Il a d'abord été à Santa Margherita di Pula, puis à Rome, et dernièrement à Francavilla al Mare. Il se rendra prochainement à Vicence. Pas pour profiter de la dolce vita, cette douce oisiveté à laquelle nous, les Suisses, aimons nous adonner en vacances en Italie. Dominic Stricker, lui, se bat de l'autre côté des Alpes pour son avenir sportif. Il enchaîne les challengers dans le but de se relancer.
Il y a un an et demi, à 20 ans, le Bernois atteignait les huitièmes de finale de l’US Open et figurait parmi les 100 meilleurs joueurs mondiaux. Mais des problèmes persistants au dos l’ont tenu éloigné des courts pendant six mois. Pire, à son retour à la compétition, les résultats n'ont plus été au rendez-vous: seulement quatre victoires en 2024.
A cela, se sont ajoutés des problèmes personnels, notamment la rupture avec ses parents – sa mère Sabine et son père Stephan, qui était aussi son agent. Selon la NZZ, ce dernier, au tempérament exigeant, avait provoqué des tensions en critiquant à plusieurs reprises Swiss Tennis, estimant que la fédération soutenait insuffisamment son fils. Face à autant de soucis, des rumeurs, finalement démenties par Stricker dans les colonnes de CH Media, groupe auquel watson appartient, annonçaient sa fin de carrière imminente en fin de saison dernière.
Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts. Bien qu'ils aient joué ensemble en double en avril dernier, Dominic Stricker et son coach Dieter Kindlmann se sont récemment séparés, après une collaboration de deux ans. Ils assurent être restés en bons termes.
Autre grande nouvelle: même si le changement n’a pas encore été inscrit au registre du commerce, pour des raisons fiscales, Stricker aurait pris le contrôle de la «Dominic Stricker GmbH», selon une source proche du dossier. Jusqu’ici, ses parents contrôlaient ses revenus et son patrimoine. Or le 258e joueur mondial aspirait à plus d'autonomie.
Sportivement, le renouveau est là: le Suisse a récemment atteint une demi-finale en Challenger et a gagné quelques places au classement ATP, après être sorti du Top 300 en début d’année. Sa position reste cependant inconfortable. Trop bien classé pour arrêter, pas assez pour vivre décemment de son sport. Ses gains pour cette demi-finale à Santa Margherita di Pula s’élèvent à seulement 905 dollars, ce qui signifie qu’il perd de l’argent en jouant.
Cette situation le place dans une impasse sportive et financière: il ne peut ni offrir un salaire fixe attractif à un entraîneur, ni le convaincre en lui reversant un pourcentage sur de futurs gains alléchants. De plus, le marché des entraîneurs qualifiés est à sec. Les meilleurs techniciens sont déjà engagés avec les stars du circuit, capables de garantir une stabilité financière.
Swiss Tennis joue ici un rôle salvateur. La fédération met à disposition de Dominic Stricker les infrastructures du centre national situé à Bienne, où il peut travailler sa condition physique en compagnie de Beni Linder. Le Bernois bénéficie également du soutien temporaire de Michael Lammer, vainqueur de la Coupe Davis en 2014, et désormais responsable des jeunes, ainsi que de l'entraîneur national Kai Stentenbach.
Alessandro Greco, responsable du haut niveau chez Swiss Tennis, l’aide aussi dans sa réorganisation, notamment pour trouver une nouvelle équipe de management. Dominic Stricker a emménagé dans un appartement à Berne, assume ses responsabilités et s’entraîne dur, confirment ses proches.
Mais le chemin du retour est difficile. Sa chute au classement mondial l’empêche de participer aux qualifications des Internationaux de France, qui débuteront la semaine prochaine. En 2020, Stricker avait remporté le tournoi juniors à Paris. Trois ans plus tard, c'est du côté de la porte d'Auteuil qu'il débutait en Grand Chelem.
Mais qui sait, peut-être que cette absence se révélera être une chance. Elle pourrait en effet lui permettre de participer à l'Open de Genève, organisé la même semaine. Un tournoi où il avait atteint les quarts de finale en 2021. Les chances sont bonnes pour que Dominic Stricker reçoive une wild card, comme à l’époque.