Il y a des décisions arbitrales qui sont contestées et il y en a qui sont simplement stupides. Elles respectent sans doute le règlement à la lettre, mais elles ne prennent absolument pas en compte l'esprit du foot. Celui qui fait vibrer des milliards de passionnés à travers le monde.
Rembobinons.
Cela aurait dû être un instant hors du temps. L'un de ces moments dont certains se souviendront toujours dans cinquante ans. 99ᵉ minute de la finale de la Copa Libertadores samedi soir entre Boca Juniors et Fluminense. La partie est tendue, l'enjeu est énorme. Pour les Argentins, ce serait un 7ᵉ sacre, pour les Brésiliens, une première historique.
D'une merveille de reprise de volée en pleine course, Kennedy donne l'avantage à Fluminense. Le Maracana s'embrase et le buteur fonce célébrer avec son public. Il saute la barrière publicitaire et embrasse ses supporters. Pour lui, c'est la gloire éternelle. Lui qui a rejoint Fluminense à 14 ans vient sans doute d'offrir le titre suprême à son club de cœur.
Mais son extase sera de courte durée. A son retour sur le terrain, l'arbitre de la rencontre lui présente un second carton jaune, le forçant à laisser ses coéquipiers à 10 contre 11 pour les 20 dernières minutes du match. L'attaquant a pourtant pris garde de ne pas retirer son maillot. Non, ce qui lui est reproché, c'est d'avoir célébré avec le public (et donc perdu du temps).
Vous avez bien lu, Kennedy s'est fait expulser pour avoir fêté son but. Un but devenu légendaire pour tout un club.
N'est-ce pas pour ça que l'on regarde le foot? Que l'on vibre devant sa télévision? Que l'on se rend au stade? Pour ressentir des émotions.
J'ai envie de dire: heureusement qu'il a exulté après son but. Vous vous rendez compte s'il était resté impassible face à la foule en fusion, se contentant de trottiner pour reprendre sa place dans son camp?
Il y avait d'autres manières de régler le problème. L'arbitre aurait pu simplement ajouter 3 minutes d'arrêts de jeu et laisser la partie reprendre à 11 contre 11. L'équité aurait été respectée et le spectacle aurait pu continuer. Vous vous en doutez: dès cette expulsion, Fluminense n'a eu de cesse de pourrir le match et de gagner du temps. Pour de vrai, cette fois-ci (et sans prendre de carton).
Si une loi est stupide, il faut l'adapter. Le problème est le même avec les joueurs qui enlèvent leur maillot. Quand ils le font pour perdre du temps ou pour faire de la publicité à leur sponsor, je suis ravi qu'ils prennent un avertissement.
Mais quand ils rendent hommage à un proche décédé ou qu'ils exultent après un but capital pour leur club ou pour eux-mêmes, ne pourrait-on pas faire preuve d'un peu de compréhension? Quand Messi vient crucifier le Real Madrid au bout du bout d'un Clasico légendaire, est-il vraiment nécessaire de le sanctionner d'un carton jaune pour sa célébration?
Au fond, il ne s'agit pas là de pointer du doigt Wilmar Roldán, l'homme qui portait le sifflet samedi soir. Il n'a fait que son travail et son rôle sur un terrain est aussi indispensable qu'ingrat. Non, ce qui cloche vraiment, c'est le règlement. Il serait grand temps d'assouplir ces lois débiles pour que les hommes en noir puissent les appliquer en fonction du contexte. Car si les joueurs ont le droit de ressentir des émotions, les arbitres aussi.