Sepp Brunner, le chef des descendeurs autrichiens, se plaignait du maigre réservoir de talents dans les rangs de la fédération autrichienne (OSV). «Nous sommes loin derrière la Suisse», se lamentait-il, après les premières descentes de la saison. Brunner profitait de rappeler cette guéguerre qui s'installe lors de la préparation, avec la mise à disposition de pistes pour s'entraîner durant la période estivale. «Avec leurs glaciers, ils ont aussi des possibilités d'entraînement complètement différentes, ce qui n'est plus possible chez nous», complétait le coach, qui a aussi officié chez Swiss Ski auparavant.
Marko Pfeiffer, le grand chef du ski autrichien, parlait même d'une «sous-performance» de ses protégés. Si Manuel Feller est le solide leader du classement général du slalom, que Dominik Raschner performe aussi au milieu des virages courts, en vitesse, la mayonnaise n'est pas tout à fait pareille.
Le vide laissé par Matthias Mayer pèse lourd dans la Wunderteam et les héritiers ne se bousculent pas au portillon. Le trou est béant cette saison: Stefan Babinsky est le seul à garder la tête hors de l'eau, à l'instar de Raphael Haaser, lui qui ne s'aligne qu'en super-G. Pour le leader de l'armada autrichienne, Vincent Kriechmayr, son début de saison n'est pas mauvais (une victoire en super-G à Val Gardena), mais ses performances sont en dents de scie.
Outre ces noms, l'équipe autrichienne manque cruellement de coureurs capables de régater tout devant. Tout le contraire des jeunes coureurs helvétiques qui commencent à s'affirmer.
Le compte Instagram de la FIS l'a bombardé «Weekly Warrior» à la suite de son très bon week-end à Bormio. Il faut le dire: le début de saison de Marc Kohler est pour le moins épatant. Vainqueur l'an dernier du classement général de la descente de la Coupe d'Europe (qui lui vaut une place fixe en Coupe du monde), il s'est hissé à la 8e place de la première descente de Val Gardena. Une performance qui a été suivie par une excellente 10e place à Bormio, sur une difficile Stelvio qui semble lui plaire. Le skieur de Brienz (BE), qui confie «être accro à l'adrénaline», en a rajouté une couche en réussissant un super-G solide, avec une 13e place à la clé le lendemain.
Tout n'a pas été comme sur des roulettes pour l'athlète de 26 ans. Il revient de loin, après de nombreuses blessures contractées. En 2020, il était même proche de mettre la flèche, fatigué d'être freiné par les pépins physiques.
A présent, le Lauberhorn se profile, une piste qui lui a valu une grosse cabriole en 2020 et laissé un corps particulièrement meurtri. Or il lui fallait conjurer le sort, mais la poisse lui colle aux spatules: encore 7e à la mi-course, Kohler a perdu l'équilibre sur une bosse à près de 140 km/h. Les nouvelles sont peu réjouissantes: le ligament croisé antérieur, le ménisque interne et une élongation du ligament interne du genou droit.
L'ancien champion du monde juniors continue son apprentissage de descendeur. Une trajectoire linéaire et une progression qui enverra (à coup sûr) le skieur de Châtel-Saint-Denis sur le devant de la scène.
Agé de 23 ans, le Fribourgeois, après une très bonne saison 2022/2023, avec une 11e place sur la Streif et une 10e sur le Lauberhorn, s'est fait également l'auteur d'un très bon week-end à Bormio, avec une 13e place en descente et 20e en super-G. Jeudi, lors de la première descente (raccourcie) de Wengen, Monney a de nouveau fait étalage de son talent, terminant 12e.
Solide et désormais installé dans la hiérarchie mondiale des épreuves de vitesse, Alexis Monney est à coup sûr l'une de nos pépites pour les prochaines saisons.
Lors d'un entretien pour le site de Swiss-Ski, le Bernois Franjo von Allmen expliquait que son objectif était de figurer dans le top 30 régulièrement. Lors du premier week-end de vitesse à Val Gardena, le vice champion du monde juniors de descente et de super-G a compilé un 9e et 12e rang. Sur un Lauberhorn raccourci, le Bernois a réussi un excellent 14e rang, malgré une manche stoppée (Son coéquipier Kohler étant tombé juste avant), un voyage en hélicoptère et un nouveau départ. Von Allmen ne s'est pas laissé déconcentré.
Du haut de ses 22 ans et coiffé de son casque vert, le bougre a un gros potentiel sur les lattes. 1m83 et 93 kg sur la balance, son fin touché de neige et ses facultés de glisseur font de lui un futur taulier de l'équipe de Suisse de vitesse.
Le Martignerain de 25 ans n'est pas du genre à lâcher, confessant même que son chemin de sportif de haut niveau «n’a de loin pas ressemblé à un long fleuve tranquille». Après de nombreuses blessures au compteur (dont une sévère au genou en 2020) et un choix entre le vélo et le ski, Arnaud Boisset est en passe de s'installer dans le top 30 mondial en vitesse. Le Valaisan, spécialiste de super-G, a inscrit quatre fois des points en cinq courses disputées. Actuellement, il occupe une excellente 22e place au classement général du super-G, signe d'une belle régularité.
Lui qui a pour modèle l'ancien champion américain Bode Miller, le Valaisan est en train de passer un cap et s'installer sur la durée dans le gratin mondial des descendeurs, à force d'expérience et de kilomètres avalés. Surtout que son potentiel ne semble pas avoir été pleinement exploité, après ses pépins physiques.