La cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a pris jeudi une décision potentiellement cruciale pour l'avenir du football européen. Celle-ci a de quoi mettre fin au monopole de la Fifa et de l'UEFA sur les compétitions internationales de clubs, ouvrant ainsi la porte à la Super League, une compétition dissidente qui veut prendre la place de la Ligue des champions et des coupes d'Europe.
La CJUE a estimé que les règles de l'UEFA et de la Fifa «violent le droit de l'Union européenne» en étant «contraires au droit de la concurrence et à la libre prestation de services».
Même si cette décision de justice contient des subtilités et ne vise pas spécifiquement la Super League (une compétition qui «ne doit pas pour autant être nécessairement autorisée»), elle empêche l'UEFA d'interdire aux clubs et joueurs de participer à une épreuve organisée par une autre instance.
La nouvelle a forcément revigoré les partisans de la Super League et la société qui la promeut, A22 Sports Management. Le CEO de cette dernière, l'Allemand Bernd Reichart, a par exemple déclaré:
Cette étincelle pour la renaissance du projet de Super League a fait réagir de nombreux clubs européens jeudi. Il y a d'abord les pro-Super League, qui sont très minoritaires. Parmi eux, on compte le Real Madrid (son président Florentino Pérez est le porte-parole le plus notoire de la Super League) et le FC Barcelone, tous deux déjà à la base – avec dix autres clubs – de l'initiative née en avril 2021 et qui sont les seuls à être restés sur leur position. Ils peuvent désormais compter sur l'appui du Napoli. Le président du champion d'Italie en titre, Aurelio de Laurentiis, s'est félicité de la décision de la CJUE.
La Super League compte aussi de farouches opposants, notamment le PSG.
Son grand rival, l'Olympique de Marseille, est du même avis. «Je considère qu'avoir trois ou quatre compétitions organisées par autant d'organisateurs différents, c'est la catastrophe du football», s'est inquiété le président phocéen Pablo Longoria, affirmant sa loyauté à l'UEFA. De son côté, le Bayern Munich a lui aussi fait part de son attachement à l'instance faîtière et s'est montré catégorique:
De nombreux autres clubs ont exprimé publiquement leur rejet de la Super League cette fin de semaine. Voici une liste non-exhaustive:
Si plusieurs écuries anglaises soutenaient activement le projet en avril 2021, elles ont très rapidement retourné leur veste sous la pression des fans. Le gouvernement britannique planche d'ailleurs sur une loi qui interdira aux clubs du royaume de rejoindre la Super League. Il a confirmé ce jeudi que cette loi sera effective dès le début 2024.
Il est tout d'abord important de préciser que la Super League ne remplacera pas les championnats nationaux ni les coupes nationales, qui continueront de se dérouler comme maintenant. La Super League veut se substituer à la Ligue des champions, l'Europa League et la Conference League, soit trois compétitions internationales organisées par l'UEFA.
Le projet s'est métamorphosé depuis sa création en 2021. Au départ, il était question d'une ligue fermée avec un nombre restreint de (prestigieuses) équipes. Désormais, la société derrière la Super League, A22 Sports Management, prévoit 64 clubs répartis en trois divisions.
Autre nouveauté, et pas des moindres: les matchs de Super League seront disponibles gratuitement pour les téléspectateurs (contrairement à la Ligue des champions, par exemple, de plus en plus privatisée ces dernières années).
«A22 propose de créer la première plateforme de streaming sportif au monde, Unify, qui permettra à des milliards de fans de regarder gratuitement les matchs de la Super League», promet la société basée à Madrid. Son co-fondateur Anas Laghrari a aussi précisé jeudi dans l'émission «l'After» de RMC Sport que ce nouveau média élargira l'offre pour les téléspectateurs:
La Super League a donc des arguments pour convaincre son public. Reste à savoir où cet imbroglio juridique contre l'UEFA mènera et comment les clubs réagiront ces prochaines semaines. Toujours sur RMC Sport, Anas Laghrari a confié que de nombreux clubs qui s'opposaient au projet en public avaient un tout autre discours en coulisses.
Sous-entendu l'UEFA, évidemment.
Même si une bonne partie des championnats du Vieux Continent fait actuellement une pause hivernale, ces prochaines semaines risquent d'être chaudes dans le foot européen...