A Nove Mesto, en République tchèque, Johannes Boe (malade) s'est décidé à prendre le départ de la poursuite. Mais samedi après-midi, il a avoué l'inavouable sur la télévision norvégienne TV2: le confortable leader de la Coupe du monde s'est soumis à trois tests Covid, dont deux étaient positifs.
Comble d'ironie, le biathlète norvégien Sturla Laegreid, le dauphin de Johannes Boe dans la course au gros globe de cristal, a été testé positif au Covid-19 et a, lui, déclaré forfait pour les épreuves de Nove Mesto.
Asymptomatiques, les frères Boe ont donc décidé de s'aligner. Depuis cet hiver, la Fédération internationale de biathlon (IBU) n'interdit plus le départ d'un biathlète testé positif au Covid-19.
Swiss Olympic avait d'ailleurs mis en place des scénarios pour le retour des athlètes de haut niveau à l'entraînement et aux compétitions. L'un d'eux, datant de mai 2022, explique qu'il est recommandé qu'un sportif, même asymptomatique, s'arrête cinq jours. Alors pourquoi la fédération norvégienne a-t-elle accepté de laisser les deux stars de la discipline prendre place sur la ligne de départ?
Le Dr Vincent Gabus, responsable du service de cardiologie du sport au Chuv, explique qu'il y a une évolution dans la compréhension du virus. Mais le maître mot reste la prudence: «On ne devrait pas laisser courir un athlète avec une infection virale active», lâche-t-il. Si Swiss Olympic est très restrictif avec les athlètes, le Dr Gabus se joint plus facilement aux méthodes plus laxistes appliquées aux Etats-Unis: «Selon les dernières recommandations américaines, si les athlètes sont asymptomatiques, après trois jours de repos, ils peuvent reprendre la compétition. Mais uniquement si le test est négatif, pour éviter la transmission du virus.»
En France, les cardiologues préconisent une semaine de repos après un test positif. Les cardiologues du sport alertent sur les risques de survenue d’une myocardite après une infection au Covid-19. Cette inflammation du muscle cardiaque peut causer beaucoup de dégâts, allant jusqu'à la mort dans le pire des cas. Le spécialiste du Chuv rappelle l'importance de protéger les coureurs, car un déclenchement de telles complications peut arriver tout de suite après une infection au Covid.
Un appel à la prudence comme pour rappeler que le Covid est encore là. Le Dr Gabus explique aussi que «selon les compétitions et les règles de certaines fédérations et pays, l'athlète peut-être interdit de participer. L'équipe peut également ne pas faire courir le sportif». Alors faut-il interdire de course pour éviter un hypothétique drame? Le Vaudois tempère: «Interdire, c'est un peu fort. En ce qui concerne la Suisse, on est dans un pays où nous discutons avec le coureur malade. Mais moi, j'aurais probablement conseillé de ne pas courir.»
Dans un sport où le coeur est mis à rude épreuve, où l'endurance est travaillée avec minutie, où le corps est proche de la saturation après un effort violent, le Covid est venu calmer les ardeurs de nombreux biathlètes. Les deux frères ont décidé de se reposer, après avoir concouru en République tchèque. Ils devraient faire leur retour à la compétition «au plus tôt dimanche» pour la mass start d'Östersund (Suède), a annoncé la Fédération norvégienne. Ils feront donc l'impasse sur le 20 km d'Östersund jeudi et sur le relais samedi. Deux épreuves auxquelles ils avaient prévu de participer.
Une situation qui fait écho aux (éternels) déboires de Novak Djokovic. Le Serbe essuie quelques soucis concernant son statut de non-vacciné. Faute d'une autorisation spéciale pour entrer sur le territoire américain, le numéro un mondial a dû renoncer à participer aux Masters 1000 d'Indian Wells et devra sûrement aussi faire l'impasse sur celui de Miami. Une histoire qui doit faire sourire les deux frères norvégiens.
Le Dr Gabus a encore un dernier message à faire passer: «Il est important de préciser que les sportifs de loisirs (pas seulement les athlètes) ne devraient pas non plus faire du sport avec une infection virale active.»