Il y a eu la volée de Zinédine Zidane en finale de la Ligue des champions 2002, le retourné acrobatique de Cristiano Ronaldo contre la Juventus ou encore la bicyclette de Gareth Bale lors du sacre du Real contre Liverpool en 2018. Et puis, ce mardi, l'égalisation de l'attaquant de Young Boys Meschack Elia contre Leipzig d'un tir du pointu.
Tous ces buts ont au moins deux points en commun: ils ont été marqués dans la reine des compétitions européennes et ils ont tous valu un point au tableau du score. Pourtant, les trois premiers sont élevés au rang de chef-d'œuvre, alors que c'est tout le contraire pour le geste réalisé par le Bernois.
Quiconque a déjà joué au foot et tiré au but avec la pointe de sa chaussure a forcément entendu la désapprobation de son entraîneur ou les moqueries des autres joueurs, voire des spectateurs. Et pour cause: le pointu est souvent vu comme «une frappe trop incertaine, trop peu élégante, réservée aux bourrins», pour reprendre les mots de gqmagazine.fr, qui a aussi dédié un petit article à ce geste technique.
Le manque prétendu de noblesse de celui-ci – par rapport aux frappes davantage conventionnelles du plat ou coup du pied – s'entend par exemple dans l'expression populaire «mettre un vieux pointu». C'est certainement le site spécialisé Les Cahiers du football qui résume le mieux les raisons de ce mépris:
Cette citation est tirée d'un article de 2020 au titre on ne peut plus explicite: «Éloge du pointu». Oui, son auteur – Gilles Juan – a vu juste, n'en déplaise à beaucoup: un but du pointu est le résultat d'une finesse technique et d'une intelligence de jeu remarquables.
Mardi, Meshack Elia – qui est, il faut le préciser, du genre artiste sur un terrain – a tout simplement choisi l'option la plus efficace. Après un excellent contrôle qui lui a permis de placer le ballon dans sa course, l'attaquant de Young Boys a dû armer très rapidement sa frappe sur la ligne des 16 mètres, car il bénéficiait de peu d'espace et de peu de temps, le défenseur de Leipzig (Castello Lukeba) lui venant contre.
«Le pointu, dans ce contexte (quand l'attaquant a peu de temps), est la frappe à la fois la plus puissante et la plus soudaine qui peut être réalisée», fait remarquer Les Cahiers du football.
En une fraction de seconde, le Bernois a pris plusieurs informations telles que la distance avec le but, le positionnement du gardien et des défenseurs adverses ou encore sa propre orientation par rapport à la cage.
Autant dire que les méninges travaillent! Sans parler de la réalisation impeccable du geste: le numéro 15 de YB a envoyé le ballon dans le petit filet du gardien allemand Janis Blaswich après avoir parfaitement orienté son corps et son pied puis dosé la frappe comme il le fallait. Autrement dit, Meshack Elia a eu une inspiration géniale. Rien à voir, donc, avec un manque de raffinement technique.
Pour ceux qui ne maîtrisent pas cet art – oui, c'en est un! – ou qui sont toujours réticents, on a peut-être la solution👇