La League Two peut certainement paraître éloignée. Après tout, ce n'est pas tous les week-ends que nous nous y intéressons. Or il s'est produit un petit événement samedi au sein de la quatrième et dernière division professionnelle du foot anglais. Un événement qui ne laisse personne insensible, surtout à l'ère du foot business.
En milieu d'après-midi, dans la pure tradition britannique, l'AFC Wimbledon est venu à bout de Milton Keynes. Ronan Curtis a délivré les siens à la 90+4, provoquant des scènes de liesse rares à Plough Lane, l'enceinte des locaux.
Bien sûr, un but donnant la victoire dans les tout derniers instants a toujours une saveur particulière. Mais il y avait beaucoup plus derrière cette réalisation, sans que l'AFC Wimbledon ne joue son maintien, une montée ou même une qualification historique. Il s'agissait d'un match de championnat comme il y en a chaque semaine, à la seule différence que les Dons recevaient leur «ennemi juré», qu'ils n'ont pas eu souvent l'occasion de battre.
La rivalité entre Wimbledon et Milton Keynes est relativement récente. Inutile de remonter loin dans le temps pour la comprendre.
Au début du siècle, les perspectives n'étaient pas bonnes dans le Sud de Londres. Le club, alors appelé Wimbledon FC, était en proie à d'importantes difficultés économiques. L'ombre de la faillite planait. Les dirigeants se montraient également frustrés face aux faibles affluences dans l'antre de Crystal Palace, éloignée du quartier (Wimbledon avait dû quitter ses bases après le drame d'Hillsborough, faute de moyen pour rénover son enceinte et appliquer les nouvelles règles en matière de sécurité). Le projet de nouveau stade n'avançait pas, les soutiens manquaient même cruellement.
Dès lors, la direction a décidé de délocaliser l'équipe, et le 28 mai 2002, la Fédération anglaise de football (FA) a autorisé le transfert du club en direction de Milton Keynes, à une centaine de kilomètres plus au nord, dans une ville qui se cherchait une équipe professionnelle.
Devant cela, les supporters du Wimbledon FC ont immédiatement réagi en créant l'AFC Wimbledon. Un club reparti de zéro et qui a peu à peu gravi les échelons pour retrouver le monde professionnel en 2011.
C'est dans ce contexte particulier que les matchs entre l'AFC Wimbledon et Milton Keynes sont disputés.
Les deux équipes ne se sont pas affrontées si souvent depuis leur naissance il y a 20 ans. 15 fois au total, avec un bilan largement à l'avantage des Miltoniens (neuf victoires, trois nuls, trois défaites). La première confrontation, datant de 2012, avait été cruelle pour Wimbledon, qui s'était alors incliné 2-1 à la toute dernière minute.
Samedi, la formation du Sud de Londres – basée non loin du All England Lawn Tennis and Croquet Club, là où se déroule le tournoi de tennis de Wimbledon - a mis fin à une série de neuf matchs sans victoire contre son rival. La joie était à son comble, d'autant que l'équipe s'est imposée pour la toute première fois face à Milton Keynes dans le stade flambant neuf dont elle dispose depuis 2020, et que le Wimbledon FC aurait souhaité par le passé. Cette victoire prive par ailleurs «l'ennemi» d'une montée directe en League One, et cela sonne comme une petite vengeance.
A MEMORY TO LAST A LIFETIME ❤️#AFCW 🟡🔵 pic.twitter.com/lzGKCLOfGU
— AFC Wimbledon (@AFCWimbledon) March 2, 2024
Si les supporters de Milton Keynes voient Wimbledon comme un quartier de Londres qui a laissé mourir son club, puis l'a abandonné, les anciens fans du Wimbledon FC – désormais supporters de l'AFC Wimbledon – ne digèrent toujours pas le fait qu'on leur ait volé leur équipe au début de ce siècle. Ils reçoivent néanmoins la sympathie du monde du football, contrairement à Milton Keynes, qui reste pour beaucoup le Franchise FC. Un club impopulaire, qui ne s'est pas construit en suivant le modèle traditionnel, tel qu'on le connaît en Europe.