2022 a été une année très spéciale pour les responsables suisses de la lutte contre le dopage, et ce pour plusieurs raisons. Sur le plan médiatique, Swiss Sport Integrity, nom donné à la fondation depuis près de 16 mois, a fait la une des journaux en raison des cas de dopage célèbres du sprinter Alex Wilson et du vététiste Mathias Flückiger. Ces deux affaires ont fait parler d'elles et ne sont pas encore closes.
En termes de capacité, le nouveau service de signalement et d'enquête pour d'éventuels manquements à l'éthique et irrégularités dans le sport suisse a poussé l'organisation à la limite. En raison des 264 signalements et des 42 procédures d'enquête ouvertes, les effectifs et le budget ont dû être revus à la hausse.
Le fait que 127 de ces signalements étaient encore en cours de traitement à la fin de l'année et que sur 42 procédures, seules quatre ont abouti à un jugement, montre d'une part la charge de travail et d'autre part la complexité de ces enquêtes. Souvent, en cas de manquement potentiel à l'éthique, c'est parole contre parole.
Le juriste argovien Markus Pfisterer, qui dirige ce bureau des signalements, explique que les investigations sont plus étendues et que les procédures durent plus longtemps que ce qui était souhaité au préalable. Mais Markus Pfisterer se justifie ainsi:
Swiss Sport Integrity fortement sollicitée en première année d'existence.
— Swiss Sport Integrity (@SwissSportInt) April 19, 2023
Communiqué de presse sur le rapport annuel 2022 ➡https://t.co/S8b9IG8fAY#ProtectingOurSport #cleansport @baspo_magglingen @swissteam pic.twitter.com/azFBg5Czuq
Le cas d'une entraîneuse biélorusse du centre de performance de trampoline à Liestal (BL) a récemment attiré l'attention des médias. Cette procédure concernant des incidents potentiels de manquement à l'éthique dure depuis plus d'un an.
Ulrich Kurmann, président de Swiss Sport Integrity, souligne dans le bilan annuel que, suite à l'afflux de demandes auprès du bureau d'information indépendant et à l'incertitude perceptible chez les entraîneurs, «des mesures de prévention efficaces doivent maintenant être mises en place de manière urgente et rapide». C'est l'association faîtière Swiss Olympic qui est compétente en la matière. Kurmann demande également plus de moyens financiers à long terme.
Le directeur de Swiss Sport Integrity, Ernst König, annonce un nombre record de 2329 contrôles antidopage. Deux tiers d'entre eux ont eu lieu en dehors des événements sportifs. Le cyclisme a été le sport le plus contrôlé (676 contrôles), suivi de l'athlétisme (345) ainsi que du hockey sur glace (190), de la natation (171) et du ski de fond (168).
Dans la lutte moderne contre le dopage, les échantillons d'urine ou de sang positifs ne sont plus qu'une minorité de cas à l'origine de condamnations ultérieures. Les informations fournies par les lanceurs d'alerte et les livraisons de produits dopants interceptées sont tout aussi essentielles.
Ernst König confirme que des informations fournies par des initiés ont permis d'aboutir à des procédures dans plusieurs cas. Entre-temps, un nombre record de 1115 envois de produits ont été interceptés lors des contrôles à la frontière. Dans la grande majorité des cas, il s'agit d'anabolisants qui stimulent la musculature.
Même si un grand nombre de ces commandes n'étaient pas destinées au sport de compétition, il en a résulté plusieurs sanctions prononcées dans ce milieu en 2022. Il y en a eu sept, avec des suspensions pouvant aller jusqu'à 48 mois. Dans un cas, la Chambre disciplinaire du sport suisse a prononcé un acquittement.
Swiss Sport Integrity a également investi comme jamais auparavant dans la formation antidopage. Outre l'accent mis sur la relève, des efforts ont été consentis dans la formation des entraîneurs et, pour la première fois, auprès des parents de jeunes athlètes.
Au total, près de 5000 personnes issues du sport de compétition ont suivi l'une des 196 formations. Les dépenses annuelles de Swiss Sport Integrity sont passées à 6,6 millions de francs au total en 2022.
Adaptation en français: Yoann Graber