Les images font froid dans le dos. Lorsqu'Adam Yates est tombé à 46 kilomètres de l'arrivée, mercredi en milieu de peloton, le choc a été terrible. Sa tête a violemment heurté la route, rappelant une nouvelle fois à quel point le port du casque à vélo peut sauver des vies.
D'abord sonné, Adam Yates est rapidement remonté sur sa machine, comme le veut la coutume en course. Il en faut souvent plus pour que les forçats de la route n'en viennent à renoncer. Yates - sur le podium des quatre dernières éditions du Tour des Emirats arabes unis - n'a abandonné que bien plus tard, dans l'ascension de Jabel Jais à 10 kilomètres du but. Il semblait désorienté en descendant de son vélo, souffrant d'une inéluctable commotion cérébrale.
Adam Yates abandons the UAE Tour ❌
— Eurosport (@eurosport) February 21, 2024
The UAE Team Emirates rider is forced to withdraw from the race after a horrible crash earlier on in Stage 3 🤕💥#UAETour2024 pic.twitter.com/4ghVCoXFW3
L'incident rappelle évidemment celui de Stefan Küng. Le Suisse a lui aussi lourdement chuté, c'était lors du contre-la-montre des Championnats d'Europe à Emmen (Pays-Bas). Il avait terminé l'épreuve alors qu'il souffrait également d'une commotion cérébrale.
Küng nous confiait il y a peu que repartir avait été naturel pour tout le monde. Aussi bien pour lui que son staff. Il estimait néanmoins que cela avait été une erreur et que de telles situations ne devaient plus se reproduire.
C'est d'ailleurs pour éviter ce syndrome qu'il existe des protocoles dans de nombreux sports, avec une évaluation initiale immédiatement après le traumatisme. Stefan Küng nous rappelait qu'au foot US, une fois le cérémonial instauré, il avait néanmoins fallu un certain temps pour qu'il soit appliqué.
Il existe un tel protocole en cyclisme. Depuis 2020, après que Romain Bardet a parcouru 90 kilomètres avec une commotion cérébrale lors du Tour de France 2019. Avant cela, certaines équipes avaient le leur. Aujourd'hui, il semblerait que les procédés mis en place ne suffisent pas. Certains coureurs touchés sont en effet autorisés à repartir. Cela est bien entendu dû à la nature de l'activité, qui n'offre aucun temps mort, aucun répit. Incomparable avec le rugby, où l'on remplace le joueur, et où l'on prend véritablement le temps de l'examen, avec une longue série de questions, sur l'état de santé (par exemple, avez-vous des maux de tête?) et la vie de tous les jours (dans quel stade sommes-nous?).
Le protocole commotion en cyclisme doit-il être renforcé? Devrait-on modifier les règlements, et pénaliser lorsqu'un examen est effectué à la va-vite ou même oublié? Ne pourrait-on pas au contraire prendre le temps du diagnostic, quitte à permettre au coureur de reprendre sa place dans le peloton, plus tard à l'aide de sa voiture, si le protocole est ordonné par un médecin référent?
Il ne se passait rien en course hier au moment de la chute d'Adam Yates. Nous étions encore loin de l'ascension finale: une montée sèche. Dans une telle situation, cela aurait sans doute été possible. Le cas de Stefan Küng est encore différent, puisqu'il s'agissait d'un contre-la-montre et qu'il semble difficile de geler les temps.