Daniil Medvedev et Alexander Bublik avaient égayé la journée des fans de tennis, le dimanche 22 juin. Après leur finale à Halle (remportée par Bublik), les deux hommes s'étaient livré une bataille à la douche de champagne. Un moment de complicité et de déconnade qui a fait du bien au tennis, en lui amenant un peu de fraîcheur. Moins de deux semaines plus tard, à Wimbledon, le Russe et le Kazakh ont troqué le mousseux pour une soupe à la grimace bien acide.
A la surprise générale, tous deux ont été éliminés dès le 1er tour. Et autant l'un que l'autre a dépassé les bornes, avec un comportement détestable envers l'adversaire. Plus particulièrement: des moqueries.
Médusé par la résistance que lui opposait le Français Benjamin Bonzi, Daniil Medvedev a persiflé à voix haute, dans la langue de Molière (qu'il maîtrise parfaitement) à la fin du premier set:
La séquence a fait le buzz et créé le débat sur les réseaux sociaux. Si certains internautes y voient un hommage au niveau de jeu – ce jour-là – de Benjamin Bonzi, je détecte, de mon côté, beaucoup de mépris de la part de Medvedev pour l'actuel 64e joueur mondial (dont les résultats, cette année, sont il est vrai en dents de scie). Il sous-entend que son adversaire n'est pas bon le reste du temps.
Je pourrais comprendre les défenseurs du Russe qui argumenteraient que ses propos ne sont que du trash-talking et qu'ils permettent de pimenter le match. Mais dans ce cas précis, l'argument ne tient pas: Medvedev ne s'adresse pas directement à Benjamin Bonzi. Ainsi, il ne fait que tourner en ridicule le Français, en prenant le public à témoin, sans que Bonzi ne puisse riposter. C'est vicieux, irrespectueux, anti-sportif. Bref, c'est nul.
On a aussi affaire ici à un sacré manque de modestie, puisque Medvedev fait comprendre qu'il ne peut être battu que par des surhommes d'un jour, mais pas par un tennisman normal. Sans parler de la seul valeur qu'il associe au plaisir de la victoire: le pognon...
Alexander Bublik a fait dans le même genre avec Jaume Munar. Bousculé puis battu par un joueur pas du tout spécialiste du gazon, le tout frais vainqueur de Halle a lâché à son box (et aux premières rangées des gradins), en parlant de l'Espagnol, un sarcastique:
Comme Bonzi, Munar n'a eu aucune possibilité de contre-attaquer, puisqu'il n'a pas entendu les mots du Kazakh.
Ce dernier estime donc aussi qu'il ne peut être dominé que par un adversaire qui se transformerait tout à coup en Novak Djokovic (recordman de titres en Grand Chelem, connu notamment pour son excellent déplacement).
Comme avec Medvedev, les internautes se déchirent sur l'attitude de Bublik. Certains applaudissent une nouvelle inspiration humoristique de ce joueur autant réputé pour ses frasques et ses punchlines que pour ses résultats. Les autres dénoncent l'arrogance et l'irrespect. Je fais partie des seconds.
Et ce même si j'apprécie souvent les fantaisies du Kazakh, qui rendent savoureux un match de tennis. Il y a par exemple les services surprises à la cuillère, les coups frappés avec le manche de la raquette et même les chips piquées à des spectateurs.
Je comprends et peux tolérer ses excès de colère (quelques raquettes cassées). Ceux de Daniil Medvedev aussi, d'ailleurs (aboiements contre l'arbitre ou son propre entraîneur, contre la surface – surtout la terre battue – ou encore destruction d'une caméra). Car n'importe qui a déjà joué au tennis sait à quel point ce sport peut être frustrant.
Mais la moquerie gratuite envers l'adversaire pour évacuer cette frustration est inacceptable.