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Ski alpin: Alexis Monney a failli tout arrêter à 19 ans

Alexis Monney of Switzerland poses during a press conference of Swiss-ski federation at the Alpine Skiing FIS Ski World Cup in Wengen, Switzerland, Tuesday, January 9, 2024. (KEYSTONE/Jean-Christophe  ...
Le Fribourgeois gravit les échelons sans se brûler les ailes.Keystone

Alexis Monney, espoir du ski suisse: «J'ai failli tout arrêter à 19 ans»

Alexis Monney se profile comme l'un des leaders de l'équipe nationale de vitesse. Il revient sur sa saison, évoque son sport en pleine mutation et le moment qui a failli tout changer dans sa carrière.
01.04.2024, 18:5302.04.2024, 17:10
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Alexis Monney est en plein apprentissage, mais surtout en pleine ascension. A 24 ans, le Fribourgeois avance à pas de géant, emmagasine de l'expérience pour gentiment mais sûrement se glisser dans le top 7 mondial des descendeurs - avant que les podiums ne pleuvent dans un avenir proche.

Son jeune âge lui laisse espérer monts et merveilles, sachant qu'un spécialiste de vitesse arrive à maturité aux alentours de 30 ans. Rencontré au magasin Stöckli, à Saint-Légier (VD), avant d'aller batailler pour le titre national à Davos, le fils de Louis Monney, ancien coach dans les rangs de l'équipe nationale, incarne la force tranquille, parfois trop selon l'un de ses coachs, et pose un regard neuf sur un sport qui doit se renouveler pour ne pas péricliter.

Pour lancer cette interview, quel bilan tirez-vous de cette saison 2023/2024?
Alexis Monney: Je suis content. L'attente a été longue avant de lancer les hostilités, avec ces multiples annulations entre Zermatt et l'Amérique du Nord. Une fois la saison entamée, à Val Gardena, j’en voulais trop. Mais cette impatience a été une bonne leçon. Ensuite, lors de l’enchaînement des trois courses à Bormio, Wengen et Kitzbühel, j'ai très bien skié. Je dirais que là où j'ai manqué ma saison, c'était en super-G, à Garmisch, ou encore lors des épreuves à Kvitfjell. J'ai commis trop de petites fautes. Mais le ski est là et j’ai montré de bonnes choses lors de cette saison.

Diriez-vous que vous avez passé un cap cette saison?
J'ai fait des progrès, c'est certain. Si nous regardons les résultats et mes performances, je pointe à la 20e place mondiale du classement de la descente. J'ai surtout eu la sensation, cette année, de devoir moins prendre de risque lors de mes manches pour skier vite.

Si on jette un coup d'oeil dans le rétro, vous donnez l'impression d'être en difficulté lors de vos débuts de saison, comme si vous étiez à la recherche des bons réglages.
Je pense qu'il est surtout question de recherche de rythme et de trouver le bon état d'esprit dès la première course. Je pense qu'à force d'emmagasiner de l'expérience, je vais être tout de suite dans le bain.

En super-G, il y a eu des hauts et des bas. Vous avez même pris part à des Coupes d'Europe à Verbier. C'est une discipline qui vous pose problème?
Le super-G est très compliqué. On est obligé de skier à 100% sans réellement savoir comment les bosses vont décoller; c'est une discipline qui se construit beaucoup sur la confiance, plus que pour la descente. Une fois qu'on a fait une ou deux petites fautes, on lève inconsciemment le pied.

«Je pensais que j'allais être plus à l'aise cette année en super-G, mais j'ai été trop imprécis»
Alexis Monney

Si j'ai choisi de disputer des Coupes d'Europe, c'était pour garder le rythme de course. Il y avait une longue pause entre les épreuves de Kvitfjell et les finales à Saalbach. Et ces courses me permettaient de préparer la saison prochaine.

Préparer la saison prochaine en Coupe d'Europe?
La concurrence est féroce en super-G, dans les rangs suisses. Il y a sept Helvètes dans le top 30 mondial et Swiss ski ne peut aligner que huit athlètes à chaque course. Il fallait inscrire quelques points pour pouvoir s'élancer dans les 30 meilleurs lors de la prochaine saison de Coupe d'Europe (réd: Alexis Monney est 9e Suisse et 42e mondial).

Vous craignez de ne pas avoir votre place en Coupe du monde, lors de la prochaine saison de super-G?
Non. Et descendre d'un échelon ne me dérange pas. Je n'ai pas peur d'aller batailler en Coupe d'Europe pour m'offrir une place fixe (réd: un top 3 dans une discipline en Coupe d'Europe offre une place fixe en Coupe du monde). Il faudra surtout saisir les opportunités quand elles se présenteront.

Cela fait deux ans que vous évoluez au plus haut niveau: vous connaissez les terrains par coeur et vous disiez être plus en maîtrise en descente. Quelles sont les limites de votre potentiel?
Je ne vise pas trop haut à cet instant de ma carrière. Pour moi, finir dans les 30 du classement de la saison, c'est très bien, surtout à mon âge. Si c'est mieux, ce n'est que du bonus. Et concernant mon potentiel, un nouvel entraîneur (Michael Gufler, un Italien) est venu vers moi, lors de la préparation estivale. Il m'a dit: «il faut que tu en mettes plus». Pour lui, visuellement, ça paraissait trop facile. Moi, sous le casque, je suis à 100%. Si je vous dis que je skie tranquille, c'est en termes de risque, mais l'intensité est à 100%.

«Aujourd'hui, je ne sais pas où j'en suis avec mon potentiel»

Après votre titre de champion du monde junior en descente et les paroles de Walter Reusser (réd: "ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne tutoie les sommets"), est-ce difficile pour vous de sentir cette pression?
(Il sourit) C'est une phrase très souvent utilisée et souvent recyclée. Moi, ça ne me met pas forcément de pression. Cette phrase de Walter Reusser, c'est plutôt une source de motivation supplémentaire. Mais elle peut faire beaucoup de mal si elle est adressée à certains athlètes.

En échangeant avec vous, vous apparaissez d'un calme olympien. Ce calme apparent est-il feint?
Non, je suis réellement comme ça. Depuis mon titre de champion du monde junior en descente, j'ai réappris à skier pour moi, pour mon plaisir, sans me mettre de pression.

Vous dites: «J'ai réappris à skier pour moi». Vous pouvez développer?
La saison précédant mon titre de champion du monde junior, je me demandais si je voulais continuer le ski. Je penchais plutôt pour arrêter. Je n'avais plus de plaisir, je n'avais plus de bonnes sensations. Mes parents ont réussi à me mobiliser à nouveau.

Il y a eu beaucoup de discussions à la maison?
Mes parents ne m'ont jamais poussé à faire du ski. Un jour, ils me parlaient de la saison à venir. J'ai répondu qu'il fallait que je réfléchisse. Je pense que cette réponse a été difficile à entendre eux.

C'était à quel moment de votre carrière?
Lors de la saison 2019/2020. J'avais 19 ans. ​

Ce manque de plaisir est lié à un facteur, à un coach, par exemple?
Un coach en particulier, que je ne citerai pas.

Switzerland's Alexis Monney speeds down the course during an alpine ski, men's World Cup super-G, in Kvitfjell, Norway, Sunday, Feb. 18, 2024. (AP Photo/Gabriele Facciotti)
Alexis Monney dans les airs.Keystone

Skier sur la même marque que Marco Odermatt permet d'avoir les mêmes réglages, ou les athlètes travaillent chacun dans leur coin?
Oui, je profite des mêmes réglages que lui. En fait, on n'a pas beaucoup de modèles à disposition. On a deux modèles de descente et deux de super-G. Nos servicemen respectifs collaborent sur les courses. Marco Odermatt en a deux, et moi je partage un serviceman avec Marco Kohler. Les trois ensemble, on peut tester plusieurs farts, des structures et des semelles différentes.

Vous avez testé beaucoup de matériel cette saison?
Stöckli a fait beaucoup de tests concernant les farts pour trouver la perle rare. Lors des entraînements, cette année, nous avons rarement skié le même modèle. Et si l'un des skieurs voulaient skier sur le même modèle que l'autre, c'était tout à fait possible. On sait qu'à Kitzbühel et Bormio, il y a un modèle qui fonctionne. A Wengen, on peut skier les deux modèles et à Val Gardena ou Beaver Creek, c'était le deuxième modèle qui fonctionnait.

Zermatt ne va pas être au programme l'an prochain. Selon vous, cette course a de l'avenir?
L'idée était bonne. Il nous faut des nouveautés dans le monde du ski actuel. Il faut que le marketing entre en ligne de compte dans notre sport. Autrement, il va mourir à petit feu. Ensuite, il faut trouver les bons endroits, les bonnes pistes.

«A Zermatt, la Gran Becca était selon moi trop facile pour une piste de Coupe du monde»

On ne perçoit pas une grande déception dans vos paroles de voir Zermatt disparaître du calendrier...
Personnellement, non, pas vraiment. Après, cela reste une course en Suisse, la famille peut se déplacer, il y a les fans qui sont plus nombreux. L'idée était bonne et il est possible d'améliorer cette étape pour la rendre attractive.

Les épreuves de Lake Louise, au Canada, n'étaient-elles pas la solution la plus adéquate pour lancer la saison de vitesse?
Je trouve, oui. Tout d'abord, il n'y a pas de battage médiatique et il y a peu de spectateurs. C'est plus facile de lancer la saison ainsi. Tout le petit monde du ski se retrouvait sans pression extérieure. Et la piste était toujours bien préparée et top pour lancer la saison. Les conditions sont toujours meilleures en Amérique du Nord en début de saison.

Beaucoup de coureurs se sont plaints du calendrier. Que pensez-vous de doubler les courses mythiques commes la Streif et le Lauberhorn?
On perd du mythe. Personne ne peut dire le contraire. Mais je vais peut-être me répéter, mais le marketing est à prendre en considération, car deux courses à Kitzbühel engendrent plus d'argent. Avec deux descentes sur la Streif, la FIS et les organisateurs encaissent plus d'argent au lieu de faire un super-G et une descente.

Que répondre à Michel Vion, lorsqu'il rétorquait à Marco Odermatt (réd: après des critiques sur le rythme des courses) de gommer des épreuves de son calendrier s'il est fatigué?
Si nous comparons avec le cyclisme, les premières courses sont au mois de janvier et les dernières se déroulent fin octobre. C'est plus étalé que le calendrier de la Coupe du monde de ski alpin. Nous, la saison démarre fin octobre et elle se clôt fin mars, les courses s'enchaînent chaque week-end. Par exemple, si nous avions le même système que le tennis, avec une graduation différente des tournois, nous pourrions peut-être voir des skieurs se ménager comme le font des tennisman. Mais dans le système actuel du ski, les paroles de Michel Vion ne sont pas correctes.

Johan Eliasch cherche à tout prix à étendre le ski, en tentant de draguer le marché américain, mais que doit améliorer le ski alpin pour aller chercher de nouveaux fans?
Le ski doit se moderniser. Quand on regarde les graphiques lors des courses de MotoGP, en direct, le ski alpin a 10 ans de retard. Mais je peux concevoir que c'est très compliqué de mettre en place.

«Les skieurs ont un peu peur de la modernité et de perdre l'esprit du ski tel qu'on connaît aujourd'hui»
Alexis Monney

Mais graphiquement parlant, il y a une avancée et les prises de vue avec les drones ont amené une réelle plus-value pour le téléspectateur.
Oui, c'est sûr. Ceux qui ne sont pas des suiveurs assidus du ski alpin adorent les plans avec drone. Mais le vrai fan de ski n'aime pas trop. Avec les caméras fixe, il est plus facile d'analyser les erreurs ou de voir les différences de vitesse entre les différents concurrents.

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