C'est la punition collective ultime, ce que les joueurs de Serie A craignent le plus quand ils s'enfoncent dans une crise de résultats: le fameux «ritiro punitivo», en français la mise au vert contrainte et forcée, une méthode qui ne consiste pas à manger des légumes toute la semaine, mais à isoler les joueurs de leur famille, de leurs amis et de leur PlayStation 5 pour préparer les prochains matchs avec concentration et détermination.
Les stars de Naples dormiront donc dans un hôtel de la région de Pozzuoli dès ce lundi soir. Les dirigeants espèrent qu'ainsi physiquement rassemblés autour d'un objectif commun, Khvicha Kvaratskhelia et ses coéquipiers sauront trouver les ressources nécessaires pour battre la Salernitana, samedi prochain (15h) à domicile.
Cette décision a été prise par le président Aurelio De Laurentiis après l'horrible défaite (3-0) de son équipe face au Torino dimanche. Pour la première fois de la saison, le récent champion d'Italie a été contesté par ses supporters. «Le président a vu le match à la télévision depuis l'Espagne et a immédiatement ordonné une retraite punitive», relate La Repubblica ce lundi.
Or Aurelio De Laurentiis le sait: les footballeurs vivent très mal ce type de sanction. Ils la considèrent comme une grave privation de liberté, voire une atteinte à leur dignité.
En novembre 2019, alors obligés de dormir au centre d'entraînement de Castel Volturno après une série de mauvais résultats, les joueurs napolitains avaient carrément désobéi et n'étaient plus réapparus dans leurs chambres.
A l'époque, les joueurs auraient même anticipé une réponse musclée de leur président en contactant leur avocat!
Cet épisode rappelle qu'en voulant fouetter l'orgueil de leurs cadres, les dirigeants prennent aussi le risque de se les mettre à dos. Certains entraîneurs réputés, comme Carlo Ancelotti ou Luciano Spalletti, ont d'ailleurs flairé les problèmes. Ils ont décidé de longue date d'abolir la mise au vert précédant les rencontres, jugeant anormal «d’infliger aux joueurs un rite vécu comme une punition».
Surtout qu'il n'a jamais été prouvé que le «ritiro» faisait des miracles. «Si c’était vraiment efficace, l’équipe de la prison serait championne de France chaque année», ironise un joueur dans France Football.
Massimiliano Allegri, lui, semble croire aux vertus de la mise au vert. En 2021, il l'avait infligée aux joueurs de la Juventus après un revers à Vérone. L'initiative avait réussi: la «Vieille Dame» (le surnom du club turinois) avait retrouvé une certaine vigueur, à tout le moins de l'élan, et battu le Zénit en Ligue des champions puis la Fiorentina en championnat. La Juventus avait terminé au 4e rang de la Serie A cette saison. Une place qui ferait le bonheur de Napoli.
Cet article a été adapté d'une première version parue sur notre site en novembre 2021.