Aujourd’hui, je ne vous parlerai pas de ses chiffres, car nous les connaissons tous. Je ne vous parlerai pas non plus de sa discipline, de son perfectionnisme, de sa détermination ou encore de sa passion pour le football. Nombre de ses coéquipiers et adversaires s’en sont déjà chargés.
Je vous parlerai de Cristiano Ronaldo, dont l'histoire est avant tout celle d'un enfant, d'un rêve, et d'une mission. Aujourd'hui, je vous parlerai de ce qu'il représente pour moi, Portugaise et passionnée de football.
Je vous parlerai d’un homme qui a rendu fière toute une nation au fil des ans. D’un homme qui a réconcilié un pays et son équipe nationale, déchue de tout amour à la suite de la chute de la dictature salazariste en 1974. Je vous parlerai d'un homme qui a été un exemple dans bien des aspects, même lorsque tout s'effondrait autour de lui. De celui qui a inspiré Kylian Mbappé ou Erling Haaland, pour n'en citer que deux.
Mais je vous parlerai aussi de ceux qui ont vite oublié. De ceux qui ont pris pour acquis les réussites, mais aussi l’amour que Cristiano Ronaldo porte à son pays et à ce sport. Je vous parlerai aussi de mes confrères et consœurs de la presse, de leur ingratitude et de leur virulence à l’origine d’une campagne de boycott du meilleur joueur de l’histoire, à l'heure où CR7 vivait sa dernière Coupe du monde sous les couleurs du maillot portugais.
«Vous ne pouvez pas sous-estimer le meilleur joueur du monde, votre arme la plus puissante. Aujourd’hui nous n’avons pas perdu, nous avons appris.» Tels ont été les mots de la compagne de Cristiano Ronaldo, Georgina, sur Instagram au lendemain de la défaite contre le Maroc.
Une attaque directe et justifiée contre le sélectionneur portugais Fernando Santos, surnommé «l’ingénieur» pour des raisons que j'ignore encore. Ce n'est pas en nos joueurs que nous n'avions pas confiance, c'est en cet homme qui, je ne saurais vous dire comment, a réussi à se convaincre qu'il est irremplaçable depuis notre victoire à l'Euro 2016.
Et bien, cher Fernando Santos, vous vous êtes trompé. Que ce soit par ses qualités sportives, mais aussi ses qualités de leader, le réduire au silence a été votre plus grande erreur. Et votre égo, votre manque de considération et de respect envers l'homme qu'il a été pour le Portugal vous a fait défaut, à nouveau. Personne n'est irremplaçable. Et les événements survenus récemment dans votre carrière vous l'ont montré.
«Pleure, Portugal.» Alors que Lionel Messi est porté en triomphe par tout un pays, voici la une choisie par A bola, l'un des médias sportifs principaux du pays, au lendemain de la défaite. Mais comme l'a si bien dit Kaká: «Tes larmes appartiennent à tous ceux qui aiment ce sport et sont heureux de te voir sur le terrain, mon ami Cristiano».
Les médias – mais aussi les «fans» (se disent-ils) de football – n'ont cessé de l'humilier. Riant, critiquant et insultant celui qui en a inspiré plus d'un: «Il a quitté le terrain seul», « il n'a pas salué les fans ni ses coéquipiers», «Ronaldo fait la gueule sur le banc», «il ne se réjouit pas des buts marqués» (contre la Suisse). Car oui, tous ont participé à une véritable campagne d'acharnement visant à mettre à terre celui qui a tant donné.
Pelé, Lebron James, Kylian Mbappé, Vinicius Junior. La liste est longue, mais ce ne sont là que quelques exemples de ceux qui n'ont pas oublié. Et les plus de 27 millions de personnes qui ont aimé cette publication n'ont pas oublié non plus.
Alors oui, cela semble évident. Et oui, c'est dérisoire. Mais c'est un autre monde, auquel nous, simples moldus, n'appartenons pas. Et n'appartiendrons jamais. Suis-je déçue? Certainement, un peu. Il est vrai que ce n'est pas un choix que j'approuve. Mais, finalement, qui suis-je? Qui êtes-vous?
Lundi 9 janvier, le Portugal a annoncé son nouveau sélectionneur. Suis-je déçue? A nouveau, certainement un peu oui. Mais lui compte sur Cristiano Ronaldo, «il en fait partie», de cette liste de joueurs. «Il a 19 ans de sélection nationale, il mérite le respect», a-t-il dit.
Et s'il y a bien une chose que je sais, c'est que Roberto Martinez a raison sur ça.
Au Portugal, il y a eu un avant, un pendant et il y aura un après Cristiano Ronaldo. Avant lui, le Portugal n'avait remporté aucun trophée. Aujourd'hui, le Portugal c'est aussi un Euro et une Ligue des nations remportés. Et qu'on le veuille ou non, il a joué un rôle majeur dans ces deux réussites. Rien ne pourra effacer ce que Cristiano Ronaldo a accompli. Aucun titre, aucune statistique, aucune défaite et aucun «mauvais» choix ne pourra faire oublier cette fierté de l'avoir vu fouler la pelouse sous les couleurs du Portugal. De l'avoir vu marquer, crier, célébrer, rire et danser.
Alors pour toute la joie que tu as apportée au peuple portugais, pour tous les yeux que tu as fait briller d'espoir, d'amour et d'admiration, de tristesse et de rage, pour tout le dévouement dont tu as su faire preuve, merci Cristiano Ronaldo. Que ce soit la fin de ta carrière, ou pas, il n'y en aura jamais deux comme toi.