Plusieurs records sont tombés dimanche lors du marathon de Séville. Le plus significatif? Celui de l'épreuve. L'Ethiopien Deresa Geleta s'est imposé en 2 heures 3 minutes et 27 secondes, établissant la 28e meilleure marque de tous les temps, devenant ainsi le 18e homme le plus rapide sur la distance. Une performance qui positionne désormais Séville devant Dubaï, Rotterdam, Amsterdam, Milan et Paris, pour ce qui est du chrono.
Les marathons de Francfort, Hambourg ou encore Eindhoven ayant été dépassés précédemment, il n'y a qu'à Chicago, Berlin, Valence, Londres et Tokyo que l'on court plus vite. Et si la ville de l'Illinois caracole en tête, c'est uniquement grâce à la performance inédite du regretté Kelvin Kiptum, détenteur du record du monde en 2 heures et 35 secondes. Sans cela, Chicago serait derrière.
Huit records nationaux ont également été établis dans la cité andalouse cette année. Et pas des moindres, puisque la barrière s'est notamment abaissée en France (Morhad Amdouni - 2h03'47), en Israël (Gashau Ayale - 2h04'53) et en Italie (Yemaneberhan Crippa - 2h06'06). Mieux encore, 12 hommes ont couru en moins de 2 heures et 8 minutes. 14 femmes se trouvaient sous les 2 heures et 25 minutes.
Il est vrai que les chronos tombent plus ou moins partout en raison des avancées technologiques. Mais si Séville se fraye une place sur l'échiquier mondial, c'est d'abord grâce à un changement significatif, opéré récemment.
Les organisateurs ont en effet revu le tracé de l'épreuve en 2019, si bien qu'aujourd'hui, la course est souvent considérée comme la plus plate d'Europe. Très peu de dénivelé donc, mais aussi seulement 33 virages, ceci pour éviter les relances, qui usent et ralentissent les marathoniens.
Aujourd'hui, le tracé andalou emprunte davantage le centre historique. Les coureurs sont proches du public - ils peuvent se sentir poussés, notamment dans les derniers kilomètres. Ce parcours en ville, c'est aussi une manière de ne pas exposer les athlètes au vent, dans une cité déjà peu impactée, car ne se trouvant pas en bord de mer. Mais même éloignée de la côte, Séville bénéficie d'une altitude moyenne de 7 mètres, soit des conditions idéales pour performer dans les épreuves de fond.
Si les températures peuvent déjà paraître élevées dans la région au cours du mois de février, elles restent fraîches en matinée, sous les 10 degrés au moment du départ. Un impératif afin de viser un record. La météo sévillane à cette période de l'année rassure d'ailleurs bon nombre d'athlètes, qui trouvent dans le sud de l'Espagne un temps clément lors de la course.
Les performances enregistrées ce week-end en Andalousie s'expliquent également par le fait que nous nous approchons de Paris 2024. Après le 30 avril, il ne sera plus possible de se qualifier pour les Jeux olympiques. Séville offrait certainement les meilleures dernières conditions pour valider son ticket. Il reste bien sûr d'autres épreuves, notamment Rotterdam mi-avril, mais ce marathon est sans doute trop proche de l'échéance olympique. La récupération ne sera pas suffisante.
Malgré des conditions favorables, le marathon de Séville est encore trop petit pour attirer les grands noms de la discipline que sont Kipchoge, Bekele ou Chebet. Ces derniers privilégient des courses toutes aussi rapides, mais de plus grandes envergures (typiquement Berlin, Londres ou Valence), ou des épreuves renommées et bien plus rémunératrices (Boston, New York).
Avec de tels coureurs au départ, nul doute que les temps descendraient encore dans le sud de l'Espagne. Pour l'heure, Séville peut néanmoins jouer la carte de la dernière chance, et attirer ceux en quête d'une qualification, que ce soit pour les Jeux tous les quatre ans, mais aussi de façon plus régulière, pour les Mondiaux et les Europe. Sa position, six mois avant les grandes échéances estivales (et à une période sans véritable concurrence), le permet.
Le marathon de Séville se fait peu à peu sa place dans le calendrier mondial. Il dispose désormais du label Elite de World Athletics et réunit tous les éléments permettant de courir vite. Il y a toutefois un hic: la présence sur le sol national du marathon de Valence. Une autre épreuve propice à la performance, qui a elle aussi subi un lifting, et lors de laquelle sept marathoniens sont déjà allés plus vite que Geleta dimanche à Séville. En Espagne, la capitale du marathon reste donc Valence.