Entendu dans les tribunes du Stade de Genève: «Purée, il est fort le 8!» Il s'agissait de Timothé Cognat, un des meilleurs joueurs grenat depuis son arrivée en Suisse il y a... cinq ans déjà!
C'est vrai quoi, le ballon est tout petit!
Comme ils n'ont pas de maillot, ils cherchent un moyen de montrer leur attachement éphémère à l'équipe en fouillant leur garde-robe.
Alors qu'en fait, il va consulter une décision arbitrale après avoir été interpellé par l'assistance vidéo (VAR).
«Oh et pis zut, on vient pas souvent, alors on se fait plaisir!» Dans un excès d'enthousiasme et après avoir vu les nombreux fans arborant des vêtements officiels du club, ils craquent: un petit tour à la boutique s'impose, histoire de se sentir comme tout le monde.
Ils n'ont pas tout à fait tort d'ailleurs, mais ils ne savaient juste pas que dans les boutiques des clubs, tout est hors de prix. Du coup, une fois à la caisse, ils font mine de ne pas avoir assez de monnaie puis reposent, un peu gênés, l'objet convoité.
LOL
Normal, ils ne connaissent pas les règles.
C'est le moment de solitude de tous ceux qui veulent participer à l'ambiance. Composition des équipes: le speaker annonce le prénom du joueur et le reste du stade hurle le nom. Mais quand on ne connaît personne, c'est gênant. Du coup, ils doivent attendre que le nom apparaisse sur les écrans géants. Ou alors ils tentent le mime à l'arrache, comme un ex-célèbre président français un soir de finale de Coupe du monde.
Très, très mauvaise idée. On n'évacue jamais ses premières bières, au risque de passer sa soirée aux toilettes. Le pipi n'intervient qu'au coup de sifflet final (à la rigueur à la 80e, si le match est plié).
Comme ils viennent très rarement au stade, autant le faire savoir à tout le monde quand ils y sont. Et puis, s'ils ne viennent pas souvent, c'est sûrement parce que le spectacle sur le terrain ne les intéresse pas vraiment. Alors autant occuper le temps autrement.
«Merde... On l'insère dans quel sens, ce fichu billet? Il est où le code-barres? Pourquoi ça marche pas, ce machin?!» Forcément, quand on ne vient jamais au stade, c'est difficile de savoir comment accéder aux tribunes. On lit leur soulagement quand un securitas prend le billet et fait le job à leur place, après avoir eu pitié d'eux et surtout pour éviter un gros embouteillage dans la file.
Après avoir enfin trouvé le bon bloc, ils scrutent attentivement chaque numéro de siège, quitte à bousculer les voisins qui galèrent déjà en tentant de ne pas renverser leur assiette saucisse-frites et leur bière.
Normal, ils se sont garés n'importe comment en râlant parce «qu'il n'y a pas suffisamment de places de parking, et puis il y a beaucoup trop de monde aussi, on va être en retard, allez tant pis, mettons-nous là!» Dans le stress et avec tous ces gens, ils n'ont juste pas vus qu'ils étaient pile en face d'une sortie d'ambulances. C'est ballot.
C'est plus fort qu'eux: ils sont obligés de faire des comparaisons avec ce qu'ils ont l'habitude de voir. «25'000 spectateurs, tu te rends compte, c'est 5 fois plus qu'à la fête des fanfares»; «j'ai mis plus de temps à venir au stade qu'à aller au boulot alors que le trajet est deux fois moins long»; «le terrain est quatre fois plus grand que le jardin de tante Suzie», etc.
La plupart s'abstient de chanter; certains fredonnent juste le rythme mais il y en a tout de même, pour se mettre dans l'ambiance et participer, qui hurlent à tue-tête des onomatopées qui ne ressemblent que de très loin aux paroles.
«Au prix où on a payé notre place, on a quand même le droit de tout voir, non?!»
Quand leur équipe rame pour arracher un but égalisateur en toute fin de match, ils hurlent à l'arbitre: «Hé, tu nous rajoutes assez de prolongations, hein!» Raté.
Problème: les spectateurs sont généralement fouillés à l'entrée. Et hors de question de faire pénétrer des objets potentiellement dangereux. Avec un stadier sympa, ils récupéreront leur gourde à la fin du match. Mais s'ils tombent sur une «sale tronche», c'est bye bye. Souvent, ces énergumènes trimballent aussi un sandwich emballé dans du cellophane, fait maison.
Rien à ajouter.