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Fan de Genève-Servette, Marc Rosset est sur les nerfs

Marc Rosset ne quitte pas Genève-Servette des yeux depuis les années en LNB.
Marc Rosset ne quitte pas Genève-Servette des yeux depuis les années en LNB.

Marc Rosset est à bout de nerfs et ça n’a rien à voir avec le tennis

Marc Rosset suit Genève-Servette depuis plus de 20 ans. Fou amoureux, parfois fou furieux, il explique comment le club a égayé sa vie.
20.04.2023, 06:1705.05.2023, 12:35
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Il était déjà là au temps des disettes, quand l'entraîneur n'était pas Jan Cadieux mais son père, et il y criait des noms d'oiseau bien avant que Genève-Servette n'adopte un aigle. Marc Rosset est ce que l'on appelle «un vrai» - après quelques verres, quand on voit double, «un vrai de vrai». Marc Rosset est fan de la première heure; et même de l'avant-dernière, quand Genève-Servette gogeait dans ses dettes en Ligue nationale B.

Inutile de lui demander comment il fêtera(it) le titre: «Aucune idée! Faut pas porter la poisse avec ces questions!» Le champion olympique ne s'en cache pas: il est un tantinet nerveux. «Je ferais mieux de regarder la finale à la télé, ce serait plus simple. Je pourrais fumer et me détendre.»

C'est un copain qui l'a emmené à la patinoire quand il était «petit». «Je tiens à lui rendre hommage: Guy von Siebenthal.» Ses premiers émois de thuriféraire étaient bruts et triviaux. Aujourd'hui, ses proches l'appellent «le grand» et Marc Rosset a acquis une certaine hauteur de vue: «Il n'y avait pas grand monde à la patinoire, à mes débuts. Genève-Servette était un club en difficulté. Mais j'ai tout de suite croché. Il y a dans le hockey des valeurs qui, à certains égards, sont l'antithèse des tendances suivies par d'autres sports...»

Car, non, sa ferveur n'est pas que du patriotisme genevois, l'envie de faire passer des chants paillards pour un hymne et des bras d'honneur pour un réflexe identitaire. Marc Rosset est un fan de Servette mais il est aussi, parfois tout autant, un fou de hockey. «Quand on pratique un sport individuel, on fantasme toujours un peu sur les sports d'équipe, la camaraderie, l'ambiance. Moi, c'était le hockey. J'ai tout de suite aimé la mentalité. L'authenticité. Les codes d'honneur. L'odeur des vestiaires.» Au point d'en jouer?

«J'ai mis les patins deux ou trois fois mais j'ai vite compris que j'étais une quiche»
Marc Rosset sur sa carrière de hockeyeur

Le supporter Rosset a débuté en LNB avec Paul-André Cadieux à la bande et le duo Heaphy-Beattie à la manoeuvre. Il a vécu l'arrivée salvatrice du groupe Auschutz et ses investissements démesurés, les «branlées surréalistes que "l'on" mettait» à de modestes escouades de province avec «Pavoni dans les buts et des internationaux en attaque».

De la LNB à la finale des play-off, Marc Rosset a houspillé quelques arbitres au passage, parfois des adversaires. Son altercation avec les frères Ziegler, devant l'allée qui conduit aux vestiaires, lui a valu les remontrances de la presse bernoise, alors qu'il était encore capitaine de Coupe Davis. «Je m'en souviens... Ce n'était pas forcément la façon la plus élégante d'exprimer ma désapprobation», convient-il aujourd'hui. Fataliste: «J'étais jeune et con.»

Marc Rosset suit tous les matchs, connaît tous les noms et tous les numéros. Il est également supporter du SKA Saint-Pétersbourg, un club qu'il a eu l'occasion de côtoyer en coulisses, jadis, au gré de ses tournois en Russie.

«Genève-Servette a toujours su engager de bons étrangers, relève-t-il. Après le départ de Chris McSorley, le style de jeu a changé. Je le trouve particulièrement plaisant aujourd'hui.»

Espérait-il un tel parcours? «Je ne suis pas du tout étonné. Genève-Servette joue très bien, il a de grosses pointures, dont des étrangers qui ont gagné presque tous les titres possibles, olympiques ou mondiaux. Ce n'est pas comme si "on" était une équipe surprise. Mon seul regret, c'est la patinoire. Je trouve dommage que nous soyons la dernière grande ville de Suisse à ne pas disposer d'une structure moderne. J'ai l'impression que tout est compliqué.»

C'est le seul avantage qu'il envie au Lausanne HC, le rival héréditaire: «Evidemment qu'une patinoire neuve est un avantage.» Rosset entend, lui aussi, que le LHC a de grandes ambitions, qu'il est l'avenir du hockey lémanique, voire helvétique, sinon intergalactique. «Mais si le sport était une question d'argent, ça se saurait!» Et d'oser la comparaison ineffable: «Regardez le PSG!»

Avant l'acte IV de jeudi soir, «Le Grand» veille jalousement sur le karma de «son» équipe. Pas de paris stupides. Pas de barbe fétiche. Pas de déductions hâtives. «Cette année, le championnat est particulièrement homogène. On sent qu'il faut peu pour basculer du bon ou du mauvais côté. Voyez "notre" quart de finale contre Lugano: on ne peut pas dire que c'était facile. Pour aller au bout, il faut une part de réussite. »

Genève-Servette mériterait de «devenir champion», estime certes Rosset, «après toutes ses finales perdues et parce que Tömmernes nous a offert trop de grands moments pour repartir les mains vides». Mais l'ancien top 10 n'est pas devenu naïf: «En sport, ceux qui mériteraient de gagner sont particulièrement nombreux...»

Nach seinem Final-Sieg liegt der Schweizer Tennisspieler Marc Rosset im August 1992 am Boden und kann es kaum glauben: Marc Rosset gewinnt die Goldmedaille an den Olympischen Sommerspielen in Barcelon ...
Marc Rosset champion olympique en 1992.Image: KEYSTONE

Il préfère parler de bonheur, une notion bien plus fragile et néanmoins accessible à l'empathie. «Quand on a perdu la finale de Coupe Davis avec Jakob (réd: Hlasek) à Forth Worth, je l'ai vraiment eu en travers de la gorge. J'ai vécu avec cette déception pendant des années, sans répit. Mais quand Roger et Stan ont ramené le trophée en Suisse, j'étais content comme si c'était moi. J'ai éprouvé la même joie, le même soulagement que si j'avais gagné la Coupe Davis quelques années plus tôt. C'est exactement ce que je ressens avec Genève-Servette: j'ai vu tellement de matchs, tellement de déceptions aussi, que j'ai envie de voir les mecs fêter. J'ai envie d'être heureux pour eux et à travers eux.»

On ne lui a pas souhaité bonne chance. Même notre «bon match» semblait de trop: Marc Rosset n'a pas dit merci ni au revoir.

Il menace les activistes de Renovate avec un bâton
Video: watson
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