On vous a raconté cette semaine la grogne qui a gagné les coureurs engagés sur le semi-marathon de Lausanne le dimanche 29 octobre. Certains d'entre eux ont en effet constaté que le kilométrage affiché sur leur montre connectée était supérieur à la distance officielle du tracé (21,0975 km). Ils se sont plaints auprès des organisateurs, qui ont ouvert une enquête pour déterminer si le parcours était bien conforme.
Or ce n'est pas la première fois que des athlètes s'énervent et s'adressent aux officiels pour se plaindre que les panneaux de marquage du parcours ne sont pas corrects. C'est même une situation récurrente au marathon de Lucerne.
Lorsqu'il entend de telles histoires, Roger Kaufmann secoue la tête d'office. Il est le seul «jaugeur» (celui qui jauge) de parcours suisse titulaire d'une licence A internationale et on peut lui faire confiance, puisqu'il a mesuré le tracé du marathon de Lucerne selon les directives de la Fédération internationale d'athlétisme: avec une roue de mesure étalonnée, et ce sur la ligne idéale.
Une telle méthode permet de s'assurer que les temps réalisés au SwissCityMarathon (le nom donné à l'épreuve lucernoise qui a eu lieu fin octobre) sont homologués. Or beaucoup de coureurs croient davantage aux valeurs de leur montre GPS qu'à la mesure officielle du parcours, ce qui fait sourire Kaufmann:
Mais qu'est-ce qui fait que les montres connectées produisent des écarts parfois considérables? Avec le GPS, l'emplacement du récepteur (par exemple une montre de sport) est déterminé en mesurant la distance à plusieurs satellites. Si la liaison avec un ou plusieurs satellites est impossible ou limitée, il en résulte une imprécision.
Nous avons décidé de réaliser un test pratique afin de nous rendre compte des potentielles erreurs en course. Cet essai s'est déroulé en deux étapes: d'abord sur un vélo électrique sur le parcours fermé et aménagé de Lucerne, puis à pied lors du semi-marathon, les conclusions se recoupant assez bien. La montre ne disposait volontairement pas d'un fichier de parcours GPSX pour le test.
Dès le premier kilomètre en course à pied, l'écart par rapport aux panneaux kilométriques officiels est de 30m en moins, auxquels s'ajoutent 40m de moins au deuxième kilomètre. Les immeubles de la Haldenstrasse et le grand toit du KKL semblent être responsables de ces imprécisions.
Ensuite, la trace enregistrée par le GPS mène au lac (une ligne tout sauf directe) avant que, dans la vieille ville, l'influence négative des immeubles se confirme à nouveau.
A partir du troisième kilomètre, l'enregistrement GPS devient de plus en plus précis. A part quelques virages à 90 degrés mal recensés sur la montre (20m de plus) près de l'école cantonale Alpenquai, la ligne qui traverse la presqu'île de Horw est très précise - jusqu'au kilomètre 9, les données GPS coïncident d'ailleurs exactement avec les mesures officielles du parcours. Ici, le terrain est très ouvert et il n'y a que des constructions disséminées. Ce sont des conditions de laboratoire pour les liaisons par satellite. Sur le 10e kilomètre, ces liaisons sont légèrement impactées par le terrain plus abrupt (30 mètres en moins).
Mais l'écart le plus évident se produit dans les passages en milieu urbain dense (par exemple près du KKL), car comme dans un tunnel, il n'y a de fait aucune liaison avec les satellites GPS. Dans une telle situation, la montre poursuit la trace qui était en train d'être faite (un peu comme en voiture, lorsque vous vous engagez sur une route non répertoriée et que votre véhicule continue à progresser tout droit sur l'écran).
Si vous obliquez à 90 degrés à gauche ou à droite pendant ce laps de temps, la montre n'enregistrera votre tracé que bien plus tard, c'est-à-dire lorsqu'elle sera à nouveau reliée aux satellites. Or de tels angles de 90 degrés existent dans tous les passages en milieu urbain dense.
Dans ce cas de figure, les petites imprécisions s'accumulent et contribuent à augmenter le risque d'erreur final.
Lors de notre test en course à pied, notre montre a indiqué une distance totale de 21,51 kilomètres effectués, bien que le parcours du semi-marathon mesure officiellement 21,0975 kilomètres. Conclusion: avoir une montre connectée permet de se faire une idée de la distance parcourue, mais selon l'environnement dans lequel la course est faite, le GPS ne peut être totalement précis.