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Giro 2023: Pinot, Armstrong, Vaughters, la Commedia dell'arte

Thibaut Pinot a tout donné dans ce Giro 2023 et s'est montré attaquant dans l'âme. Hélas, il a fini à la deuxième place de l'étape.
Thibaut Pinot a tout donné dans ce Giro 2023 et s'est montré attaquant dans l'âme. Hélas, il a fini à la deuxième place de l'étape. Keystone

Pinot, Armstrong, Vaughters: la Commedia dell'arte sur le Giro

Thibaut Pinot s'est fait dézinguer par le directeur sportif de l'équipe EF Education-Easy Post, Jonathan Vaughters, sur Twitter. L'affrontement s'est transformé en triangle, Lance Armstrong s'est immiscé en décochant un uppercut venu de nulle part.
22.05.2023, 18:5423.05.2023, 09:09
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D'un côté du ring, Jonathan Vaughters, manager de l'équipe EF Education-Easy Post, 49 ans, ancien lieutenant de la cohorte US Postal et retraité depuis 2003. De l'autre côté, Thibaut Pinot, Franc-Comtois de 32 ans, attaquant infatigable de la formation FDJ, aussi poissard que populaire dans l'Hexagone. Et pour arbitrer ces deux-là, Lance Armstrong, septuple vainqueur du Tour de France, incarnant tous les démons et les dérives du cyclisme professionnel.

Mais pourquoi mettre ces trois individus sur le ring des réseaux sociaux où les railleries et autres insultes pleuvent? La faconde de Vaughters a visé lâchement le Français, qui n'avait rien demandé.

«Suceur de roues»

L'objet de cette dispute virtuelle a pris sa source à Crans-Montana, lorsque Pinot s'est fait brûler la politesse sur la ligne par Einer Rubio (Movistar). Pinot avait une dent contre Jefferson Cepeda, qui n'a fait que sucer sa roue. Le fameux dilemme moral autour du «suceur de roues», entre la mansuétude que nous accordons au coureur épuisé qui s'accroche dans un sillage et les critiques que nous adressons à celui qui se pare d'excuses pour ne pas prendre un relais. Dans le milieu, ce dernier est taxé de «parasite».

Sans précaution oratoire, Pinot avait pesté face aux médias. Il avait déclaré qu'il aurait «mis ses tripes pour ne pas le laisser partir (réd: Jefferson Cepeda)». Une phrase que Vaughters, manager de Cepeda, n'a que très peu apprécié visiblement.

Au surlendemain de l'étape valaisanne, après la deuxième place de son coureur Ben Healy lors de la quinzième étape (battu par Brandon McNulty), l'Américain s'est amusé à en remettre une couche dans un tweet piquant.

L'étincelle:

«Fier de voir que Ben Healy a félicité le vainqueur et n'est pas venu pleurer devant les médias pour expliquer que la vie est parfois injuste. Belle attitude. Belle personne. Beau coureur»
Jonathan Vaughters

Interrogé par un utilisateur, Vaughters en remet une couche pour le plaisir:

«Pas sûr que Thibaut Pinot parvienne à lire ceci à travers ses larmes»

Twitter s'embrase quand vient le temps de la réponse de Thibaut Pinot himself:

«Qui êtes-vous?»
Thibaut Pinot

Et une contre-attaque venue de nulle part vient clouer tout un peloton de fans de cyclisme:

«Un putain de clown. En tout cas sur la base des 30 années et plus que je le connais»
Lance Armstrong

Lance Armstrong, toujours aussi fringant même derrière son écran, a donné un coup de guidon brusque pour venir écorner son vieil ami Vaughters - passé à l'ennemi après ses révélations concernant le train-train du dopage chez Armstrong.

Pinot l'avait fait en 2016

Les combines du passé ont donc dressé Lance Armstrong en défenseur de Pinot. Le Français, celui dont on loue le panache et l'esprit offensif, a peut-être aussi la mémoire courte: on lui avait également reproché de ne pas avoir pris un relais ce 11 juin 2016, à Méribel, quand il s'était accroché au porte-bagage de Romain Bardet pour le coiffer sur la ligne lors du Dauphiné Libéré. La raison? Une attaque avait fait très mal à Pinot, à trois bornes de la banderole. Se sentant moins fort, il s'était appliqué à suivre des coups de pédale du coureur AG2R. Difficile de lui reprocher, tout comme la tactique (très semblable) employée... par le vainqueur Rubio ce 19 mai 2023.

Difficile de critiquer des tactiques en course, de mesurer l'état de fraîcheur d'un coureur, surtout quand les ordres viennent des directeurs sportifs. Pour le Français, les oreillettes étaient sur off: «Moi je voulais l’étape et, dans le final, à l’oreillette, je dis: "J’en fais qu’à ma tête, laissez-moi tranquille"». Pour la stratégie, on repassera. Mais pédaler au feeling n'est pas courant, pour beaucoup, et le Français a payé pour son panache. Mais Pinot n'en démord pas et dit «qu'il ne calculait pas ses efforts, eux n'ont fait que ça».

Cette petite guerre virtuelle renvoie à la fameuse problématique du «suceur de roues», avec un petit soupçon de piment d'ombre du passé. Grâce à Twitter, l'ambiance morose du Giro a été comblée. Voyons si la journée de repos calmera les esprits, mais Pinot aura sûrement à coeur de répondre à l'invective du boss des EF Education-Easy Post pour attaquer couteau entre les dents le Monte Bondone, lieu choisi pour clore une seizième étape attrayante.

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