La bande de Gaza — 41 kilomètres de long pour plus de deux millions d'habitants — est sans conteste l'un des territoires les plus densément peuplés au monde. C’est aussi là, dans cette petite enclave, que l’on enregistre un nombre insensé d’amputations. En 2019, selon le Comité International de la Croix Rouge, Gaza comptait quelque 1600 amputés. Un chiffre qui venait de bondir, après les affrontements en marge de la «Marche du retour».
Dans la région, la récente escalade de la violence fait craindre le pire aux populations civiles, d'autant que le Premier ministre israélien, Benjamin Natanyahu, a promis «l’enfer au Hamas».
Le système de santé gazaoui, déjà affaibli en raison d'une pauvreté extrême et du blocus infligé par Israël, est une nouvelle fois mis à l’épreuve. Dans l’urgence, et face aux manques de moyens, les amputations pourraient être, trop souvent, l'unique recours.
Ashraf al-Qedrah, porte parole du ministère de la Santé de Gaza, exprimait récemment son inquiétude à l’AFP, au sujet des conditions actuelles dans les hôpitaux gazaouis.
Que reste-il aux personnes amputées, dans un territoire comme celui de Gaza, rongé par la pauvreté, et où, selon l’ONG israélienne B’Tselem, le taux de chômage atteignait 47% au premier trimestre 2022? Pas grand chose.
C’est dans ce contexte que le sport, vecteur d’intégration et de lien social, a progressivement trouvé sa place à Gaza.
Sous l’impulsion des organisations non gouvernementales, plusieurs initiatives ont vu le jour ces dernières années, pour amener les Gazaouis en situation de handicap vers la pratique du sport. Et s'évader, un instant, le temps d'un match. Puis, se reconstruire, avant de cibler de nouveaux objectifs, sportifs et personnels.
Lui s'appelle Alaa A-Dali. Il est amputé de la jambe depuis qu'il a été touché par une «balle explosive». Dans l'affaire, il n'a pas seulement perdu un membre. Son espoir, son rêve de représenter la Palestine dans une compétition internationale de cyclisme et sa détermination se sont également envolés, comme il le raconte à The Associated Press.
En 2019, blessé dans sa chair et son âme, il fonde les «Gaza Sunbirds», la première équipe para-cycliste gazaouie. Après des débuts «humbles», le club a vite grandi, et ils sont aujourd'hui une quinzaine à pédaler chaque semaine dans les rues de Gaza. Du moins, ils l'étaient, jusqu'à la reprise du conflit.
Dans la bande de Gaza, plusieurs clubs de handi-foot ont vu le jour, des suites du conflit israélo-palestinien. En 2021, ils étaient cinq, accueillant au total 80 joueurs amputés. Un contingent important, qui a motivé la fédération palestinienne de football à se lancer dans la création d'une équipe nationale, composée de 20 Gazaouis, tous amputés.
Le projet, mené en coopération avec le Comité international de la Croix-Rouge, est sérieux. L'objectif: qualifier à terme la sélection pour les compétitions internationales, notamment la Coupe du monde de football pour amputés. L'équipe n'a pas su valider son billet pour l'édition 2022, terminant 4e des qualifications de l'Asie de l'ouest. Ce n'est que partie remise.
Hassan Abou Karim est l'un des premiers à avoir porté le maillot de la sélection. Sa blessure remonte à 2006, touché par un raid aérien. Comme le rapportait l'AFP, son objectif, au moment de l'annonce de la création de l'équipe, était double: «s'épanouir sur le terrain» et «représenter la Palestine à l'étranger». Même son de cloche pour Ahmed Abou Nar, dont la blessure est plus récente, survenue lors des manifestations de la «Marche du retour».
À Gaza, le parkour a la cote chez les jeunes. Au milieu des ruines, ils trouvent un terrain de jeu adapté à la pratique. Parmi les passionnés, l'un se démarque: Mohamed Aliwa, unijambiste, que les béquilles n'empêchent pas de virevolter.
VIDEO: Using crutches, Palestinian Mohamed Aliwa leaps from one concrete slab to another, determined that his missing leg won't stop him doing parkour, a sport that brings respite from grim reality in Gaza pic.twitter.com/RjX7LKMKj5
— AFP News Agency (@AFP) January 25, 2021
Sa vie a basculé lorsqu'il était encore mineur, comme on l'append dans un portrait réalisé en 2021 par l'AFP. Mais l'amputation ne l'a pas empêché de pratiquer cette discipline qu'il aime tant, bien au contraire.
Loin des millions qui entourent parfois le sport professionnel, en Europe ou ailleurs, ces athlètes inspirent par leur parcours, semé d'embuches.