Intentionnel ou non? Mouvement naturel ou non? Bras tendu ou non? Erreur manifeste d'appréciation ou non? Penalty ou pas penalty? Près de cinq ans après l'introduction de la VAR (Video Assistant Referee) et les adaptations de règles en cours, les questions restent les mêmes qu'avant.
Il n'existe toujours pas de ligne uniforme parmi les arbitres, notamment en ce qui concerne l'interprétation des fautes de main dans la surface de réparation.
C'est vrai, le travail des arbitres n'est pas facile. Beaucoup de choses se passent dans la zone grise. Peu d'acteurs apprécieraient que l'on se contente de dire que «toucher, c'est toucher» ou qu'«une main est une main». Et nombreux sont les spectateurs ou les joueurs qui jugent les situations subjectivement, en fonction de leur appartenance.
Mais pourquoi les arbitres ne parviennent-ils pas à se mettre d'accord sur la direction à prendre? Dans certains cas, les décisions sont réévaluées de fond en comble après avoir consulté la VAR et, par conséquent, même de légers contacts avec la main entraînent des penalties a posteriori. D'autres fois, les arbitres s'en tiennent à l'idée qu'il doit s'agir de fautes claires pour revenir sur leur décision initiale de ne pas siffler.
En Bundesliga allemande, après des semaines de polémique sur des mains trop sévères sifflées après consultation de la VAR, la tendance est à plus de souplesse et de confiance dans la décision initiale.
Et en Super League? Il y a eu une situation rocambolesque dimanche lors du match Lugano - Saint-Gall. Dans les arrêts de jeu, après une possible main non sanctionnée dans les seize mètres tessinois, les Luganais sont partis en contre et ont pu inscrire le 2-0. Mais voilà: après consultation de la VAR, l'arbitre, Monsieur Horisberger, a accordé un penalty à Saint-Gall pour la main du Luganais Mickaël Facchinetti (qui a d'ailleurs reçu un carton jaune pour cette faute) et a, logiquement, annulé le but de Lugano. Le Saint-Gallois Chadrac Akolo s'est chargé de transformer le penalty. On est donc passé de 2-0 pour Lugano à 1-1, le tout à la 95e. Un sacré scénario!
La faute en question? Sur un tir violent, Facchinetti joint ses deux mains devant son torse, apparemment pour se protéger. Manque de bol pour lui, le ballon vient heurter son coude.
En fait, c'est devenu impossible de juger objectivement s'il y a faute ou non. On entend souvent: «On peut la siffler, mais on ne doit pas forcément le faire». Le point de départ pour une ligne claire partagée par les arbitres serait de s'en tenir aux faits. Mais, régulièrement, on est surpris par leurs décisions.
Dans le cas du penalty sifflé contre Mickaël Facchinetti et Lugano, tout serait facile s'il s'agissait d'une faute de main évidente. Philippe Montandon, consultant neutre chez blue Sports, a évalué la situation de la manière suivante:
D'où la question suivante: peut-on corriger la décision initiale de ne pas accorder penalty lorsqu'il y a une marge d'interprétation?
Renato Steffen, attaquant de Lugano et auteur du 1-0, avait logiquement une autre vision des choses:
Le capitaine du FC Saint-Gall, Lukas Görtler, s'est certes réjoui de récolter un point inespéré, mais il a reconnu ne pas être fan de l'interprétation actuelle:
Trois avis différents, mais qui se défendent tous. Aucune ligne arbitrale claire sur ces situations. Une bonne solution à venir? Non, elle n'est pas en vue. (ram/ats)
Adaptation en français: Yoann Graber