Hanspeter Betschart ne se laisse pas facilement déstabiliser. Ce médecin du sport de 38 ans ne cherche pas à faire une apparition remarquée, non plus, même s'il en aurait tout à fait le droit, puisqu'il a déjà une belle carrière derrière lui.
Médecin-chef de la Berit SportClinic, qui emploie environ 18 personnes, il est aussi Chief Medical Officer au sein de Swiss Olympic, une fonction qui va l'amener à diriger l'équipe de médecins et de physiothérapeutes lors des prochains grands événements olympiques -à commencer par les JO de Paris en 2024. Comme si ce père de deux enfants s'ennuyait sans un emploi du temps chargé, Hanspeter Betschart et son équipe organisent de surcroît l'assistance médicale dans différents sports et dans plusieurs clubs de Suisse orientale.
De fait, depuis plus de vingt ans maintenant, il est le médecin de la fédération de ski nordique, de bobsleigh ou de cyclisme, ainsi que du FC Saint-Gall, des handballeuses du LC Brühl Frauen et d'autres équipes régionales. Il est aussi le médecin de famille du fondeur Dario Cologna, qu'il a accompagné sur le plan médical pendant de nombreuses années de sa carrière. «Sans une bonne équipe autour de moi, tout cela ne serait pas possible», déclare Betschart en tout modestie.
S'il s'engage dans autant de missions, ce n'est pas parce qu'il ne saurait pas quoi faire d'autre, mais plutôt parce qu'il aime ce qu'il fait.
Le médecin ne considère jamais ses heures supplémentaires comme une contrainte. «Pour moi, c'est un métier de rêve», appuie-t-il avec conviction. Une profession comme un sacerdoce qui se lit comme une suite logique: le Saint-Gallois est issu de l'athlétisme, avec un accent mis sur la course de fond, et il vient d'une famille de médecins.
Son lien avec les JO s'est tissé lorsqu'il a fait la rencontre de Patrik Noack, médecin olympique suisse de longue date. Il n'a pas tardé à faire partie de la délégation de Swiss Olympic lors des grands événements: depuis 2014, il a ainsi été quatre fois médecin-chef lors des Jeux olympiques de la jeunesse et a également fait partie de l'équipe médicale à trois reprises lors des Jeux olympiques. Dernièrement, il était l'adjoint de Noack à Tokyo et à Pékin.
Depuis qu'il a été promu médecin-chef, son travail est un peu différent. Sept mois avant le départ pour les Jeux d'été de Paris, il est en pleine planification du personnel et du matériel. La formation du personnel médical est également un sujet important. En principe, les nominations de physiothérapeutes font toujours l'objet de discussions, car le nombre d'accréditations pour le personnel d'encadrement dans la délégation olympique est limité. Cela ne correspond pas toujours aux souhaits des athlètes. Même les stars du sport doivent donc faire des concessions et c'est Betschart, en dialogue avec Swiss Olympic et les fédérations, qui décide quel personnel médical sera du voyage.
L'anticipation des problèmes potentiels pendant le méga-événement est un sujet important. L'accent mis par les organisateurs parisiens sur la durabilité implique par exemple que les logements des athlètes renoncent aux climatiseurs traditionnels et utilisent un système de refroidissement d'un nouveau genre. Bien que Hanspeter Betschart et Swiss Olympic comptent sur l'expertise des organisateurs à cet égard, puisque les épreuves se disputeront en plein été (du 26 juillet au 11 août), il est conseillé de se pencher en détails sur de telles innovations dès la planification.
Même si Hanspeter Betschart «ne souhaite en aucun cas revenir à l'époque du Covid», l'isolement total des athlètes à Tokyo et à Pékin avait aussi ses bons côtés du point de vue médical. Ainsi, lors de ces deux olympiades, la délégation n'a enregistré pratiquement aucun forfait pour cause de maladie infectieuse. Une situation rare car d'ordinaire, le risque de contagion est toujours élevé lors des grands événements sportifs.
Lors des Jeux de Paris, l'accent sera mis sur l'expérience commune et la convivialité. Une très belle idée, même pour le médecin-chef de la délégation suisse, mais qui, d'un point de vue médical, augmente fortement le risque potentiel d'infection. Le danger est comparable à la situation de départ des JO de Rio 2016.
Hanspeter Beschart ne perd pas son calme pour autant. Il dit qu'il se réjouit beaucoup des Jeux. Il ne ressent pas de pression ou de nervosité, «notamment parce que la direction de Swiss Olympic me renforce beaucoup dans ma tâche. Je me sens prêt pour Paris.»
Adaptation en français: Julien Caloz