Les Jeux du Commonwealth peuvent paraître distants. Ils regroupent pourtant plus de 70 nations et des milliers d'athlètes tous les quatre ans.
L'événement n'a pas la carrure des Jeux olympiques, mais certains sportifs de renom en font toutefois un véritable objectif. Cela a souvent été le cas de Geraint Thomas. Porte-drapeau du Pays de Galles en 2022, lorsque la compétition se tenait à Birmingham en Angleterre, il s'était emparé lors de cette édition de la médaille de bronze du contre-la-montre individuel. Quelques jours auparavant, le coureur de la formation INEOS Grenadiers avait bouclé le Tour de France à une remarquable troisième place, derrière les ogres Vingegaard et Pogačar. Cela vous situe le bonhomme.
Si certains athlètes jouent le jeu, ce n’est pas le cas de tous. En 2022, de nombreuses stars brillaient par leur absence. La discipline phare qu’est l’athlétisme composait ainsi sans Kirani James, André De Grasse, Dina Asher-Smith ou encore Shelly-Ann Fraser-Pryce.
Mais les athlètes ne sont pas les seuls à bouder les Jeux du Commonwealth. Les villes candidates à l’organisation se font aussi de plus en plus rares. La dernière édition le prouve. Edmonton au Canada a retiré son dossier avant que Durban en Afrique du Sud n’abdique alors qu'elle était élue.
La situation est encore plus compliquée aujourd'hui. A un peu plus de deux ans de l'événement, on ne sait pas qui accueillera les 23e Jeux du Commonwealth.
Il y a d'abord eu un premier retard en 2020. Au moment d'élire la ville hôte, aucune candidature n'avait été reçue. Après de longues discussions, c'est finalement l'Etat de Victoria qui s'est dévoué en 2022 pour assurer la tenue des compétitions. Mais les Australiens ont fait volte-face un an plus tard. Ils ont préféré verser un important dédommagement à la Fédération des Jeux du Commonwealth (CGF) plutôt que d'accueillir les épreuves.
En ce début d'année, la Malaisie semblait porter les derniers espoirs de la CGF. Le pays se montrait intéressé par la reprise de l'événement par l'intermédiaire de sa capitale Kuala Lumpur. Après tout, la Fédération des Jeux du Commonwealth n'avait pas d'autres choix que de se montrer séduisante. La Malaisie aurait pu avoir carte blanche. On lui proposait de réduire l'ampleur de la compétition pour en maîtriser les coûts. La CGF se montrait même généreuse. Elle était prête à offrir 100 millions de livres au futur organisateur. Mais contrairement aux autres dossiers, abandonnés pour des raisons économiques, le récent refus de la Malaisie s'explique autrement.
Ces derniers jours, des discussions avec Singapour ont été établies. Mais une fois de plus, cela n'a abouti à rien. La cité-Etat d'Asie du Sud-Est ne sera pas le plan C. De ce fait, la Fédération des Jeux du Commonwealth pourrait bientôt envisager le report des épreuves d'une année. Elle doit toutefois faire face à un autre problème: l'édition 2030 du centenaire est également boudée. Il n'y a pour l'heure aucune candidature après le retrait de celle de l'Alberta, Canada.
Organiser un tel événement nécessite bien sûr des investissements conséquents, à hauteur de plusieurs milliards. Le fait est que les Jeux du Commonwealth ne sont pas aussi retentissants que les Jeux olympiques.
La compétition souffre également de son image. Certains l'associent à l'impérialisme britannique, à une époque où des nations cherchent à s'émanciper de la couronne. La Jamaïque et le Bélize, deux des 15 monarchies qui ont pour souverain Charles III, ont par exemple exprimé leur souhait de devenir une république, après le décès de la reine Elizabeth II. Une décision avant tout symbolique, mais qui en dit long sur la perception du Commonwealth.
Les candidatures restent aujourd'hui ouvertes, aussi bien pour 2026 que 2030. La Fédération des Jeux du Commonwealth peut néanmoins nourrir des inquiétudes. Elle devra sans doute à l'avenir transformer de manière radicale son événement, car si rien ne change, il pourrait être rapidement amené à disparaître.