Le regard noir et les gesticulations de Remco Evenepoel ont marqué les premiers coups de pédale de cette Vuelta 2023, dans les rues de Barcelone. Le chrono par équipes a fait jaser et les chutes à répétition de la veille se sont répétées le lendemain.
Le Belge, jamais avare de propos virulents, avait pesté sur les conditions de course après avoir franchi la ligne d'arrivée du chrono par équipes.
Qualifiée par des internautes «de pire grand départ de tous les temps», la première étape de la Vuelta a essuyé l'ire des coureurs, avant que le supplice ne s'étire sur la deuxième étape: le peloton affrontait une nouvelle météo défavorable, un tracé glissant; les organisateurs de la boucle espagnole n'ont pas dû beaucoup dormir. Pire, ils ont été la risée du monde entier après la diffusion d'images montrant les commissaires de course consulter les vidéos et photos prises par des spectateurs pour officialiser les ordres de passage au point de bonification.
Un cauchemar organisationnel et une horde de coureurs révoltés, cette édition du Tour d'Espagne fait peine à voir.
Daniel Atienza concède «l'aberration de voir des coureurs finir dans la nuit», il souligne la malchance des organisateurs avec les conditions climatiques (très) difficiles.
Selon le consultant de la RTS, «les deux premières étapes auraient pu être fantastiques. Mais ce week-end, on se croyait dans une course amateur. C'est le World Tour!»
Confusión para conocer el orden de paso en el punto bonificado. El comisario de carrera pregunta a aficionados si han grabado la llegada de los ciclistas. #LaVuelta23 pic.twitter.com/CMca3ASPJy
— Raúl Banqueri (@raulbanqueri) August 27, 2023
Toutefois, Atienza refuse de résumer la Vuelta à ces deux étapes. Il se remémore un Tour de Catalogne où «tout le monde a fini sur les fesses» sur ce même circuit de Montjuic, à Barcelone, emprunté par le peloton dimanche. Il rappelle le jeu de massacre lors du Tour de France 2020, avec une ville de Nice arrosée par la pluie et un bitume transformé en patinoire. Selon le natif de Moudon, même refrain: «Barcelone sous la pluie, c’est une patinoire.»
Compte tenu des circonstances, c'était une bonne raison pour les grands leaders de miser sur la prudence et éviter la casse physique. «Les poids lourds ont transmis le sentiment général du peloton: un ras-le-bol», cadre Daniel Atienza.
Des mésaventures qui nourrissent les mauvaises langues, celles qui parlent du parent pauvre des grands Tours. L'Espagne est pays de vélo, celui des équipes mythiques de la Once, la Kelme, Euskaltel ou Banesto. Mais le Tour d'Espagne, pour les amoureux de la bicyclette, occupe probablement la dernière place dans l’échelle du prestige des trois grands Tours - derrière le Giro et le Tour de France.
Souvent cantonnée à cette étiquette de «plus petit des grands», la Vuelta est victime de sa place dans le calendrier, sacrifiée par des coureurs qui ont déjà beaucoup donné depuis le début de la saison. Mais Daniel Atienza avance des contre-arguments valables:
Après la pluie vient le beau temps. Lancés en direction d'Andorre pour la troisième étape, les coureurs de la Vuelta 2023 pédaleront cette fois-ci sous un temps sec. Place au spectacle et les organisateurs retrouveront leur sourire peu à peu, après quelques bancs orageux.