L'Angleterre a remporté le Tournoi des VI Nations féminin en battant la France (43-42), le week-end dernier lors de la «finale» disputée à Twickenham.
La compétition étant fermée, aucune chance de voir la Suisse évoluer à pareil niveau. Cependant, le XV féminin de l'Edelweiss n'était pas non plus engagé cette année dans l'une des ligues inférieures du championnat d'Europe. Un fait quelque peu surprenant, à une période où le rugby suisse est en progression. Rappelons que les hommes ont pris part cet hiver au Tournoi «B» des VI Nations: une première.
Ce n'est pas la première fois que les compétitions européennes se déroulent sans la présence des Suissesses. D'ailleurs, leur dernière participation remonte à l'exercice 2021/2022. A l'époque, elles avaient terminé dernières de la poule A du Trophy, le troisième niveau continental, battues par la Suède, la Finlande et la Tchéquie. Les filles de Billy Valentine étaient auparavant de toutes les campagnes européennes ou presque.
Dès lors, pourquoi la Suisse ne parvient-elle plus à présenter une équipe, même à l'échelon le plus bas du rugby européen? «Nous n'avons pas en seniors l'effectif suffisant pour pouvoir rivaliser sportivement dans une compétition internationale, qui plus est sans risquer de mettre en danger nos joueuses», explique à watson Gilles Mariau, CEO de Suisse Rugby, en référence à un sport où les importantes différences de niveau ne sont pas permises et peuvent même être parfois dangereuses.
Un élément en particulier illustre les difficultés rencontrées sur le terrain et les risques encourus: l'âge avancé de certaines joueuses. Les piliers Angela Stadelmann et Sabrina Walti ont désormais 40 ans, alors que la deuxième ligne Judith Oriwal en aura bientôt 45.
Il semblerait donc que la Suisse ait subi un important trou générationnel, mais «nous travaillons activement pour reconstruire un groupe de qualité avec un nombre suffisamment étoffé de joueuses prêtes pour ce type de compétition», souligne Gilles Mariau, visiblement confiant pour l'avenir.
Dans l'attente du retour du XV féminin de l'Edelweiss en compétition officielle, l'accent est mis sur les test-matchs, non pas contre des sélections, mais face à des clubs. «Notre direction technique travaille avec le staff de l'équipe féminine pour trouver des matchs amicaux ces prochains mois. Une rencontre a été organisée contre l'équipe d'Heidelberg (réd: un club allemand) en novembre dernier et un match était programmé en mars 2025 contre une sélection universitaire de Lyon, que cette dernière a dû malheureusement annuler», précise le CEO de la fédération.
Du fait de la situation actuelle, Suisse Rugby se concentre également pleinement sur le rugby à 7: un jeu d'évitement plutôt que de contact, par ailleurs plus accessible, puisqu'il nécessite moins de joueuses de haut niveau. Oumou Barry ou les Rochelaises Julie Gaudin et Louise Kuss sont de celles qui doublent. Elles seront engagées cette année en «Seven» Trophy Series, le deuxième échelon continental, deux ans après avoir remporté la Conférence I.
L'objectif cette année sera encore le maintien. Mais qu'en est-il des ambitions du rugby suisse féminin au-delà de 2025? «Nous visons l'inscription de notre équipe U18 de rugby à XV au Trophy au cours des cette olympiade», détaille Gilles Mariau. Le premier pas vers une réinscription, «à plus long terme», du XV féminin de l'Edelweiss dans la ligue la plus faible du championnat d'Europe: la Conférence nouvellement créée cette saison chez les féminines.