«Le souvenir de l'occasion de Randal Kolo Muani ne s'effacera jamais.» C'est en trempant sa plume dans les larmes de la nation que Vincent Duluc, suiveur historique de la France pour L'Equipe, a débuté son article de mardi consacré au triste souvenir du Mondial 2022 au Qatar, et plus exactement à l'action qui a vu le ballon de Kolo Muani s'écraser sur le tibia gauche du gardien argentin Emiliano Martinez.
Le score était de 3-3, on jouait les dernières secondes du match et les Sud-américains l'emporteront aux tirs au but.
Toutes les équipes de football ont connu, au cours de leur histoire, des occasions qui auraient pu tout changer si l'issue avait été différente. On a cherché ces occasions pour la Suisse dans son passé récent et on en a retenu trois; trois actions que la Nati s'est offerte à un moment décisif dans un grand tournoi et qui aurait pu bouleverser son destin.
Saint-Etienne, Stade Geoffroy-Guichard, le 25 juin 2016. La Nati défie la Pologne en 8e de finale de l'Euro. Menée au score dès la 39e minute, elle est parvenue à égaliser tardivement grâce à un bijou de Xherdan Shaqiri. En prolongations, c'est elle qui pousse et se crée les meilleures chances de but. À la 113e, Shaqiri dépose une merveille de ballon sur la tête d'Eren Derdiyok, seul face au gardien adverse.
Mais l'attaquant n'est pas assez tranchant et Lukasz Fabianski parvient à s'imposer en anticipant sur sa gauche. Plus rien ne sera marqué et la Nati s'inclinera aux tirs au but, perdant cette année-là une chance de progresser dans le tournoi puisque le Portugal l'attendait en quart, et éventuellement le Pays de Galles en demi-finale.
Le 1er juillet 2014, la Suisse est éliminée en 8es de finale du Mondial par l’Argentine 1-0 après prolongation. Mais tout aurait pu être différent si le ballon de Blerim Dzemaili n'avait pas heurté le poteau dans les dernières secondes du match, alors que Diego Benaglio était monté sur le corner!
Huit ans plus tard, Dzemaili admettra dans les colonnes de 24 Heures qu'«émotionnellement parlant, le poteau a été comme un choc». Mais qu'il a fini par chasser cette horrible action de son esprit. «Tu vas en vacances, tu l’oublies avec le temps, même si bien sûr, plein de monde t’en parle. Et puis, tu essayes de penser à autre chose et ça va.»
C'est une action que les plus jeunes n'ont pas en tête mais que tous ceux qui ont suivi assidûment l'Euro 2008 n'ont jamais oubliée. La Suisse cette année-là débute très mal son tournoi, s'inclinant 1-0 face à la République tchèque. Elle n'a dès lors plus droit à l'erreur lors du deuxième match de son groupe, cette fois face à la Turquie.
Les hommes de Köbi Kuhn entrent bien dans le match et mènent 1-0 grâce à une réussite d'Hakan Yakin à la 32e. C'est bien sûr insuffisant pour se mettre à l'abri, mais la Nati pousse et se crée justement une chance en or pour faire le break deux minutes plus tard. Valon Behrami centre depuis la droite et trouve Hakan Yakin au second poteau, seul face au but vide.
Mais l'attaquant rate cette fois l'immanquable du pied gauche. Le ballon fuit le cadre. La Suisse ne s'en remettra jamais. Elle subira l'égalisation à la 56e (Sentürk) et perdra tout à la 91e lorsque Turan inscrira le 2-1 pour les Turcs. Deux matchs, deux défaites: son Euro à domicile s'arrête là.