condamnation pour l'invalider auprès de la justice, en vain. Il lui faudra bien troquer son rôle de mère dévouée à celle de détenue. Le Bureau fédéral des prisons (BOP) a confirmé à l'AFP que l'ancienne boss de Theranos est arrivée à la prison fédérale de Bryan, dans le Texas.
A 39 ans, Elizabeth Holmes est incarcérée dans un établissement pénitencier au dispositif de sécurité dit «minimum», avec un nombre faible de gardiens et des programmes de réinsertion.
Sa technologie présentée comme révolutionnaire n'ayant jamais fonctionné malgré les promesses de diagnostics, elle a été reconnue coupable et condamnée pour fraude par un tribunal. De nombreux investisseurs ont été grugés dans l'affaire, tels que Rupert Murdoch (125 millions de dollars d'investissement) ou encore la famille Walton (Walmart).
Une enquête du Wall Street Journal en 2015 exposera les faits: les résultats étaient en fait erronés. Theranos était en une coquille vide. Une arnaque à grande échelle qui lui vaudra un lynchage public, et Holmes est sommée de restituer le magot qu'elle avait levé pour son entreprise - environ 452 millions de dollars - avec son ancien compagnon d'affaires et dans la vie, Ramesh «Sunny» Balwani.
A cela s'ajoute une ardoise de 30 millions de dollars pour les frais d'avocat. Holmes est endettée jusqu'au cou et avouait qu'elle devra «travailler le restant de ses jours pour rembourser».
L'ancienne milliardaire qui faisait la couverture du magazine Forbes il y a encore neuf ans assurait ne pas vouloir s'arrêter de faire parler d'elle. La star déchue de la Silicon Valley lorgne toujours sur un retour dans le milieu. Mais avant d'enfiler le bleu de travail, la combinaison orange l'attend pendant de longues années. (svp)