Christian Constantin, président du FC Sion, et son fils Barthélémy nous ont offert une nouvelle scène tragi-comique, dimanche, dont eux seuls dans le foot suisse ont le secret. Et, cette fois, absolument rien ne laissait penser qu'elle se produirait, tant ce match face à Saint-Gall se disputait jusque-là dans un excellent état d'esprit (seulement trois cartons jaunes).
Mais voilà... On joue les arrêts de jeu, et une altercation éclate dans les seize mètres sédunois entre l'attaquant saint-gallois Willem Geubbels et le gardien du FC Sion, Timothy Fayulu. C'est le début d'une bagarre générale, avec notamment Reto Ziegler, le capitaine valaisan, qui vient à la rescousse de son portier. L'arbitre, Nico Gianforte, saisit rapidement ce qu'il se passe et s'en va tenter de raisonner les protagonistes. Se faisant, il se détourne du jeu.
Mais c'est la douche froide: le but est annulé, puisque l'arbitre avait interrompu l'action pour s'enquérir de la bagarre à l'autre bout du terrain. Djokic n'a pas entendu le coup de sifflet. «Avec une altercation aussi virulente que celle entre Fayulu et Geubbels, Monsieur Gianforte a bien fait de stopper le jeu», applaudit Sébastien Pache, ancien arbitre de Super League.
Mais Barthélémy Constantin, directeur sportif du FC Sion et fils de Christian, ne l'entendait pas de cette oreille. Costard bleu et longue tignasse blonde, il a jailli du banc (où il prend place pendant les matchs) et pénétré sur la pelouse, histoire de faire part à l'arbitre de son désaccord. Résultat? Carton rouge. «C'est la sanction automatique dès qu'un membre du staff quitte sa zone technique pendant le match», éclaire Sébastien Pache.
En outre, la Swiss Football League a communiqué ce lundi matin que «Barth» devra prendre place en tribune pour le prochain match. L'entraîneur-assistant du FC Sion, Benjamin Bertrand, est lui aussi sanctionné: furax, le Français est également venu sur la pelouse pour réclamer contre l'arbitre et a écopé d'un rouge. Il est suspendu deux matchs. De leur côté, Timothy Fayulu et Willem Geubbels, expulsés, sont aussi suspendus pour les deux prochaines parties.
Un autre acteur s'est distingué sur la pelouse de Tourbillon durant ces dernières minutes de totale confusion: Christian Constantin. Impossible de rater le sulfureux boss sédunois, pantalons et col roulé blancs. Malgré son statut de président, lui non plus n'avait rien à faire sur le terrain en plein match (Monsieur Gianforte n'avait toujours pas donné le coup de sifflet final). Et ce peu importe s'il était considéré comme membre du staff technique (place sur le banc autorisée) ou simple spectateur.
Mais cette fois, contrairement à d'autres de ses apparitions sur la pelouse conclues sur des coups de sang, «CC» semblait apaisé. Même s'il en a profité pour toucher deux mots à l'arbitre, son attitude envers l'officiel n'était pas du tout agressive. «Christian Constantin vient calmer son fils», ont observé, sur le moment, les commentateurs de blue Sport. Et cette démarche pacificatrice change tout, comme l'explique Sébastien Pache:
Et c'est ce qui semble avoir été le cas avec le président sédunois: malgré sa présence non-autorisée sur la pelouse, il n'a écopé d'aucune sanction.
Cette scène inhabituelle a permis de découvrir une face cachée de «CC», connu pour ses nombreux conflits contre la ligue et les arbitres. «Personnellement, j'ai toujours eu de bons rapports avec Christian Constantin quand j'arbitrais», se souvient Sébastien Pache, qui a rangé son sifflet en 2017.
Comme quoi, même à 67 ans, Christian Constantin continue de nous surprendre.