La Playstation, c'est basta! Luciano Spalletti, le sélectionneur de l'Italie, a expliqué la semaine dernière dans une interview à la Gazzetta dello Sport qu'il interdit désormais les consoles de jeux vidéo à ses joueurs lors des rassemblements.
«Vous venez en équipe nationale pour remporter l'Euro, pas pour gagner à Call of Duty (réd: un célèbre jeu de guerre). Si la modernité consiste à jouer sur PlayStation jusqu'à 4 heures du matin quand il y a un match le lendemain, alors cette modernité n'est pas bonne», a asséné le coach de 64 ans.
Cette mesure drastique s'inscrit dans la véritable mission que Spalletti s'est attribuée depuis qu'il a repris les rênes de la Squadra Azzurra il y a six mois: redonner ses lettres de noblesse à celle-ci, championne d'Europe en titre mais absente de la dernière Coupe du monde. Pour y arriver, le Toscan exige une implication totale de ses protégés. «J'ai besoin de faire émerger une équipe nationale forte, je ne me contente de rien. Je veux gagner le Championnat d'Europe et ensuite je veux gagner la Coupe du monde», prévient-il, avant d'ajouter:
Quand on connaît l'importance de la récupération, les parties de jeu vidéo jusque tard dans la nuit ne sont effectivement pas l'idéal pour des athlètes de haut niveau. S'isoler sur sa console présente aussi le risque de casser la solidarité au sein du groupe, une valeur indispensable pour performer dans un grand tournoi. Et justement, les valeurs, Luciano Spalletti y tient plus que tout:
En interdisant les consoles à ses joueurs, le sélectionneur italien agit exactement comme un certain Vahid Halilhodzic (71 ans), réputé pour ses méthodes dures et parfois archaïques. Quand il avait pris la tête du Maroc en 2019, l'entraîneur franco-bosnien avait promis d'«effacer certaines choses. La chicha, la Playstation, je vais interdire tout ça». Au risque, parfois, de se mettre à dos certains footballeurs voire, pire, de perdre son vestiaire.
Mais «Coach Vahid» ne semble pas trop s'en soucier et c'est un euphémisme de dire qu'il ne porte pas la célèbre console de Sony dans son cœur: en 2003, alors sur le banc de Rennes, il avait renvoyé à la maison deux joueurs – Lamine Diatta et Anthony Réveillère – après les avoir surpris en train de jouer en pleine nuit avant un match décisif. Le technicien n'avait pas mâché ses mots en parlant d'«une trahison envers le groupe», qui luttait contre la relégation.
Interrogé par le Corriere del Ticino sur la mesure prise par Spalletti, Mauro Lustrinelli se montre nettement plus nuancé. L'actuel entraîneur du FC Thoune, passé sur le banc des M21 de la Nati, explique que «la Playstation n'était pas forcément une ennemie» lors des rassemblements des jeunes Helvètes qu'il dirigeait et durant lesquels son staff et lui mettaient en place une salle de jeux où les joueurs pouvaient venir se détendre et se rencontrer.
«La console a stimulé des dynamiques intéressantes», observe le Tessinois, qui voyait ses protégés s'affronter sur des jeux vidéo comme FIFA ou des courses automobile. Il précise toutefois qu'il a été contraint de fixer une heure de fermeture de la salle les veilles de match, histoire que ses footballeurs bénéficient de suffisamment de repos.
Finalement, peu importe la méthode d'un coach et ses restrictions, il suffit que les joueurs et les membres du staff y adhèrent. Si l'Italie devient une nouvelle fois championne d'Europe cet été, personne ne reprochera à Luciano Spalletti d'avoir interdit la Playstation. Par contre, on ne devrait pas retrouver le sélectionneur italien sur la jaquette du prochain EA Sports FC 25...