Les Laureus World Sports Awards récompensent les sportives et sportifs internationaux, toutes disciplines confondues, qui ont le plus marqué le monde du sport lors de l'année précédente.
Mais pour les 25 ans de la cérémonie, la première ayant eu lieu en 2000, la fondation Laureus a commis un faux-pas. Lorsque la liste des nommés a été diffusée, le nom de Marco Odermatt n'a pas été mentionné.
Rien d'alarmant, me diriez-vous. Sauf qu'il y a comme une injustice.
Le Nidwaldien, malgré son emprise sur le ski masculin la saison passée, ne pourra pas (encore) inscrire son nom aux côtés des Roger Federer, Lance Armstrong, Michael Schumacher, Usain Bolt ou encore Rafael Nadal.
S'il n'est question que de prestige, laisser de côté la pépite du ski mondial reste un mystère. La saison 2022/2023 lui a permis de devenir le recordman de points en une saison, compilant 2042 points sur l'exercice. Il a raflé 13 victoires, sans oublier ses deux titres (descente et slalom géant) lors des Mondiaux de Courchevel/Méribel. Une saison XXL.
Si ce n'est pas marquer son sport, que faut-il faire pour combler le jury des Oscars du sport?
La raison est peut-être le manque de popularité du ski. Depuis l'instauration de ces récompenses en 2000, jamais un skieur n'a trouvé grâce aux yeux du jury. Pire, aucun n'est parvenu à glisser son nom parmi les six nominés.
Le seul qui a plus ou moins réussi à se frayer un chemin aux Laureus Awards est Herman Maier. Herminator avait été couronné par le prix de «Comeback of the year» en 2004.
Là où le bât blesse, et l'illogisme tambourine à la porte des bureaux de la fondation Laureus, c'est la présence de Mikaela Shiffrin dans les athlètes sélectionnées. La skieuse américaine a réalisé, certes, une grande saison, marquant un peu plus de son empreinte son sport.
Mais elle n'a par exemple pas amélioré le record de points sur une saison - toujours détenu par Tina Maze. Elle compte un titre mondial de moins que son homologue masculin.
Et du côté des athlètes féminines qui ont marqué l'année 2023, les prétendantes ne manquaient pas. L'ultra-traileuse Courtney Dauwalter, qui a signé un grand chelem inédit dans discipline, aurait pu prétendre à une place, par exemple, ou encore Kristin Harila, auteure d'une course contre la montre hallucinante de 92 jours pour avaler 14 sommets de plus de 8000 mètres. Un record! Mais peut-être ces prouesses ne répondent-elles pas aux exigences imposées par le règlement des Laureus Awards...
Il n'est pas question de comparer les trajectoires, mais l'absence d'«Odi» ressemble à un bug dans la matrice. Si le Suisse n'y est pas, l'Américaine ne devrait pas y être non plus. Il est difficilement défendable de voir une Shiffrin s'assoir à la table des élues (un honneur qu'elle a déjà connu en 2018, 2019, 2020 et 2023), alors qu'Odermatt n'est pas convié.
Espérons que l'an prochain, les actuelles bases dignes de la stratosphère (11 victoires et 7 podiums pour le moment) du prodige de Nidwald taperont dans l'oeil d'un jury en manque d'inspiration.