Lionel Messi a donc été suspendu deux semaines par le Paris Saint-Germain pour avoir séché l'entraînement de lundi. Il a déserté la capitale française afin de se rendre en Arabie saoudite. Pour la star, accompagnée de sa famille, il ne s'agit pas de petites vacances, mais bien d'une affaire très lucrative. Et vous allez vite comprendre que les menaces du PSG de ne pas payer son prodige argentin le temps de sa suspension n'ont pas de quoi inquiéter ce dernier.
Depuis mai 2022, Lionel Messi entretient un partenariat commercial avec Visit Saudi, l'office du tourisme de l'Arabie saoudite. Sa mission est simple: prêter son image au pays du Golfe en vantant les beautés (géographiques et culturelles) de celui-ci via des publications sur les réseaux sociaux. Exemples:
Mais Lionel Messi ne fait pas la promotion du royaume par pure admiration: selon The Athletic, l'Argentin toucherait environ 30 millions de francs suisses par année. Oui, les Saoudiens ont mis le paquet pour s'offrir les services d'ambassadeur du Parisien. Et pour cause: ils ont sans doute voulu éviter un nouveau camouflet après le refus de Cristiano Ronaldo d'endosser ce rôle pour 5 millions de francs annuels, comme le rappelle The Athletic.
I am pleased to welcome Lionel Messi to Saudi Arabia We are excited for you to explore the treasures of the Red Sea, the Jeddah Season and our ancient history.
— Ahmed Al Khateeb أحمد الخطيب (@AhmedAlKhateeb) May 9, 2022
This is not his first visit to the Kingdom and it will not be the last! @VisitSaudiNow pic.twitter.com/RDfxFIRjrt
Avec Messi comme ambassadeur, star adulée dans le monde entier, l'Arabie saoudite a fait fort. Grâce à ce partenariat, l'Etat du Golfe souhaite embellir son image à travers le globe, histoire notamment d'attirer de nombreux touristes. Cette action s'inscrit dans le plan «Vision 2030» lancé par le gouvernement, qui vise à diversifier une économie jusque-là quasiment exclusivement dépendante des exportations pétrolières. Et, pour les Saoudiens, la variation de leurs sources de revenus passe obligatoirement par une ouverture au monde.
Mais l'embellissement de cette image n'est de loin pas encore acquis: l'Arabie saoudite, dirigée par le prince héritier Mohammed ben Salmane, est régulièrement accusée d'atteintes graves aux droits fondamentaux de ses citoyens. De quoi compromettre Lionel Messi, dont le rôle est critiqué, y compris à l'intérieur du royaume. «Ce qui me pose problème, c'est Messi, l'individu qui se fait un outil pour le lavage sportif saoudien. Il s'est vendu au diable», accuse Khalid Al-Jabri, un Saoudien dont le frère et la sœur ont été emprisonnés par le régime.
Pour d'autres, l'acoquinement entre la star du PSG et l'Arabie saoudite est d'autant plus étrange que le royaume est un concurrent de l'Argentine, son pays d'origine, pour l'organisation de la Coupe du monde 2030.
La position de Messi entre ses employeurs qataris au Paris Saint-Germain et ses mandataires saoudiens pose aussi des questions. Jusqu'en 2021, le Qatar et l'Arabie saoudite, deux rivaux pour la suprématie économique dans le Golfe, n'entretenaient plus aucune relation diplomatique. Depuis, leurs rapports se sont réchauffés, notamment lors de la Coupe du monde au Qatar où l'on a pu voir l'émir du pays hôte, Tamim ben Hamad Al Thani, côte à côte avec le prince héritier saoudien.
Mais reste cette interrogation: le PSG aurait-il autant sanctionné Messi s'il s'était absenté pour une mission diplomatique ou commerciale dans un autre pays que l'Arabie saoudite? Parce qu'il n'empêche: quand on travaille à la Migros, difficile d'aller faire ses achats à la Coop, et vice-versa.