Une présence dans la salle de presse déjà 1h30 avant le coup d'envoi, des habits classes mais sobres, quelques small talks avec les confrères et un petit passage à la machine à café: pour qui ne le reconnaîtrait pas, Guillaume Hoarau passerait pour un journaliste sportif classique et routinier ce mardi soir. Et pourtant, l'ancienne star du PSG, Young Boys et Sion s'apprête à vivre sa grande première aux commentaires d'un match de foot, en l'occurrence le duel retour du barrage de Ligue des champions entre YB et le Maccabi Haïfa à Berne sur blue Sport.
Revenu en Suisse il y a quelques jours seulement après une année sur son île natale de La Réunion, il dégage la même coolitude et décontraction que lorsqu'il était joueur. Même avant ce baptême en direct devant des dizaines de milliers de téléspectateurs. «Avant mes concerts, je prends un petit rhum pour me chauffer la voix, mais là, à la TV, on va éviter», se marre le Français, musicien accompli. Aucun trac n'est perceptible chez lui à nonante minutes du début du match. «J'ai toujours eu un caractère à la cool», confirme-t-il.
Mais ne vous y trompez pas: sous ses airs relax, Guillaume Hoarau est déjà concentré et pleinement conscient des responsabilités qu'incombe le rôle de consultant. «C'est un véritable travail. On attend de moi que je sois précis, concis et que je partage mon expérience. Je dois aussi être capable de transmettre des émotions, celles par exemple que j'ai vécues en jouant ce genre de matchs dans ce même stade.» Comme sur le terrain à l'époque, il a son plan tactique: «Jouer simple au début, histoire de trouver mon style et mon rythme. Et surtout être moi-même.»
Dans cette optique, la nouvelle recrue de blue Sport, pourtant «blagueuse» selon ses propres mots, s'est fixée des limites niveau humour:
20h55, cinq minutes avant le coup d'envoi. Le Wankdorf, qui s'apprête à voir entrer les équipes sur la pelouse, est surchauffé. Au milieu de ce brouhaha et de la tribune de presse, Guillaume Hoarau – casque sur les oreilles – règle quelques boutons de sa table de mixage et écoute les derniers conseils de son binôme, le journaliste Alain Rohrbach.
Une demi-heure plus tard, Cedric Itten ouvre le score pour Young Boys. Tout le stade se lève. Le duo de blue Sport reste assis (mieux vaut éviter les gestes brusques avec tous ces câbles!) mais le consultant applaudit la réussite, sourit et laisse éclater un cri de joie. «Mes collègues m'ont expliqué que pour les matchs de Coupe d'Europe, on est pro-clubs suisses, et comme ancien joueur de YB, je souhaite forcément une victoire bernoise», justifiait-il par anticipation avant la rencontre.
Le Français est plongé dans son match. La preuve? Il ne détourne même pas le regard de la pelouse quand on se faufile à moins d'un mètre de lui pour prendre quelques vidéos de sa grande première. Et il semble prendre beaucoup de plaisir. «Je kiffe», valide-t-il à la mi-temps. Quelques secondes plus tard: «Je peux quand même aller aux WC?», demande-t-il, soucieux du timing, à Alain Rohrbach.
Plus léger, au propre comme au figuré, Guillaume Hoarau assiste à une deuxième mi-temps moins passionnante que la première, la «faute» au 3-0 bernois inscrit dès la 47e par Ugrinic. Une situation pas forcément facile derrière un micro, où il s'agit de meubler.
«On en a profité pour raconter des anecdotes sur certains joueurs ou des aventures que Guillaume avait vécues avec YB en Ligue des champions», explique Alain Rohrbach. «C'est dans ces instants aussi qu'il est chouette d'avoir un consultant qui est passé par ces moments et qui a toujours un contact avec ses ex-coéquipiers. C'est plus sexy que de raconter des histoires lues ou entendues ailleurs.»
22h50. YB vient de valider aisément son billet pour la phase de groupes de la Ligue des champions. Dans la tribune de presse, c'est l'heure du débriefing à chaud pour Guillaume Hoarau.
Son mentor du soir est aussi satisfait. «C'est très positif!», s'enthousiasme Alain Rohrbach. Le journaliste choisit la métaphore footballistique pour juger de la prestation de son nouveau collègue:
Un moment particulièrement marquant? «On a eu quelques sourires de connivence quand Guillaume hésitait à balancer ou non des informations confidentielles, on sentait qu'il devait trier ce qu'il osait dire ou non.»
Alain Rohrbach est en convaincu: «Perfectionniste et passionné comme il l'est, Guillaume va devenir un excellent consultant.» Quant au principal intéressé, il ne rêve que d'une chose: YB et le PSG, deux clubs pour lesquels il a joué de longues années, dans le même groupe de Ligue des champions cette saison (tirage jeudi à 18h00). «On va allumer quelques bougies et faire les bonnes prières pour ça!», sourit-il, avant d'aller faire de nombreux selfies avec les fans bernois puis féliciter ses anciens coéquipiers.