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De la poigne et plein de copains, Luis Campos est le nouvel boss du PSG

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De la poigne et plein de copains, voici le nouvel homme fort du PSG

Le PSG a officialisé l'arrivée du Portugais Luis Campos comme «conseiller sportif», en réalité comme le cerveau d'un nouveau projet. Cet homme de réseau, parfois colérique, doit changer la culture du club. Bon courage.
06.06.2022, 17:4707.06.2022, 18:39
jonathan amorim
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Quelques jours après la prolongation de contrat controversé de Kylian Mbappe, le PSG a annoncé une arrivée de pointe en coulisse: celle du directeur sportif portugais Luis Campos, chaudement recommandé par «Kiki» lui-même. Le Lusitanien devra répondre à l'une des exigences majeures de son joueur star: donner une stratégie et une politique sportive au PSG.

«Soit tu fais venir Luis, soit je me barre.» Ok patron!
«Soit tu fais venir Luis, soit je me barre.» Ok patron!

Ces dernières années, le club parisien a subi des critiques et des moqueries pour sa gestion en mode jet-set. On lui reproche une politique de transfert anarchique, un manque de vision et une gestion trop laxiste de ses vedettes. Luis Campos aura pour mission de remettre de l'ordre dans la maison. Un mandat très différent de ceux qu'il a assumé jusqu'ici.

Le «clan des Portugais», construit dans les bas-fonds du football lusitanien

Luís Filipe Hipólito Reis Pedrosa Campos a vu le jour dans la ville côtière d'Esposende, proche de Porto. Cette région est plus connue pour ses plages et ses discothèques que pour son club de football. C'est dans ce dernier que Luis tape ses premiers ballons. Il se rend rapidement compte qu'il ne fera pas carrière.

Petites lunettes, grand réseau. Le nouvel espoir du PSG.
Petites lunettes, grand réseau. Le nouvel espoir du PSG.

À 21 ans, il passe déjà du côté du coaching et devient préparateur physique. En parallèle, il démarre des études d'éducation physique et sportive à l'université de Porto, en même temps qu'un certain José Mourinho, avec qui il partage la particularité d'avoir rapidement mis un terme à sa carrière de joueur. Les deux hommes se découvrent et deviennent amis. Ils s'aideront mutuellement tout au long de leur carrière respective, formant un duo complice et complémentaire.

Luis Campos fait partie de cette première génération de coachs portugais formés à l'université traditionnelle, et non sur le tas ou après une carrière de joueurs. Une particularité bien lusitanienne. D'autres entraîneurs connus comme Leonardo Jardim (ex AS Monaco) ou Nuno Espirito Santo (exWolves, Tottenham) ont suivi des cursus similaires. Ces «Professor» entretiennent la particularité d'être des véritables couteaux suisses du football, ayant été formés à toutes les sciences: entraîneur, préparateur physique ou encore analyste vidéo.

Campos démarre ensuite une carrière d'entraîneur dans de modestes clubs portugais (Varzim, Setubal, Gil Vicente, Beira-Mar). Il y laisse l'image d'un beau football mais avec peu de succès (trois descentes en deuxième division). En 2005, il met un terme à sa carrière. Il affirme à maisfutebol: «En l'espace de vingt ans, les gens ont changé, à mon avis, dans le mauvais sens. Pas en qualité mais en personnalité et cela a fait que je ne me sente pas bien, ni avec l'envie de continuer de cohabiter avec des gens qui ne me disent rien.»

Sept ans plus tard, il rebondit toutefois dans le staff technique du Real Madrid, dans un rôle difficilement définissable. Le club espagnol est alors entraîné par un certain... José Mourinho. La politique des copains? Peut-être. Sûrement.

José Mourinho, l'ami qui lui veut toujours du bien.
José Mourinho, l'ami qui lui veut toujours du bien.

Entre-temps, il se met à son compte et crée avec son associé la société Américo Magalhães T2P (Train to Play), une entreprise qui propose des méthodes d’entraînement, des équipements sportifs et multimédias visant à optimiser les performances. L'un des tout premiers clients se nomme... José Mourinho. Campos utilise une autre de ses connaissances pour tisser sa toile: le super-agent portugais Jorge Mendes, né lui aussi au nord du pays et aux origines non moins modestes (il était loueur de DVD à Viana do Castelo, avant de devenir agent).

Jorge Mendes.
Jorge Mendes.

Avec José Mourinho, le coach à la réputation mondiale, et Jorge Mendes, l'agent incontournable, Luis Campos va s'appuyer sur un réseau extrêmement puissant au Portugal pour devenir un dirigeant réputé et respecté mondialement.

Monsieur «plus-value»

En parallèle à ses activités pour son entreprise, Luis Campos travaille sous mandat pour plusieurs clubs. Au départ, il entreprend principalement des activités de «scouting», notamment pour le FC Porto qui mise beaucoup sur le «trading» de joueurs (méthode consistant à recruter des jeunes joueurs talentueux, à les mettre en valeur pour les revendre en réalisant de belles plus-values). Une méthode qui rapporte beaucoup au club portugais et qui devient rapidement très répandue en Europe.

Campos utilise son immense carnet d'adresses. Un réseau qu'il allie à un travail acharné, se rendant lui-même sur place pour observer des joueurs et mettre à jour sa base de données. Le dirigeant est un fou de travail et il a ses méthodes. Il possèderait ainsi des listes de joueur par catégorie d'âge, par priorité et par poste: «Si je travaille autant, c’est parce que je veux que ma «database» soit actualisée en permanence. Parce que si les joueurs progressent tout le temps, je dois moi aussi le faire», confiait-il en 2019 à un média portugais.

Ses méthodes l'emmènent en 2013 à Monaco. Sur le Rocher, il réalise tout d'abord des transferts de grands noms, selon les volontés du propriétaire russe Dmitry Rybolovlev. Il se tourne à nouveau vers son réseau au Portugal et signe Falcao, James Rodriguez et Joao Moutinho avec l'aide de son ami Jorge Mendes. Une relation pointée du doigt notamment par Daniel Riolo en 2016 lorsque Campos était annoncé vers l'OM, le journaliste leur reprochant de privilégier leurs intérêts personnels au détriment des clubs.

L'année suivante, l'ASM change de politique et prend la direction du «trading». Luis Campos s'adapte et fait signer Bernardo Silva (en provenance de la réserve de Benfica) et convainc également Monaco de faire confiance à un jeune joueur qui brille avec la réserve: un certain Kylian Mbappé.

Le club monégasque réalisera de belles plus-value grâce au travail de son «conseiller sportif»: Anthony Martial (vendu à Manchester United), Geoffrey Kondogbia (vendu à l'Inter Milan) ou encore James Rodriguez (vendu au Real Madrid).

En 2016, son aventure sur le Rocher se termine. L'effectif qu'il a construit pendant trois ans remportera le championnat de France l'année suivante. Il retrouve de l'embauche un an plus tard, de l'autre côté de la France, à Lille. Dans le Nord, il emploie les mêmes méthodes de travail acharnées et s'appuie à nouveau sur son réseau, notamment au Portugal: Renato Sanches, José Fonte et Rafael Leao rejoignent les Dogues.

Son réseau de scouting ne s'arrête pas à son pays d'origine. Il reconstruit totalement l'effectif lillois. Des joueurs comme Osimhen, Ikoné ou encore Burak Yilmaz rejoignent le LOSC grâce à Campos: le club nordiste sera sacré champion de France en 2021 en se basant sur l'effectif construit pendant trois ans par le même Campos.

Ses méthodes comportent toutefois des zones d'ombres. Son trading attire énormément de joueurs qui, faute d'avoir le niveau, terminent en équipe réserve sans jamais rien apporter, quittant la plupart du temps leur club libre. Ils prennent même parfois la place de joueurs formés au club. Le Portugais est également dans le viseur de la justice suite au transfert suspect du Nigérien Victor Osimhen à Naples. Montage financier, surévaluation: le transfert est sous enquête tout comme la potentielle (grosse) commission que le conseiller lillois aurait perçue.

Luis le travailleur discret, polyglotte et au fort caractère quitte finalement le LOSC en 2020. S'en suit quelques mandats notamment pour Mouscron en Belgique, le Celta Vigo en Espagne ou plus récemment pour Galatasaray en Turquie. La liberté est également l'une des caractéristiques du personnage qui n'a jamais été salarié des clubs pour lesquels il a travaillé. Il possède ses propres entreprises et facture ses services. Des factures qu'il adressera maintenant au siège du Paris-Saint-Germain.

À Paris pour changer

Dans la capitale française, Luis Campos va découvrir une toute nouvelle réalité. Il ne s'agit plus de trading ou de plus-value mais de gagner, comme l'expliquait récemment le journaliste franco-portugais Nicolas Vilas au micro de RMC:

«A Monaco ou à Lille, il a réussi à faire des coups en achats ou ventes. Il y a aussi eu des coups moins réussis. Il y a eu sa patte. À Paris, il arrive dans un club où l’objectif est totalement différent. Il n’est pas là pour faire du business, ni pour valoriser des joueurs même si tu as le fair-play financier et qu’il y a des impératifs liés à ça, il est vraiment là pour gagner.»

Un nouveau challenge qui commencera par la nomination du nouvel entraîneur. Un choix extrêmement important et difficile selon Luis Campos, qui a lâché quelques indices sur le profil de l'élu: «Quand il y a un projet de club et qu’il y a du temps avant le début de la prochaine saison, on peut faire, comme pour les joueurs, du scouting de coachs. Il s'agit de trouver le meilleur entraîneur pour le projet, en respectant la culture du club, l’ADN du club, ce que veulent les supporters du club, la tradition de jeu du club (…) En fonction de la langue, du style de jeu, de la tactique préférentielle, de son caractère, de sa personnalité.»

Luis Campos aura en tout cas besoin de fermeté pour sonner la fin de la récréation au Paris-Saint-Germain et y remettre de la discipline. Les joueurs risquent de participer à un peu moins de barbecues sud-américains et de soirées parisiennes. Et à un peu plus de finales de Ligue des champions? C'est en tout cas l'idée.

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