Le village olympique. C'est ce qui a fait défaut à la candidature suisse pour les JO d'hiver 2030, selon le Comité international olympique (CIO). L'instance déplorait l'absence de village dans le dossier helvétique. Pour cette dernière, un hébergement décentralisé de milliers d'athlètes dans différents hôtels ne correspond pas à l'esprit olympique.
Oui, le village olympique est considéré comme l'une des pièces maîtresses du méga-événement. C'est l'endroit où les principaux acteurs des Jeux se rencontrent, passent du temps ensemble ou tombent même amoureux. C'est par exemple là-bas que Roger Federer a fait la connaissance de sa femme Mirka, à Sydney en 2000.
Les Jeux olympiques 2024 d'été en France – le pays qui nous a ravi les JO 2030 – prouvent que la Suisse peut tout à fait jouer un rôle de premier plan en ce qui concerne ces villages d'athlètes puisque c'est un Helvète qui est en charge de celui de Paris l'été prochain.
Il est Vaudois, a 45 ans et s'appelle Laurent Michaud. Sa mission? Veiller à ce que les sportifs et leur staff se sentent bien dans leurs logements. 14'250 lits sont à leur disposition dans la capitale française. A cela s'ajoutent cinq autres hébergements sur les cinq sites de compétition extérieurs, de Marseille à Tahiti.
Actuellement, Laurent Michaud s'occupe en priorité de toute l'infrastructure du village olympique. Il développe et coordonne les différents services qui doivent parfaitement fonctionner dans sept mois. Le site sera opérationnel du 1er juillet au 11 septembre 2024. Il ouvrira officiellement ses portes le 12 juillet et les premiers athlètes y emménageront le 18. Dès cette date, Laurent Michaud et son équipe prévoient environ 2000 à 3000 arrivées par jour jusqu'à l'ouverture des Jeux le 26 juillet.
Le Romand, expert reconnu du tourisme et de l'accueil – il a travaillé pendant de nombreuses années pour le Club Med dans le monde entier puis pour Center Parcs en France – orchestre l'intervention de quelque 3000 professionnels du service. Parmi eux, 600 sont affectées à la restauration et 400 au ménage.
Laurent Michaud a entamé son mandat en mai 2020, en commençant par le design et le développement du site en Seine Saint-Denis, à environ 15 minutes du centre-ville. Le temps était compté pour transformer les installations existantes. C'est d'ailleurs un chasseur de têtes qui a choisi le Vaudois pour ce poste.
Le Nyonnais qualifie son activité de «job de rêve». Il faut dire que sa relation avec les JO est profonde et émotionnelle:
Il était aussi un fervent supporter de la candidature de Sion 2006. «Quand les Jeux sont partis à Turin, j'ai été très déçu», se souvient-il.
Laurent Michaud est passionné par les sports d'hiver. Dans ses jeunes années, il a d'abord travaillé comme moniteur de ski à Villars-sur-Ollon (VD), puis également dans le Colorado. Toute sa vie, il a été une sorte de globe-trotter. Même si ses journées de travail ne sont pas devenues plus courtes à Paris, le Romand affirme en souriant qu'il s'est quand même «un peu reposé» dans la Ville Lumière.
Ce qui le rend fier, c'est le concept de durabilité auquel le village olympique de Paris est attaché. Il s'agit de l'exemple type d'un «village d'athlètes du futur», même si les objectifs professionnels du directeur restent les mêmes. «Que devons-nous faire pour que les athlètes dorment bien, mangent bien, se sentent bien?» Ce challenge motive Laurent Michaud.
Ce village des JO 2024 sera installé dans des bâtiments existants. Auparavant, ceux-ci servaient par exemple de locaux d'entreprise, de studios de cinéma ou d'entrepôts. Après les Jeux, ils deviendront un quartier résidentiel écologique pour environ 6000 habitants, avec 3000 logements et de nombreuses boutiques. Le site est considéré comme un exemple de développement durable. Il est alimenté à 100 % par des énergies renouvelables. A cela s'ajoute l'objectif d'une stratégie zéro déchet et des sportifs qui se déplacent en transports publics.
Il n'y a pas de climatisation dans les bâtiments. Les chambres sont rafraîchies par un système de tuyaux dans les sols, dans lesquels circule de l'eau froide. Une grande attention a également été portée à l'étanchéité des maisons. «L'air frais reste ainsi dans les chambres malgré la chaleur», précise Laurent Michaud. Par ailleurs, 8000 nouveaux arbres ont été plantés sur le site. On sent de la fierté dans les propos du Vaudois.
Reste une question: que fera-t-il quand son contrat arrivera à échéance fin 2024? Il ne le sait pas encore. «Je suis actuellement très concentré sur mon mandat et je n'ai pas de projets pour la suite», confie le quadra. Et d'ajouter, après un court silence:
Mais avant ça, Laurent Michaud se concentre donc sur ses objectifs parisiens et la gestion de son équipe. «C'est un travail intense, témoigne-t-il. C'est important que nous puissions maintenir notre niveau d'énergie dans les mois à venir.» Car oui, comme les athlètes, le directeur du village olympique et ses collègues devront être au top de leur forme lorsque les Jeux commencent.
Adaptation en français: Yoann Graber