Une Romande est l’une des grandes dames de ce début de Tour de France Femmes: il s’agit bien sûr d’Elise Chabbey. Placée au classement général, la Genevoise est également la seule à avoir endossé le maillot à pois de meilleure grimpeuse depuis le Grand Départ de la course, samedi à Vannes.
Pourtant, une autre Suissesse était davantage attendue: Marlen Reusser. Il faut dire que la Bernoise s'avançait en favorite de l'épreuve, après ses deuxièmes places sur le Giro et la Vuelta plus tôt dans la saison. Or c’est bien elle qui a été la première à quitter la course, dès la première étape, victime d'une intoxication alimentaire survenue les jours précédant le départ.
Depuis, d’autres grands noms du cyclisme féminin ont renoncé, alors même que la course n’en est qu’à ses débuts et que ni le Massif central ni les Alpes n’ont encore été escaladés.
C’est notamment le cas d’Elisa Longo Borghini, double tenante du titre du Giro d’Italia, également affaiblie par une infection gastro-intestinale, et contrainte d’abandonner après seulement deux jours de course. Ou de Charlotte Kool, victorieuse des deux premières étapes du Tour l’an passé, mais visiblement pas encore complètement remise de sa chute au Baloise Ladies Tour. La sprinteuse néerlandaise a finalement choisi de ne pas prendre le départ de la deuxième étape, faisant ainsi échouer le pari tenté par son équipe, un pari comparable à celui engagé par Reusser et la Movistar, qui espéraient un regain de forme au fil des kilomètres.
Demi Vollering, elle, n’a pas encore abandonné. Mais son rêve de remporter une seconde fois le Tour de France est peut-être déjà compromis. Victime d’une lourde chute dans le final de la troisième étape, la Néerlandaise, domiciliée dans le canton de Lucerne, a mis du temps à se relever, se plaignant de douleurs au genou et au fessier. Bien qu’elle ait pris le départ de la quatrième étape, elle «souffre de multiples contusions», alors qu’une commotion cérébrale avait un temps été suspectée.
Ce crash, ayant également impliqué Elisa Balsamo, témoigne selon Stephen Delcourt – le manager de la formation FDJ-Suez, qui a recruté Vollering à l'intersaison – d’un sérieux manque de respect entre les coureuses.
Les propos de Delcourt font écho aux nombreuses chutes survenues depuis le début de ce Tour de France Femmes, dont certaines pourraient entraîner d'autres abandons dans les jours à venir.
D'une certaine manière, ces incidents semblent désormais faire partie intégrante du paysage de la Grande Boucle. Par le passé, la tension inhérente à l’événement et les écarts de niveau dans un cyclisme féminin encore en pleine structuration ont souvent été avancés pour expliquer la récurrence de ces chutes.
D’ailleurs, sur ce Tour 2025, certaines concurrentes viennent tout juste de débuter leur carrière professionnelle. D'autres, comme Elena Pirrone, Marie-Morgane Le Deunff, Ségolène Thomas ou Lucie Fityus, sont arrivées hors délais à l’issue de la deuxième étape, certes vallonnée, mais bien moins exigeante que ce qui attend les coureuses dans les Alpes.
C’est donc un peloton amaigri, meurtri et privé de certaines de ses stars qui s’avance progressivement vers les premières difficultés du Massif central. Un scénario qui fait les affaires de la tenante du titre, Kasia Niewiadoma, et de l’ambitieuse Pauline Ferrand-Prévot, toutes deux prêtes à se livrer bataille en montagne. Une lutte à laquelle la dernière vainqueure du Tour de Romandie, Lotte Kopecky, ne participera semble-t-il pas. Ni affaiblie par la maladie ni victime de chute, elle manque tout simplement de jambes, à la surprise générale.